EkoServices a vingt ans. Acteur majeur de l'économie sociale, l'entreprise est un navire privé, où les notions humaines et de croissance sont importantes.
Isabelle Morgante
Ophélie Lababsa est montoise. Issue d'un milieu fragilisé, elle mène brillamment des études à la Faculté Warocqué, dont elle sort licenciée en sciences de gestion. Elle forme une famille monoparentale avec sa maman et sa sœur aînée, aidées des allocations sociales du CPAS. "Ma maman était orpheline et n'a fait que ses primaires. Nous vivions dans les grandes tours de logements sociaux de Ghlin, je sais ce que c'est d'évoluer dans ce milieu et aujourd'hui, je l'aime, dit-elle. J'en retiens une certaine force de caractère, m'enfermer dans ma chambre pour étudier était une échappatoire. C'est la raison pour laquelle je ne courbe jamais l'échine."
La carrière d'Ophélie prend naissance aux côtés du fondateur d'EkoServices, Éric Guyot, en mai 2003. La société a pignon sur rue, elle évolue dans le monde du titre-service, de l'économie sociale et de l'insertion socio-professionnelle. Un terreau qu'elle connaît bien. La jeune femme bénéficie d'un contrat "article 60", en manifestant déjà la volonté de travailler dans les ressources humaines, volonté confirmée dès le début de l'année 2004.
Depuis 2007, elle est directrice opérationnelle et figure parmi les associés des dix-huit agences EkoServices, réseau devenu entretemps le 1er opérateur spécialisé dans la prestation de services de proximité en Wallonie. "Historiquement, la première agence a été ouverte à Mons. Nous venons d'inaugurer la dix-neuvième à Jurbise. Cela représente quelque 850 équivalents temps plein (ETP), soit plus de 1.400 travailleurs dont une majorité de femmes. Une des clefs de mon management, c'est le dialogue. J'essaie non seulement d'être attentive aux capacités de chacun mais aussi d'accorder la personne et son cadre de travail. Je suis quelqu'un d'hyper connecté, j'ai pour habitude de tout “checker”, d'autant plus si je pars en congé. Fort heureusement, je sais déléguer et ai mis en place un management participatif, c'est un des principes de l'économie sociale. Je décide de tout, mais avec tout le monde", résume Ophélie Lababsa.
Bien-être et rentabilité
Cet organigramme horizontal a été mis en place dans chacune des agences EkoServices. Par exemple, dans l'unité historique de Mons, on ne compte pas moins de trois gestionnaires planning, deux accompagnateurs sociaux, deux contremaîtres, une secrétaire et un comptable. Chacun des collaborateurs, travailleurs de terrain y compris, a la possibilité de faire part de son ressenti, notamment en utilisant la boîte à idées. Mais c'est une procédure peu utilisée, le dialogue et les contacts étant privilégiés.
"Nous organisons régulièrement des entretiens et disposons de plusieurs organes de concertation. Les idées d'amélioration remontent, entre autres, par ces canaux. Dans notre entreprise, la concertation sociale est établie sur un management familial. La porte de mon bureau est constamment ouverte et on y entre facilement, je tourne régulièrement dans les agences pour aller à la rencontre des collaborateurs. Nous travaillons constamment sur l'esprit d'équipe en planifiant des entretiens et en développant une approche qui vise l'évolution de la personne, dans son estime d'elle-même et dans ses projets de vie. Nous sommes attentifs à offrir des contrats de travail qui permettent à nos collaborateurs de combiner vies professionnelle et privée avec un épanouissement propre à chacun d'entre eux."
50 % des personnes qui postulent n'ont pas le CESS (diplôme de l'enseignement secondaire). Elles peuvent être en décrochage du monde du travail depuis longtemps. Certaines même n'ont jamais travaillé. Elles passent la porte d'une agence EkoServices à la fois pour se réinsérer mais aussi, dans les cas les plus critiques et minoritaires, par crainte de représailles des organismes de paiement d'allocations. Les équipes les aident à reprendre leur vie en main, à faire quelque chose et surtout à améliorer l'image que chacune a d'elle-même ou celle qu'elle renvoie à ses enfants. "Nos accompagnateurs sociaux font un boulot très important de sensibilisation au monde du travail et remettent les gens sur rails", précise Ophélie Lababsa.
À cela s'ajoutent une série de dispositifs, directement liés à la précarité des collaborateurs. Comme celui de mettre des véhicules (à deux ou quatre roues) à leur disposition. À ce propos, l'agence d'Ath va bientôt tester des trottinettes électriques. Si le résultat est positif, ce mode de déplacement alternatif pourra être intégré dans le système actuel. "Un candidat à l'emploi sur deux n'a pas les moyens d'acheter un véhicule pour aller travailler et évoque un malaise quand il s'agit de prendre les transports en commun. Nous avons donc pris le parti de préfinancer l'achat d'un scooter. Quant aux abonnements de transports en commun, ils sont payés à l'avance à hauteur de 100 % et pas 75 % comme c'est souvent le cas."
"Il y a une charge émotionnelle lourde dans notre secteur, il faut en être conscient et se montrer patient. Nous devons être à l'écoute de nos clients et de nos travailleurs. Mais il y a aussi une notion de rentabilité que nous devons garder en tête. Nous sommes une entreprise privée, chaque heure de travail est valorisée par du chiffre d'affaires. Je préfère parler d'une rentabilité humaine et réfléchie, en apportant une solution individuelle. La Wallonie est une région de qualité, avec du potentiel. Il faut apprendre à pousser les bonnes portes. Pour conclure, j'ai envie de dire que nous nous efforçons que nos collaborateurs aient une meilleure qualité de vie, sans pour autant leur imposer notre vision de la vie", termine la cheffe d'entreprise.
Cheffe d'entreprise et indépendante, Ophélie Lababsa compte beaucoup sur les outils informatiques dans l'organisation quotidienne de son travail.
Sonia travaille depuis plus de dix ans chez EkoServices.
Entreprise-pilote en 2003, EkoServices a aujourd'hui une 19e adresse à Jurbise, dans les anciens bâtiments de l'ALE (Agence locale pour l'emploi), dont elle a gardé les 63 salariés.
Votre accompagnement Secrétariat social UCM
Anticiper, la clef du succès
Marie-Christine Bluchet travaille depuis bientôt treize ans comme gestionnaire de salaires au Secrétariat social UCM à Mons. Auparavant occupée dans un bureau comptable, elle a plongé dans le dossier EkoServices en rejoignant l'équipe de la chaussée de Binche. EkoServices est un grand groupe, dont la partie des paies gérée par Marie-Christine représente pour elle pas loin de la moitié de son portefeuille UCM actuel.
"EkoServices, c'est de l'économie sociale, c'est aussi un groupe d'entreprises qui a très vite grandi et évolué. Ophélie Lababsa et Alexandra Sacré, la directrice des ressources humaines, utilisent l'application UCM appipay, conjointement à leur programme de gestion interne. Mme Sacré n'hésite pas à m'interroger et est attentive à mes remarques. Cette manière de travailler permet d'anticiper les risques et les réflexions à mener. Grâce à cette collaboration étroite, le travail de vérification et d'encodage se voit considérablement facilité."
Et de conclure : "Nous avons une fructueuse relation. Alexandra Sacré a le bon profil car elle est à l'écoute, pose des questions et est demandeuse de conseils. De plus, elle et les responsables d'équipe de l'entreprise essaient d'anticiper notre travail en préparant de manière très complète les dossiers parfois complexes des travailleurs. Nous ne nous téléphonons pas souvent, sauf en début de mois, car EkoServices a acquis et développé au cours des années une belle connaissance et une autonomie. C'est l'employeur idéal", résume Marie-Christine Bluchet.
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