CGEOS - Joël Van Cranenbroeck

Géomètre-expert

L'expertise namuroise sur le Nil

24/09/19

Joël Van Cranenbroeck est géomètre-expert et fondateur du bureau CGEOS. C'est son expertise que le gouvernement égyptien est venu chercher pour sécuriser le plus large pont haubané du monde.

Isabelle Morgante

Mesurer avec précision dans des situations extrêmes, étudier les projets les plus vertigineux dans des pays à forte croissance de développement et distiller son expertise en géodésie et géotechnique, c'est le quotidien de Joël Van Cranenbroeck, dont l'entreprise CGEOS est installée dans la campagne d'Yvoir. Marié depuis 1980 à Joëlle, infirmière aujourd'hui à la retraite, père de trois grands enfants et sept fois grand-père, ce géomètre de formation s'est lancé dans l'entrepreneuriat à 57 ans, l'âge où d'autres entament un ralentissement de leurs activités.
Son parcours professionnel débute fin des années septante quand, jeune diplômé, il prend ses quartiers à la Direction des grands levers et plans généraux du cadastre. Passionné de mathématiques, c'est là qu'il développe les premiers logiciels de traitement d'observations topographiques. Il y reste quatre ans, avant de réussir le concours de recrutement de l'État belge (ex-Selor) pour devenir géodésien à l'Institut géographique national. "Je suis parti une première fois en mission, au Mali pour mettre en place le système Transit, ancêtre du GPS, qui validera un énorme chantier d'irrigation. Il s'agit d'un premier pas vers l'étranger, complété en 1988 par la direction d'une mission GPS au Rwanda, au Burundi et au Congo. C'est la toute première fois que l'on utilisera le GPS pour travailler en Afrique centrale", explique l'entrepreneur.
En 1989, cette deuxième aventure professionnelle se termine, pour faire place à quatre années au poste d'analyste programmeur chez Star Informatic à Liège. "Cette entreprise de près de 80 personnes travaillait en collaboration avec les administrations publiques. C'est dans ce cadre que nous avons œuvré sur un logiciel de traitement topographique. La direction a dès lors décidé de me confier le poste de responsable de projet pour l'informatisation du cadastre au Grand-Duché de Luxembourg puis la ville française de Caen."

Toujours apprendre et valoriser

En 1993, de nouveaux horizons professionnels s'ouvrent à Joël Van Cranenbroeck, dont le CV s'enrichit au fil des années. Devenu l'auteur de plusieurs publications scientifiques, il est engagé par Van Hopplynus Instruments à Bruxelles, au poste de spécialiste produit GPS, métrologie industrielle et surveillance automatique… entre autres. Des données et un travail qui ne disent pas grand-chose au commun des mortels mais qui se révèlent d'une efficacité inouïe, notamment en matière de navigation embarquée, et qui ont changé notre vie derrière un volant !
"Mon père m'a toujours dit d'évoluer et de continuer à étudier tout au long de ma carrière, pour rester une valeur sur le marché de l'emploi. Mon objectif est de toujours apprendre", résume-t-il. Et cet adage, il le met en pratique de nombreuses fois. "Nous étions le représentant de Leica Geosystems en Belgique, et fournissions déjà des solutions clé en main. C'est là que nous avons délivré les systèmes de contrôle des bords d'attaque Airbus à la Sonaca et les systèmes d'inspection des boosters d'Ariane 5 assemblés au sein des entrepôts de la Sabca." L'expertise de Joël se développe dans les airs, mais aussi sous terre puisque c'est à cette époque qu'il crée le premier système de guidage d'une haveuse, qui creusera le tunnel sous Cointe (Liège) avec une précision centimétrique. "J'ai aussi introduit le GPS pour les travaux topographiques du tracé des lignes TGV et participé aux essais de mise en charge du pont du Val Benoît à Liège. Nous avons fait du GPS un instrument de rentabilité, en évitant les erreurs de parcours et en travaillant au plus précis."
De chantiers en expertises, le chemin professionnel de l'entrepreneur namurois le mène, en 2001, à la direction du programme des réseaux GPS de Leica Geosystems. Les trois enfants du couple sont nés, l'entreprise est en Suisse et le métier d'infirmière de Joëlle est prenant. "La décision d'accepter ce poste a été prise avec mon épouse. Cela impliquait beaucoup de déplacements mais en même temps, je voulais valoriser mes talents. Donc, nous avons pris le parti de nous dire que “l'on s'arrangerait”. J'ai signé mon contrat en 2001, tout en refusant d'habiter en Suisse. Travailler de la maison à Yvoir ne m'a jamais empêché de diriger plusieurs missions, d'installer le projet Kocmoc par moins 35 degrés, le premier réseau GPS russe, et de prendre 95 % des parts de marché chinois. Le gouvernement chinois a très vite compris que la transformation des villes passait par une cartographie maîtrisée dont la base est le GPS."
L'Empire du Milieu deviendra, par la force des choses, la seconde patrie de Joël Van Cranenbroeck puisqu'il y passera un tiers de son temps pour le compte de Leica Chine. Suivront le Japon, la Corée du Sud qui boosteront l'implantation de l'expertise de Leica Geosystems dans le monde entier. L'année 2005 marque un tournant dans la carrière de l'entrepreneur wallon : il développera les surveillances numériques dans les procédures d'alignement des plus hautes tours du monde entier, comme le Burj Khalifa de Dubaï, celles du Koweït, de Londres, d'Arabie saoudite ou encore de Séoul…

Un pont

C'est fin 2013 que Joël Van Cranenbroeck quitte Leica Geosystems pour créer sa propre entreprise. "CGEOS Creative Geosensing SPRL intervient dans trois domaines : les travaux d'ingénierie topographique des hautes tours, le positionnement par GNSS et la surveillance des grandes structures de génie civil. C'est cette expertise qui m'a permis de signer avec les forces armées égyptiennes un contrat qui couvre le système de surveillance du Rod El Farag du Caire, le pont haubané le plus haut du monde." Cet édifice relie les quartiers est et ouest de la capitale égyptienne et enjambe le Nil. Réalisé en trois ans seulement, il a exigé le concours de 400 ingénieurs et d'une centaine de sociétés, le point final de ce ballet technologique étant donné par Joël. "L'Égypte veut éliminer tout scénario catastrophe et mise sur la surveillance numérique. Celle-ci prévoit l'installation de stations de surveillance, qui détecteront les éventuels “coups de fatigue” de l'ouvrage. Ces stations doivent délivrer en temps réel leurs positions 3D et être combinées avec les autres capteurs pour former un modèle de déformation." Un tel outil aurait permis d'éviter la catastrophe du viaduc de Gênes (Italie), notamment.
Et le géomètre de conclure : "Être belge et wallon est un atout à l'étranger car notre capacité d'innovation et de travail est reconnue. C'est là que je réalise la majeure partie du chiffre d'affaires. Nous avons aussi conservé cette capacité d'émerveillement. De plus, mon activité peut s'exercer de n'importe où. Je ne vois pas donc la nécessité de m'établir à l'étranger, d'autant que nos petits-enfants vivent ici et que nos clients ont un réel plaisir à venir visiter notre beau pays et ses richesses."

Carte d'identité de l'entreprise

CGEOS Creative Geosensing SPRL

rue du Tienne de Mont 11
5530 Mont (Yvoir)

081/41.36.57
0474/98.61.93

cgeos.com - cgeos.be

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