Philippe Bastin a entrepris une première fois, puis a chuté. Lourdement. Aujourd'hui, son entreprise est citée en exemple et fête ses vingt ans. Elle lui a permis de voir la vie autrement.
Isabelle Morgante
La ligne élancée, l'œil vif et la mèche au vent, Philippe Bastin (57 ans) nous reçoit dans ses bureaux de Bois-de-Villers (Profondeville), au-dessus de l'espace commercial Altisecure, qui commercialise du matériel et des équipements de sécurité professionnels. Car son core business, c'est la sécurisation de bâtiments et le travail en hauteur. Sur toits plats ou pentus, parois rocheuses, pylônes, dans les domaines tant industriel qu'hospitalier ou administratif. Sylvie Cappaert-Blondelle, une professionnelle de la communication, l'accompagne à ce rendez-vous. Ils travaillent ensemble à un ouvrage en vue de la conférence-débat organisée lors de la journée anniversaire des vingt ans de la société, le 22 novembre prochain à Charleroi. Un ouvrage de référence sur la thématique du travail en hauteur, les mesures à prendre, les obligations légales et la responsabilité de l'entrepreneur.
À l'origine
Philippe Bastin étant originaire de Profondeville, c'est logiquement dans le Namurois qu'il commence sa carrière d'entrepreneur. Gradué en régulation automation, il effectue son service militaire au sein des télécommunications de Flawinne. Il connaît bien les lieux, pour avoir eu l'occasion de s'entraîner avec les para-commandos. Son premier emploi, il le décroche à Wilrijk, où il sera engagé pour développer le volet commercial francophone d'une société de produits en régulation-automation. Il y reste salarié durant sept ans.
Puis, il rencontre Cécile (qui est aujourd'hui son épouse depuis trente ans) et entame son parcours d'indépendant modestement : les bureaux sont dans son living. "Cécile est à mes côtés depuis mes débuts et sans elle, je n'y serais pas arrivé. Elle est mon support. Quand je me suis lancé à corps perdu dans mon entreprise, elle m'a suivi et encouragé." Cette première entreprise démarre sur les chapeaux de roues. En moins de trois ans, Philippe s'assure la collaboration d'une quinzaine de personnes, pour la plupart assistants commerciaux et techniques. Son principal client étant un groupe pharmaceutique, il juge plus sûr d'élargir son champ d'action. "Je m'occupais des volets commercial, structure et gestion ; une autre personne était en charge de la partie technique. Nous avons pris la décision de nous diversifier et de prospecter le secteur pour rentabiliser notre expertise", se souvient l'entrepreneur.
Et ça paie. Un géant du génie électrique confie à l'entrepreneur namurois la mission de mettre une structure commerciale en place en Wallonie. "Cette mission rejoignait complètement mes critères car nous avions toujours gardé une orientation résolument tournée vers le service mais nous voulions associer de la présentation de produits." Ces belles opportunités commerciales donnent lieu à l'envol de sa seconde entreprise en 1999 : Top Safety System. Une PME familiale qui permet à Philippe de s'intéresser plus précisément au problème de la sécurité sur les chantiers et dans les bâtiments industriels.
La chute
Hélas, malgré un contrat de 320.000 euros de sécurisation du bâtiment bruxellois d'un grand assureur, la première entreprise périclite trois ans plus tard. "Nous étions en 2002, mon entreprise d'automation-régulation manquait de trésorerie pour son exploitation courante, mon frère venait de se tuer à moto… quand mon associé, qui se chargeait de la partie technique, a décidé de quitter l'entreprise. Le tout remettait considérablement les choses en question. Les problèmes s'accumulaient et il fallait réduire la voilure. Je me suis mis en quête de 150.000 euros à réinjecter dans l'entreprise pour la restructurer, sans la moindre aide des banques. J'avais une épouse, trois enfants dont un bébé… j'ai décidé de jeter le gant. La faillite a été prononcée en 2003." Les mois qui suivent s'apparentent à un long chemin de croix. Criblé de dettes, Philippe Bastin vend sa maison pour éponger son passif, loue une maison et s'attelle à rebondir avec Top Safety System, désormais orpheline de son entreprise sœur déclarée faillie. Le salut lui sera accordé sous la forme d'un contrat de 150.000 euros de sécurisation de bâtiment industriel et installation de lignes de vie, qui booste Top Safety System. Il achète une camionnette et redémarre, seul sur chantier. Petitement, les commandes reviennent et les racines de l'entreprise deviennent plus robustes. Après une telle expérience, Philippe Bastin développe une autre forme de management. "J'ai voulu prendre seul mes décisions. J'écoute les autres mais pour la stratégie, je suis seul à bord. Je fais beaucoup de réseautage, je rencontre des professionnels de mon secteur et je collabore avec des entreprises qui nous renvoient des clients. Je suis un homme loyal et fidèle." Le raisonnement reste le même à propos de l'équipe de Top Safety System. "Je préfère engager des seniors que des juniors, ils sont plus matures et expérimentés que les jeunes à former qui risquent de quitter dès l'expérience acquise. C'est vrai que l'engagement est plus conséquent mais ces seniors nous apportent aussi beaucoup de choses."
Homme de cœur, réfléchi et pondéré, Philippe Bastin déclare aujourd'hui "croire en l'être humain, sans pour autant être idiot. À tout problème, il y a une solution. Je ne veux plus jamais prendre le risque de mettre ma famille en péril. Cécile m'a toujours fait confiance, je mesure ma chance. Dans mon entreprise, j'avance si j'en ai les moyens. Et si pas, j'étudie les tenants et les aboutissants et descends du train au besoin."
Aujourd'hui, Top Safety System, c'est une entreprise à Bois-de-Villers (Profondeville), un bureau à Zaventem et un autre à Lille (France). "C'est un groupement des partenaires AltiSecure (sécurité), Be2Clean (nettoyage industriel) et Thermo Spray Solutions (isolation par mousse polyuréthane), avec l'objectif de travailler sur la Flandre", précise Philippe Bastin.
Philippe Bastin, patron namurois qui a rebondi après une faillite.
Travailler en hauteur nécessite un équipement spécifique complet et une formation à son utilisation.
Avec son partenaire Fallprotec, Top Safety System est expert en matière de sécurisation du travail en hauteur.
La sécurité du travail en hauteur concerne les protections collective et individuelle. Ici, une ligne de vie fixée sur toit plat.
À l'action sur le toit de la piscine "Le Neptunium" à Bruxelles. Top Safety System intervient sur toits plats, en pente, alambiqués, pylônes, silos, toits de véhicules, citernes, etc.
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