Open Architectes n'est pas un bureau d'architecture comme les autres. Composé de quatorze personnes, il a fait le pari de garder une taille humaine. But ? Conserver esprit d'équipe, bien-être et potentiel de création.
Jean-Christophe de Wasseige
Nous sommes en 2001. Un concours d'architecture est annoncé pour la construction de logements. Chacun de leur côté, deux architectes, diplômés déjà depuis une dizaine d'années, pensent y participer. D'un côté, Ruddy Picard ; de l'autre, Bertrand Noël. Seulement voilà, pour rentrer une candidature, il faut être en équipe. Hasard de la vie, les deux hommes se croisent alors via une connaissance commune. Le courant passe et ils décident de concevoir un projet ensemble. Bingo. Leur proposition est primée. Finalement, ladite construction ne se fera pas. Mais l'association, elle, semble partie pour durer.
Une première commande – bien réelle, celle-là – arrive dans la foulée. Pas trop le temps de s'organiser. Le duo investit le salon de Ruddy dans sa maison de Loverval, au sud de Charleroi. Les esquisses sont dessinées entre la table et le divan. D'autres missions tombent. Bientôt, de premiers collaborateurs sont recrutés. "Nous avons déménagé dans un appartement à Charleroi, raconte Bertrand Noël. Puis, quand ce dernier est devenu trop étroit, nous avons investi l'appartement voisin…" En 2006, une société en bonne et due forme est créée : Open Architectes.
Deux ans plus tard, Ruddy et Bertrand rencontrent Jérôme Peteno. Celui-ci sort de la même école que Ruddy (l'ex-Isai de Mons). Il partage une vision identique de l'architecture. Ici encore, les esprits collent. À tel point que ce dernier devient le troisième associé du bureau, à égalité de parts. Open Architectes compte alors sept personnes au total. Le bureau travaille sur tous types d'édifices : maisons privées, logements collectifs, écoles, commerces, bureaux, ateliers. "Cette diversité est volontaire. Elle aère la créativité. Nous avons même conçu des bâtiments insolites : bibliothèque, club de hockey, funérarium, brasserie, soufflerie indoor…"
À chaque fois, la démarche se veut différenciée. C'est une caractéristique revendiquée par les trois dirigeants : "Nous ne cherchons pas à développer un style ou une architecture reconnaissable. Au contraire, nous développons un langage bâti spécifique à chaque situation. Pour nous, un projet ne doit pas être celui d'Open Architectes. Il doit plutôt correspondre à une conjonction d'éléments : les lieux, les besoins des futurs occupants, le budget, etc." Donc, les monuments ultra typés, très peu pour la maison.
Miser sur les forces de chacun
Vers 2015, l'équipe grandit encore et monte à neuf personnes. Un nouveau déménagement est réalisé : à Ronquières, dans des bureaux déjà existants, le long du canal Charleroi-Bruxelles. Un endroit calme et vert, propice à la concentration. Qui est aussi au centre de la principale zone d'activités, formée par le Hainaut, Namur et Bruxelles. Si la croissance de l'entreprise se voit ainsi réglée du point de vue de l'espace de travail, un enjeu plus fondamental se pose. Quelle organisation choisir pour l'avenir ? Faut-il nécessairement continuer à grandir ? Faut-il abandonner ce travail collaboratif qui, à sept ou à neuf, se fait naturellement mais qui, à quatorze désormais, devient plus difficile ?
La réponse est vite trouvée. Non. "Recruter plus de collaborateurs et accepter davantage de commandes auraient signifié une autre façon d'opérer. Il aurait fallu désigner des chefs de projet, laisser des personnes travailler seules, contrôler… Bref, passer à une structure pyramidale. Cela, aucun de nous n'en voulait." L'option n'en reste pas là. Une réflexion est engagée pour définir plus précisément encore la manière de s'organiser. "Cela s'est fait en compagnie deux consultants spécialisés en management. Ils nous ont proposé d'analyser nos personnalités et de choisir l'aspect du métier d'architecte qui nous correspondait le mieux, poursuit Bertrand Noël. C'est ainsi que j'ai pris en charge la réception des commandes, le contact avec les clients et la traduction de leurs attentes. Jérôme, lui, s'est centré sur la conception plus précise du projet, sur la mise en place, sur la constitution des plans. Enfin, Ruddy s'est spécialisé dans le respect de ces plans, l'exécution sur le terrain, le suivi du chantier."
Efficacité et bien-être
De cette manière, le trio couvre le spectre de tout projet architectural et le dialogue peut rester constant entre eux. Chacun fait appel, selon ses besoins, aux collaborateurs. Ceux-ci ont également été sondés quant à leurs souhaits. "Ils interviennent selon leurs compétences et leur personnalité. Au final, chez nous, l'organisation est horizontale. Évidemment, cette mise en œuvre ne s'est pas faite en une fois. Il y a eu des tâtonnements, des remaniements. Chacun a dû trouver sa voie."
Pourquoi agir de la sorte ? Pour maintenir un niveau de qualité dans le service et pour garantir à tous les membres de l'entreprise un équilibre entre vie professionnelle et vie privée. "Chez nous, la journée se termine entre 17 et 18 heures et tout le monde jouit de ses week-ends. C'est important pour atteindre une sérénité dans le travail. Nous sommes très attachés à la notion de bien-être. Si jamais un surcroît d'activité se produit, nous faisons appel à des bureaux extérieurs."
Ce modèle marche parce que les sollicitations ne manquent pas. Open Architectes reçoit beaucoup de propositions et peut donc se permettre de choisir. "Dans ce processus de sélection, la personnalité du maître de l'ouvrage tient une grande place. Il faut que cela fonctionne entre lui et nous. Bref, nous ne sommes pas dans une logique de quantité."
Et la suite ? Un nouveau déménagement est en projet. Cette fois, dans des murs créés par l'atelier lui-même (comme beaucoup d'architectes aiment à le faire). "L'endroit n'est pas encore arrêté. La seule certitude est que ces bureaux feront partie d'un ensemble plus large de bâtiments consacrés à l'artisanat. Cela nous correspondra bien : à la fois intégrés et artisans."
Carte d'identité de l'entreprise
Open Architectes
rue de la Marbrite 9 b 7090 Ronquières 067/ 41 16 40
Retrival est une société coopérative à finalité sociale, active depuis plus de 20 ans dans les services liés à l’environnement, notamment le tri des déchets, la récupération et le réemploi. Elle est implantée à Couillet sur le vaste site dédié au tri, au recyclage et au réemploi du bassin carolo. Rencontre avec Damien Verraver, directeur de Retrival.
Dans la province de Namur, une entreprise donne une nouvelle jeunesse à une multitude de choses de prime abord vouées à la poubelle. Son nom ? La Ressourcerie Namuroise. Sa mission ? Valoriser des objets encore utiles, voire même en créer de nouveaux.