Namur | Carrément BonL'artisanat à grande échelle, c'est possible !
Florence Fernémont est une businesswoman, mais aussi une artisane du bien manger. Sa reconversion professionnelle et sa détermination lui promettent encore de belles années de développement...
C'est une femme dynamique, qui suit un parcours précis, animée d'un dynamisme à faire pâlir d'envie un marsupilami et qui a bien défini les contours de son destin professionnel. Florence Fernémont, la quarantaine affirmée, est traductrice de formation. Elle a choisi anglais et néerlandais ; elle aime les langues vivantes pour les contacts qu'elles offrent. Mais sa voie, elle la trace dans le secteur économique en entamant et réussissant, après sa licence, un bac en gestion d'entreprise à la KUL.
Suivra une licence en management pour combler l'absence du diplôme économique universitaire. "Mes grands-parents étaient agriculteurs et mes parents sont salariés (une mère professeure, un père engagé à la raffinerie de Tirlemont). Ils ont le sens du travail, de l'engagement avec toujours l'envie d'aller au bout des choses. Pour eux, le statut n'est pas le grade ultime."
"Dès que j'ai obtenu mon diplôme de traductrice, j'ai su que je ne travaillerais jamais dans ce secteur. J'ai donc pris un chemin différent et compensé avec un cursus économique. J'ai été salariée pendant douze ans dans une agence de publicité à Bruxelles et ai vraiment participé à son envol, en finissant directrice de clientèle, avec toujours l'envie d'avoir mon propre projet, de voler de mes propres ailes."
Le déclic s'est fait dès 2003 lorsque Florence a décidé de reprendre avec Myriam Vandenbroucke une pâtisserie de Bouge, une institution dans le décorum namurois. Déjà passionnée à l'époque par les douceurs en général, et le chocolat en particulier, elle avait consacré son mémoire de fin de licence de management au développement d'une biscuiterie. "J'avais suivi des cours de pâtisserie avant de reprendre l'établissement de Jacques Rouard. Ma volonté était de perpétuer les bons produits, son savoir-faire mais aussi de raconter ma propre histoire. J'ai donc repris le trésor gustatif et qualitatif de monsieur Rouard pour le faire évoluer. Il a été là, à mes côtés, pour assurer la transmission de l'entreprise. C'était très important pour moi qu'il soit présent, pour que la clientèle nous accorde sa confiance et pour réaffirmer le respect de celle-ci. De notre côté, nous avons rassuré les clients."
D'ailleurs, pour ne pas déstabiliser cette clientèle fidèle et assumer ouvertement une volonté de continuité, la pâtisserie a d'abord porté le nom de "Carrément Bon by Rouard" avant de devenir "Carrément Bon". Les boutiques sont spécialisées dans le pain, le chocolat, les macarons et le service traiteur.
Ouverture
Florence Fernémont a ensuite ouvert d'autres enseignes. Éghezée en 2006, le centre-ville namurois en 2009 (et un déménagement en 2011 pour agrandir et ouvrir un restaurant sucré-salé), Jambes en juin 2016 et Thorembais-Saint-Trond en septembre. Soit un total de cinq boutiques et une certaine idée du management. "Être seule à la barre n'est pas possible. C'est avant tout un travail d'équipe où chacun se voit attribuer un rôle précieux. Cela permet de valoriser chaque fonction, et de faire prendre conscience à chacun des collaborateurs de l'entreprise qu'il est précieux. Que sans lui, nous aurions un problème." Et l'entrepreneure d'ajouter : "Je suis quelqu'un d'exigeant avec moi-même et avec les membres de mon entreprise. Nous établissons un contrat win-win où chacun s'implique. Mon entreprise est un projet participatif où chacun doit s'investir dans un rôle précis. J'attends donc que chacun d'entre nous soit proactif et aille plus loin dans l'exécution de ses tâches. Par exemple, notre service traiteur est né de la demande de nos clients et de leurs propositions. Nous avons échangé autour de ce projet avec les membres du personnel et les clients, c'est une méthode assez innovante. Culturellement, nous ne sommes pas habitués à ça car nous sommes formatés. Or, ce mouvement “de bas en haut et du haut vers le bas” a un impact considérable sur le développement de l'entreprise. Le fil rouge, c'est l'implication dans le projet et l'envie de bien faire, la fierté de faire partie de l'entreprise."
Florence Fernémont a choisi d'évoluer dans un monde hautement concurrentiel. Le chocolat, le bon pain et les macarons ont la cote auprès des épicuriens. Mais c'est avant tout un choix de cœur, comme pour la taille de l'entreprise. "Nous sommes à un moment de la vie où Carrément Bon passe le cap de la TPE à la PME. Nous allons maintenant pérenniser les cinq boutiques et stabiliser la structure, en travaillant beaucoup sur le côté humain de la chose. Cet aspect est fondamental dans le développement de l'entreprise. Travailler sur l'image d'une entreprise n'est pas juste bénéfique pour le client, ça l'est aussi pour le personnel et pour ceux qui cherchent un job dans une entreprise qui bouge et est motivée."
Artisan entrepreneur
Lorsqu'on atteint un certain nombre de collaborateurs, il est parfois compliqué de communiquer au nom de l'artisanat. Mais uniquement sur la forme. Pas le fond. "Être artisan, c'est un socle de valeurs d'authenticité, d'honnêteté et humaines. Aujourd'hui, le consommateur est malmené entre le “faux bon” et le “vrai mauvais”. Les grandes surfaces surfent sur le concept de l'artisanat, du local et de l'authentique et bluffent les consommateurs. En Belgique, au contraire de la France où le concept est beaucoup plus ancré, le mot artisanat est galvaudé, utilisé à tort et à travers. Or, nous devons trouver notre place ! L'artisanat n'empêche pas une volonté de développement si nous respectons le choix des ingrédients, la méthode de fabrication et la transparence vis-à-vis de la clientèle. Grandir ne veut pas dire que nous perdons en qualité. Je suis persuadée que celui qui s'adapte est celui qui vise le durable."
Et Florence Fernémont de conclure : "Je suis exigeante, passionnée et persévérante mais j'aime profondément les gens. Si je veux aujourd'hui stabiliser mon entreprise et réfléchir à de nouveaux produits, c'est pour offrir la sécurité et l'assise nécessaires à mes collaborateurs."