L'entreprise sprimontoise Gicopa, qui fabrique la célèbre violette, est en plein renouveau. Pour que dans l'inconscient collectif, le consommateur s'attache davantage à la marque qu'au bonbon fleuri.
Isabelle Morgante
Elle ne mesure que deux centimètres de diamètre, elle pèse cinq grammes, a une forme reconnaissable entre toutes et se décline en plusieurs goûts... Elle, c'est la violette, produite par Gicopa à Sprimont, en région liégeoise.
1/ Ébullition du sucre (de Tirlemont) à 150 °C.
2/ Jean-Marie le verse, déjà coloré, sur sa table de travail. Le mélange atteint 90 °C.
3/ Malaxage avec des gants isolants.
4/ Les presses rendent le mélange homogène.
5/ En cours de solidification, il est transformé en un long "boudin".
6/ Puis en une chaîne de violettes, encore chaudes et molles.
7/ Récoltées dans un pack, elles sont presque terminées.
8/ Pour ne pas coller, elles passent dans un tambour dont le mouvement permet de développer une minuscule couche de sucre en surface.
9/ Vient enfin l'empaquettage, avec Anna, au poste depuis 25 ans !
La violette de Gicopa est probablement dans le tiercé de tête des madeleines de Proust des Liégeois, coincée entre les croustillons (ou laquemants) de la foire d'octobre et les gaufres au sucre perlé. Elle a bercé les récréations, peut-être fait l'objet de troc, dormi au fond de la poche du cache-poussière de nos bonnes-mamans ou, dans une utilisation plus actuelle et branchée, atterri dans le fond d'une flûte, pour se dissoudre lentement et se mélanger aux bulles d'un champagne. La violette, la "chique" comme on dit à Liège, est le fruit du travail d'Hubert Gillard qui, avec son épouse, fonde la société Gicopa (pour Gillard Confiserie Pain d'épices) en 1895 dans le centre d'Herstal.
L'entreprise, c'est d'abord une boulangerie où l'on fabrique des confiseries, qui restera à Herstal jusqu'en 2001. Elle est ensuite rachetée par la famille Lemaire-Lemoine, qui installe son siège à Sprimont, où elle est aujourd'hui encore en activité. Les Lemoine, comme les Gillard, dirigent l'entreprise des années 80 à 2015. France Lemoine perpétuera d'ailleurs l'esprit Gicopa au-delà de la cession de son entreprise, devenant un peu le mentor de la nouvelle équipe en place.
Depuis près de trois ans maintenant, Gicopa est dirigée par Dries De Muynck. Issu du monde bancaire international, citoyen de Beringen ayant vécu plusieurs années à l'étranger, l'homme ressent, voici quelques années, le besoin d'aller vers un monde plus concret, avec de réelles opportunités entrepreneuriales. Le choix de reprendre Gicopa, au passé riche et à l'avenir prometteur, s'impose rapidement.
Jamais de copie
"Notre défi est de devenir une marque, au-delà de la violette. Tout le monde connaît le bonbon, mais n'y associe pas nécessairement la marque de la confiserie. Nous désirons davantage de diversité et offrir une visibilité à tous nos produits. Quand nous avons repensé le design de l'étiquette en septembre 2016, nous avons forcément modernisé le logo mais sans nous en éloigner. Ses transparence et dorure sont des éléments qu'il nous paraissait essentiel de conserver, tandis que le dessin de la violette a été stylisé. Elle reste le fonds de commerce de la marque car nous continuons à préserver les notions de produit local, fabriqué à Sprimont, avec une qualité constante", résume Nadia Grégoire, sales et marketing manager. Et d'ajouter : "La marque est importante, c'est la raison pour laquelle Gicopa ne fait pas de private label (produire pour une marque distributeur) tant la forme de la violette est spécifique. Nous risquons de perdre l'esprit Gicopa si nous acceptons actuellement des offres de distributeurs."
"Il y a aussi une volonté de développer à ultra long terme, sans jamais délocaliser, pointe Dries De Muynck. Les six ouvriers et le chef de production qui travaillent chez nous ont toujours eu à cœur de confectionner des produits de qualité. Certains sont ici depuis plus de 25 ans, voire même 30 ans. Nous sommes une petite équipe qui relève le défi de moderniser la manière de fonctionner de Gicopa. Il y a désormais des procédures à suivre, avec des plans d'entretien, de maintenance et des plannings de procédure. La petitesse de l'équipe nous permet de partager les idées, lors du repas de midi par exemple, que nous prenons ensemble à la cantine. Et quand il y a une bonne nouvelle, nous la communiquons à tout le monde ! Nous avons aussi obtenu les labels FSSC, équivalents à l'ISO 22.000, un gage de qualité pour les clients et le marché de l'exportation."
Et justement, l'exportation, il en est question. Le savoir-faire liégeois en matière de confiserie rayonne déjà dans huit pays ; les côtes asiatiques et américaines se dessinant à l'horizon, et plus précisément lorsque quelques menus détails administratifs seront résolus.
"Nous devons augmenter les volumes et l'exportation est une bonne piste pour ces projets. Il nous faut pourtant adapter les goûts. Par exemple, les saveurs acides sont très bien reçues en Asie mais nettement moins au Maghreb, où on nous a demandé de renforcer la menthe. L'anis n'est pas très apprécié en Corée et au Japon, pays pour lesquels nous avons créé des bonbons au yuzu et aux fleurs de cerisier, très bien accueillis au salon Foodex il y a quelques semaines", développe Nadia Grégoire.
Carte d'identité de l'entreprise
Gicopa
rue Lileutige 122 4140 Sprimont gicopa.be (avec vente en ligne)
Dries De Muynck est originaire de Beringen, dans la province de Limbourg. À l'instar d'Ingrid Berghmans, cet entrepreneur flamand a décidé de s'installer en Wallonie et d'y construire son avenir professionnel. "Je parle français donc ça ne me pose réellement pas de souci. C'est vrai que l'environnement économique est différent en Wallonie qu'en Flandre mais je pense qu'il y a aussi une perception des choses différente selon l'endroit où l'on se trouve. Un exemple : lorsque nous avons diffusé une offre d'emploi, nous avons reçu 430 candidatures ! Je rencontre personnellement beaucoup d'enthousiasme. Être en Wallonie n'est absolument pas un frein ou une barrière, d'autant que l'Awex (NDLR : Agence wallonne à l'exportation et aux investissements étrangers) offre beaucoup de soutien aux entrepreneurs. Sans elle, nous aurions de grosses difficultés à prendre en charge une présence dans des salons internationaux. Son aide est vraiment précieuse. Et si j'ai un conseil à donner aux autres entrepreneurs, c'est d'exporter... C'est vraiment la meilleure chose à faire."
220 tonnes de bonbons vendues chaque année
10 tonnes de massepains et speculoos (en fin d'année)
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