Vanessa Malato, Aldo's Italian Street Food

Restauratrice

Faire du problème une opportunité

14/10/20

Aldo's Italian Street Food, c'était le rêve de la Liégeoise Vanessa Malato. Élevée autour des grandes tablées du Sud, elle a donné à son entreprise une chaleur et un enthousiasme uniques.

Isabelle Morgante

L'histoire de Vanessa Malato, c'est celle de l'immigration italienne, avec cette volonté de ne jamais se reposer sur ses lauriers, en prouvant qu'on est capable du meilleur. Née en Cité ardente il y a 40 ans, Vanessa est secrétaire de formation mais ce qui lui plaît, c'est la cuisine : les repas du dimanche midi, la sauce ragù qui mijote longtemps et les relations familiales tissées devant les fourneaux.

"À 18 ans, mon père est arrivé en Belgique depuis la ville sicilienne de Syracuse. C'était il y a 44 ans, il venait en vacances à Liège chez son frère qui travaillait en Belgique. Il a rencontré ma maman et n'est plus reparti", explique-t-elle.

La famille s'installe, s'enracine en Belgique. Vanessa grandit et effectue les mêmes études de secrétariat que sa cousine Joëlle, qui l'aide aujourd'hui dans son entreprise. C'est un bel atout dans l'administration quotidienne, mais l'intérêt pour la matière ne dépasse pas celui porté à des pâtes trop cuites.

Une fois diplômée, Vanessa travaille d'abord dans le secteur de la vente de vêtements puis de lingerie avant d'être maman une première fois et de s'accorder une pause carrière. Un second enfant naît, ces temps de retrait hors du circuit du travail lui permettent de faire mûrir son projet de restauration.

"Je me suis aussi occupée des papiers de l'entreprise de mon mari mais clairement, le secrétariat, ce n'est pas pour moi. Je n'ai jamais été faite pour ça ! Par contre, la cuisine et tout ce qui se passe autour, c'est ma culture, j'ai même envie de dire que c'est dans mes gènes."

Il faudra, cela dit, attendre encore un peu de temps et la fin d'une mission de gardienne d'enfants dans une école de la Basse-Meuse liégeoise pour finaliser et concrétiser le projet Aldo's Italian Street Food.

"Cette période de ma vie, où je suis devenue “Madame Vava” pour les enfants, a été une vraie bouffée d'oxygène, un choix de ma part. J'ai pris des responsabilités au sein de la structure scolaire et mis en place un système de goûter pour les petits. Les parents étaient ravis de voir leurs petits manger de bonnes choses. Cela a aussi été pour moi l'occasion de confirmer mon projet et de le porter à maturité."

Avant et après la crise

Vanessa prend congé de l'école en avril 2019. "Depuis 2017, nous avions acheté du matériel horeca d'occasion avec mon mari, et entreposé celui-ci dans un local qu'il possédait à Liège. C'est là que nous avons ouvert notre première enseigne Aldo's Italian Street Food en juin 2019. Il y avait Joëlle, deux étudiants et moi mais nous avons peiné à convaincre les clients. La rue de Campine est une voie de transit hyper urbaine et le parking y est compliqué. Malgré la publicité faite autour de nous et les très bons commentaires des clients sur les réseaux sociaux, le commerce démarrait difficilement et nous jetions énormément de produits frais. D'ailleurs, cette période nous a beaucoup appris, et nous ne commettons plus les mêmes erreurs. À la rentrée 2019, j'avoue que j'étais un peu découragée. Ce n'est pas très motivant de donner beaucoup de soi-même et n'avoir quasi rien en retour. Et puis, en s'accrochant, nous avons fait le gros dos et reçu des commandes pour des buffets, de quoi ne pas baisser les bras", analyse la cheffe d'entreprise.

Vient alors le coup de pouce. Un ami remarque qu'un local commercial est disponible autour d'un centre commercial de la périphérie liégeoise. Il en parle à Vanessa et son mari. Le couple rencontre les gestionnaires, le contact est très bon. L'aventure commence… mais dérape sur le sol enneigé du marché de Noël 2019 : pas assez de monde. La désillusion est le cadeau indésirable des étrennes.

C'est un nouveau coup dur mais qu'à cela ne tienne, janvier et février seront mis à profit pour réaliser des travaux dans le local commercial. Rénovation, aménagement, personnalisation. "Nous avons ouvert un mois et puis ce fut la crise sanitaire. Aujourd'hui, fort heureusement, ça reprend et c'est vraiment important car nous avions l'impression de travailler pour rien, de nous investir pour du vent. Finalement, l'obligation de fermeture nous a permis de souffler, de prendre du recul et de remettre les pendules à l'heure, pour mieux redémarrer." La reprise a sonné début juin, dans une ambiance que l'entrepreneure qualifie de respectueuse et responsable des clients, qui ne rechignent pas à laisser leurs coordonnées et acceptent les règles d'hygiène et de distanciation sociale.

Véritablement, cette parenthèse a servi à recharger les batteries et à élaborer de nouveaux projets. En effet, aux "cups" de pâtes fraîches (concoctées rue de Campine) disponibles avec huit sauces différentes et aux desserts maison, s'ajoute le tacos à l'italienne. Il s'agit d'un wrap composé de produits frais : pâtes, sauce, fromage et légumes. Il est vendu au prix de 5 euros. Un produit d'appel qui devrait permettre d'élargir la clientèle.

"La période de confinement a été particulière et étrange car nous avons vu les factures s'accumuler et notre trésorerie fondre comme neige au soleil. Mais plutôt que de se laisser abattre, nous avons décidé d'aller de l'avant et de voir le souci sous un autre angle, pour le transformer en opportunité. Le sourire est revenu", conclut-elle.

Votre accompagnement Secrétariat social UCM

Le gestionnaire, un partenaire

C'est Christophe Tonglet qui gère le dossier de Vanessa au Secrétariat social UCM à Liège.

À l'écoute des chefs d'entreprise depuis presque onze ans, il a un portefeuille de clients qui comprend la gestion de près de 500 travailleurs.

"Je suis le dossier d'Aldo's Italian Street Food depuis le début des activités et le moins que l'on puisse dire est que madame Malato gère vraiment très bien l'administration de son entreprise. Au début, elle était un peu stressée, il faut l'avouer, mais elle a gagné en confiance de manière remarquable. Aujourd'hui, le dossier roule parfaitement. Si je l'entendais et la lisais souvent au début, le rythme a sensiblement diminué et l'amélioration au sens administratif est considérable."

Et de conclure : "J'adore mon métier, je suis conscient de l'importance du contact client, et c'est pour des entrepreneurs comme elle que je me lève le matin. J'aime demander des nouvelles aux clients d'UCM, je fonctionne à l'affectif et à l'exigence du client. Ce n'est pas pour rien si certains d'entre eux m'envoient des mails de remerciement ou même des photos de leurs vacances !"

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