Socabelec, de Ham-sur-Sambre, a conçu et commercialisé le "swabbing robot" qui révolutionne les étapes de fabrication des bouteilles de verre. Procédé unique, il est exporté dans le monde entier.
Socabelec a été portée sur les fonts baptismaux en 1965. Spécialisée dans l'électricité et la robotique industrielle, la PME namuroise a d'abord développé ses activités quasi exclusivement en Wallonie, avec quelques incursions en Flandre. Mais pas au-delà, peut-être vu la position idéale que lui offrait jadis ce bassin verrier, lui apportant suffisamment de rayonnement. "Très longtemps, la région a regroupé la plus forte concentration de production de verre plat (table, vitre ou vitrage automobile), au contraire du verre creux", résume le CEO de Socabelec, Marco Veri.
Le verre creux, ce sont notamment les bouteilles, dont une des étapes de fabrication, le pistonnage (ou "swabbing"), est particulièrement délicate. Elle intervient quand les gouttes de verre en fusion sont projetées dans le moule qui va façonner la bouteille. Ce moule doit être régulièrement huilé afin de répondre aux critères de production et de qualité, l'opération étant confiée à un ouvrier. C'est un processus qui présente des risques à la fois de brûlures, mais aussi d'inhalation de fumées, sans compter les pertes matérielles et le ralentissement de production en cas de souci.
En 2011, un des leaders mondiaux du verre creux est à la recherche d'un procédé qui permettrait de sécuriser le pistonnage. Le groupe irlandais prend alors contact avec Socabelec, qui relève le défi et obtient le marché, au détriment d'un concurrent japonais. Il aura fallu plus de 18 mois au bureau de recherche et développement de Socabelec pour présenter un robot, déjà opérationnel à 100 % dès sa présentation. Nous y reviendrons. Un marché providentiel, qui ouvre la voie à la résurrection de l'entreprise namuroise. Car lorsque la crise explose en novembre 2008, c'est tout un pan de l'industrie qui s'effondre. Du jour au lendemain, le téléphone arrête de sonner, les commandes n'arrivent plus, Marco Veri doit changer son fusil d'épaule. En avril 2009, le carnet de commande est désespérément vide ! "Nous avons traversé cette crise en instaurant des pauses carrière, avec mi-temps, au sein de notre personnel. Nous avons aussi adapté les horaires puis signé une convention collective de travail qui prévoyait treize semaines de chômage contre une semaine de travail. En signant une convention de chômage économique pour les employés, nous avons adapté et innové dans le domaine du cadre social, avant d'également repenser les secteurs d'activité... uniquement pour faire le gros dos et attendre que l'orage passe", se souvient le CEO.
Restructurer
C'est alors qu'il a aussi fallu piocher dans les ressources encore non exploitées, comme les marchés publics pour lesquels Socabelec avait déjà les agréations mais ne les avait jamais utilisées. D'une commande à l'autre, petit à petit, le climat est redevenu plus serein, sans toutefois retrouver le niveau d'avant la crise.
Marco Veri est à la manœuvre de ce tournant décisif. Arrivé chez Socabelec en 1987, l'ingénieur industriel fraîchement diplômé avait (pour l'anecdote) consacré son mémoire à un programme robotique dont la trajectoire était contrôlée par une caméra, un sujet futuriste pour l'époque mais révélateur des tendances actuelles. Ce Hennuyer d'origine a toujours été intéressé par les nouveautés technologiques, le but étant de repousser les limites. Travailler dans une entreprise d'automatisation était pour lui une évidence.
"À mon arrivée, l'entreprise en était au tout début du processus d'automatisation, même si l'humain reste et restera toujours indispensable au bon fonctionnement de la structure. C'est à cette époque que nous avons créé un département de programmation car nous étions persuadés que la croissance de la PME était possible." Celui qui a gravi les échelons de la société pour en devenir CEO en 1997 a traversé une première crise en 1993, quand il dirigeait le département commercial et l'ingénierie. Il pointe, à propos du climat tendu, la représentation syndicale au sein des PME. "Très clairement, je pense que les PME ne doivent pas suivre le même modèle syndical que les grandes entreprises. Quand une mesure est appliquée dans une PME, c'est toute l'entreprise qui est par terre. Je ne peux pas envisager les choses de cette manière. Oui à la délégation, mais autrement."
Autre sable mouvant pour Marco Veri : l'indexation des salaires, dont il n'approuve pas la logique actuelle. "Aujourd'hui, il suffit de vieillir pour voir son salaire augmenter. C'est une mauvaise formule pour moi. Je pense qu'il faut indexer selon les revenus et une grille barémique, l'index ne doit pas être le même pour tout le monde."
Socabelec compte à ce jour 34 équivalents temps plein (ETP) dont deux techniciens engagés en décembre dernier, respectivement de 50 et 60 printemps. "Nous les avons intégrés dans nos rangs pour leur expérience et la richesse qu'ils pouvaient apporter au reste de l'équipe. La moyenne d'âge est de 40 ans dans le département d'électricité industrielle, et aux alentours de 33 ans dans la robotique."
L'avenir
Forte de ses expériences, Socabelec est donc depuis 2013 sur le devant de la scène technologique grâce à son "swabbing robot", qu'à présent elle commercialise et exporte. Depuis sa création, il a séduit plusieurs grandes entreprises internationales. Une trentaine de robots Socabelec sont déjà présents dans une quinzaine de pays, et au-delà des mers comme en Australie, en Thaïlande, aux États-Unis ou au Mexique.
"La plus grosse concentration de nos robots – soit une dizaine – se trouve en Angleterre. En juillet, nous en aurons placé neuf là-bas, et à la fin de l'année, nous devrions atteindre une soixantaine de robots. Nous avons déjà des commandes pour 2020 et 2022", annonce Marco Veri. Aujourd'hui, l'entreprise est en train de reconquérir ses lettres de noblesse et le marché mondial, dans un secteur où elle présente un modèle unique en son genre.
Et les bonnes nouvelles ne sont pas terminées puisqu'en plus d'une exportation de plus en plus soutenue, Socabelec a non seulement réorganisé l'atelier d'assemblage mais est aussi en train de créer un centre de formation au "swabbing", à destination tant du personnel Socabelec que des clients acquéreurs du robot. Le centre ouvrira à la fin de ce mois de mars. "C'est au sein même de notre PME que les cours seront dispensés. Nous avons reproduit dans notre centre de formation une installation telle que nous la livrons aux clients. C'est un coût important – 300.000 euros – mais cela permet de provoquer une série de pannes contrôlables, qui seront forcées en atelier, pour que les agents de maintenance du client puissent agir ensuite en quasi-autonomie si cela se produit chez eux. La formation est prévue à hauteur de deux séries de trois jours par semaine." Parallèlement au centre de formation, Socabelec va bientôt proposer un contrat d'assistance et de maintenance, couplé à l'achat du robot. Il s'agira, en quelque sorte, d'un service après-vente "all inclusive" qui devrait générer de sérieuses économies d'échelle pour les futurs propriétaires du "swabbing robot".
Enfin, le Brésil est en ligne de mire de la PME namuroise, comme l'ensemble du marché latino-américain.
L'atelier de Socabelec vient d'être repensé et, dans quelques jours, un centre de formation s'ouvrira au personnel de maintenance des robots produits dans l'usine namuroise.
Marco Veri, CEO de Socabelec et père du "swabbing robot", a le sourire. Le produit des recherches de sa PME est aujourd'hui exporté dans une quinzaine de pays.
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