Depuis plus de trente ans, Denis Dagnelies et sa femme Carine sillonnent les cours d'eau avec le Merrimack, une péniche capable de transporter 1.500 tonnes de marchandises. L'équivalent de 50 camions !
Denis Dagnelies s'est spécialisé dans le transport de marchandises en vrac par voie fluviale. Selon les contrats, le Merrimack transborde du gravier, du sable, des ferrailles, du minerai, mais aussi des céréales, oléagineux et parfois des containers.
C'est à Pont-de-Loup, port de chargement sur la Sambre près de Châtelet, qu'est amarré le Merrimack. "On revient de Dortmund, et on repart ensuite pour Hasselt via le canal Albert, annonce Daniel d'entrée de jeu. Selon les contrats et lieux de livraison, la durée du trajet varie d'une à deux semaines. Les contrats stipulent une date et un lieu de livraison d'une quantité de marchandises, pas le nombre de journées de travail."
La zone de chalandise du Merrimack s'étend principalement en Belgique, par la Sambre, le canal Charleroi-Bruxelles vers Anvers ou le canal du Centre et le Haut-Escaut vers Gand, ou encore la Meuse, le canal Albert vers le delta de l'Escaut et les Pays-Bas. "Quelques contrats concernent aussi le nord de la France et l'Allemagne", complète Daniel. Des certifications sont exigées pour le transport de certaines marchandises : celui des céréales et des oléagineux est soumis à l'Afsca (Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire) ; celui des déchets et de tous les matériaux à recycler (ferrailles, caoutchouc, laitiers, scories) à l'Office wallon des déchets et à son pendant flamand Ovam.
Longue de 80 mètres et large de 10 mètres, la péniche peut contenir 1.500 tonnes de chargement, soit la capacité de 40-50 camions. "À chaque contrat, c'est autant de camions en moins sur les routes", lance Daniel. Moins de pollution, plus de volume, mais des délais plus longs que par la route : cela ne convient pas à tous les types de marchandises. "On perçoit néanmoins une demande accrue ces dernières années pour le fret fluvial, les affréteurs combinant de plus en plus les transports routier et fluvial", ajoute Daniel.
Une histoire familiale
Les aïeux de Daniel sont arrivés à Thuin, ville de bateliers, vers 1829. Le métier s'est transmis de père en fils depuis sept générations. Côté maternel, cela remonte à neuf générations. "De ma génération, je suis le seul batelier, il y a deux ou trois éclusiers mais c'est tout, détaille Daniel. C'est l'évolution du métier qui veut cela."
Pour cette catégorie de péniche, la législation impose deux membres d'équipage. "Être 24 h/24 ensemble, tout le monde ne le supporte pas !", affirme Daniel, qui navigue en binôme avec sa femme Carine. "On a l'avantage d'être sur son lieu de travail avec tout le confort actuel (la péniche comprend un appartement équipé de 80 m²), explique Carine. La difficulté, c'est la scolarisation des enfants. Jusqu'à six ans, notre fille était avec nous, ensuite, elle est restée chez ses grands-parents pour poursuivre ses études."
"Cela fait trente ans qu'on navigue, depuis début 1989. Carine sortait des études. On était optimistes ou fous, c'est selon…", sourit Daniel. Après l'enseignement secondaire, il est allé à Anvers pendant un an pour apprendre le néerlandais, puis ça a été l'école de batellerie, le diplôme, la patente du batelier du Rhin, le brevet et l'achat du premier bateau. "Au début, on allait partout en Europe : sur le Danube, le Rhin… Maintenant, on se rend essentiellement aux Pays-Bas et un peu en Allemagne", précise Daniel, qui relate ses périples fluviaux sur son site internet.
Un métier unique en évolution
"On se rend compte de la chance qu'on a d'avoir un métier où on est seuls maîtres à bord, mais c'est aussi une situation où tout dépend de nous. Si quelque chose ne va pas, on doit résoudre l'avarie ou l'accident. Pour éviter les problèmes, il faut anticiper. Un bateau, c'est à la fois l'habitation et le gagne-pain. Ce sont entretien et vérifications en permanence. Une avarie met en péril toute rentrée d'argent vu qu'on est payés à la tonne transportée, explique Daniel. Sur un chantier naval, un petit entretien engloutit facilement 25.000 euros."
Pour exercer la profession de batelier, "avant, il fallait être maître navigateur ; maintenant, il faut d'abord être bon gestionnaire. Et notre chiffre d'affaires, on le réalise à 80 % avec la Flandre ou les Pays-Bas, donc il faut aussi savoir parler le néerlandais."
Le secteur d'activité a un potentiel indéniable, "mais l'investissement de départ est énorme : un bateau neuf peut coûter 3 millions d'euros, le prix d'une péniche d'occasion débute à 300.000 euros." Les aides octroyées depuis le 1er février dernier par le gouvernement wallon, pour l'achat d'un premier bateau neuf ou d'occasion (prime à l'installation) ainsi que pour les motorisations neuves, se révèlent donc indispensables.
En vrais passionnés, Daniel et Carine mettent avec plaisir leur expérience du transport fluvial au service de ceux qui souhaitent se lancer dans l'activité de batelier.
Retrival est une société coopérative à finalité sociale, active depuis plus de 20 ans dans les services liés à l’environnement, notamment le tri des déchets, la récupération et le réemploi. Elle est implantée à Couillet sur le vaste site dédié au tri, au recyclage et au réemploi du bassin carolo. Rencontre avec Damien Verraver, directeur de Retrival.
Julien Malaisse, le Chef du "Pré de chez vous", a reçu le titre du "jeune Chef de l’année" ainsi que sa prestigieuse première Étoile au Guide Michelin. Rencontre, au cœur de son établissement, avec ce Namurois qui magnifie les saveurs.