Valérie Degrijse a été judokate, militaire, enseignante… et a trouvé le bonheur dans l'horeca. Cette jeune cheffe d'entreprise n'est pas au bout de ses projets, individuels ou partagés.
Elle a 37 ans, est indépendante sur le territoire de la commune de Modave et, comme les chats, a déjà vécu quelques vies bien remplies. D'abord celle d'une sportive de haut niveau, spécialité judo. Issue d'une famille attachée aux chiffres – ses parents sont experts-comptables – et fille unique, Valérie la Brabançonne trouve dans le judo une expression et une quiétude qui lui permettent de traverser sans encombre les difficiles périodes de l'adolescence et de l'éloignement de sa famille, compétitions obligent.
Diplômée en éducation physique en 2003, elle occupe un premier poste d'enseignante et cumule avec ses activités de judokate ainsi que des cours de fitness dans une salle. "Le judo m'a appris à me battre dans la vie, à gérer la pression, c'était très utile quand on est en décalage complet par rapport aux jeunes du même âge. Je ne sortais pas le week-end puisque j'avais des compétitions mais ce n'était pas grave, je vivais pour ma passion du judo", se souvient-elle.
Très vite, les efforts paient. Valérie devient élite des moins de seize ans, dans l'équipe nationale et commence à voyager, là où les compétitions l'emmènent et où les médailles se succèdent.
Être proche des gens
"De l'enseignement du sport, je suis arrivée au sein de l'armée pour y accomplir mon service militaire “volontaire”. J'étais casernée à Eupen et m'entraînais avec des para-commandos, ce qui n'était guère facile mais j'ai réussi à y faire ma place. Au point que je suis devenue la première femme “top sport” au sein de l'armée belge. L'armée, c'est une leçon de vie et un travail d'équipe, bref l'inverse du judo qui est un sport solitaire." En 2006, tout s'écroule : une judokate cubaine arrache l'épaule de Valérie lors d'un combat. Cet accident de tatami met un terme à sa carrière, à seulement 24 ans. Elle subit deux opérations qui nécessiteront une revalidation pendant un an.
"J'ai pris la décision d'arrêter l'armée sur-le-champ car cela me rappelait trop le judo. Je ne parvenais pas à prendre du recul. J'étais entrée dans ce sport comme en religion, faire autre chose était inconcevable", constate Valérie.
Il faudra malgré tout ouvrir un nouveau chapitre. Ce sera celui de l'animation sportive au sein de la Ville de Herstal. L'aventure durera sept ans.
Le philtre de l'amour vient en ajouter une couche et fait entrer Valérie dans la grande famille des forains, en région liégeoise. C'est d'ailleurs par cette entremise qu'elle entamera sa vie de cheffe d'entreprise. "Une personne de la famille de mon compagnon remettait une friterie à Strée. Le comble, c'est que je n'avais jamais mangé une seule frite à cause de mon régime sportif et ne supportais pas l'odeur de la graisse… mais j'ai saisi l'opportunité ! Une étude de marché a tout de suite mis les atouts en évidence puisque pas moins de 9.000 véhicules empruntaient alors la route de Strée, passant devant la friterie. Aujourd'hui, le chiffre est monté à 14.000. C'est là où j'ai décidé de devenir indépendante à titre principal, l'ayant déjà été à titre complémentaire car j'avais vendu des assurances."
Nous sommes en juillet 2014, Happy Frites est né. Valérie est seule dans son commerce, qu'elle ouvre six jours sur sept. Elle ne prend aucun congé pendant deux ans. Cet engagement professionnel lui coûtera d'ailleurs son couple à l'époque.
L'ère du foodtruck
Redevenue célibataire, Valérie rencontre Grégory en 2016. C'est un client de la friterie, il devient son associé et son compagnon. Le jeune homme est aussi chef d'entreprise. Leur binôme est basé sur le travail et le dépassement de soi. En 2017, ils saisissent l'opportunité d'acheter une petite remorque pour participer à des événements. Un véhicule qui sera revendu pour acheter le premier foodtruck et officialiser Happy Frites sur les routes et les grands rendez-vous de la région. Mais pas seulement. "Nous nous déplaçons pour les anniversaires, les brocantes ou encore les festivals. Nous avons engagé une ouvrière qui tient la friterie de Strée pendant que nous allons en extérieur. Notre couple, c'est le foodtruck et inversement. Nous travaillons évidemment dans la province de Liège mais bien au-delà, nous avons pris part à des festivals aux quatre coins de la Wallonie." À ce propos, Valérie lancera très prochainement une nouvelle gamme gastronomique dans le foodtruck, en collaboration avec le chef Nicolas Corman, de l'Hostellerie de la Poste à Hamoir.
En 2018, la trop forte demande contraignant Valérie et Grégory à refuser plusieurs événements programmés le même soir (ils ne disposent hélas pas du précieux don d'ubiquité), l'achat d'un second foodtruck s'était imposé. Ce camion a depuis été revendu… au profit de l'acquisition de la friterie fixe du terrain de football de Mons-lez-Liège (Flémalle). Vieillotte voire même vétuste, elle a été très avantageusement remplacée par l'aménagement d'un container maritime, pour lequel une personne est embauchée. Un emplacement stratégique en vue de l'arrivée, à moyen terme, de l'ensemble des entraînements des clubs de football de la commune. Soit autant d'estomacs creux et affamés à remplir…
Et puisque ça ne suffisait pas et que dans une journée, il y a tout de même 24 heures, Valérie est aussi conseillère communale (dans l'opposition). "Je trouvais que les autorités communales n'étaient pas assez proches de la population, justifie-t-elle. J'ai fait ça pour aider les gens." Un peu saint-bernard dans l'âme, Valérie œuvre déjà en faveur de son prochain, en offrant de la marchandise aux clients quand elle est à la veille d'une fermeture de plusieurs jours, ou en écrasant les prix des barquettes de frites pour les séniors de Modave. "Je déteste le gaspillage, jeter m'énerve. Je préfère donner et faire plaisir."
Enfin, à l'exploitation de deux friteries fixes et d'un foodtruck, s'ajoutera dans les prochains mois un autre projet : la rénovation d'un bâtiment, proche du Pont-de-Bonne, comprenant actuellement une friterie et un café. Jusqu'au prochain challenge car, manifestement, cette jeune cheffe d'entreprise n'est pas au bout de son capital créatif et entrepreneurial.
Carte d'identité de l'entreprise
Happy Frites
route de Strée 10 4577 Strée (Modave)
0478/48.10.58
Emploisdeux ouvriers et trois étudiants (en plus des saisonniers)
Forte de son expérience du foodtruck, Valérie Degrijse va bientôt donner des cours au centre de formation Horeca Wallonie de Jambes pour transmettre son savoir-faire.
Le second port d'attache de Valérie et Grégory : une friterie dans un container maritime, au pied des terrains d'entraînement de football de Mons-lez-Liège.
Happy Frites est une belle entreprise. Elle transforme chaque semaine plus d'une tonne de pommes de terre, notamment dans le foodtruck.
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