Nous aurons douze milliards d'euros de déficit public cette année, soit 2,3 % du PIB (richesse produite). La Commission européenne prévoit 2,6 % pour 2021. Ce serait le pire résultat de l'Union, derrière la Roumanie et l'Italie. Vu notre dette colossale de quelque 100 % du PIB, alors que nous ne devrions pas dépasser les 60 %, nous sommes partis pour être un maillon faible de l'Eurozone. Les pays qui se sont trouvés dans cette situation, à commencer par la Grèce, l'ont payé très cher. Le niveau de vie de la population a brutalement baissé.
Or, la situation budgétaire n'est guère en débat. Dans l'attente d'un gouvernement fédéral, chaque parti expose ses bons côtés : "Nous réduirons les charges pour doper l'économie" ; "Nous éliminerons la pauvreté et la précarité" ; "Nous relèverons le défi climatique"… Très bien, on a envie d'y croire. La question reste : avec quel argent ? "Luttons contre la fraude fiscale", répondent certains. Fadaise ! Si c'était aussi simple de récolter des milliards, il y a longtemps que ce serait fait.
Dans les dépenses publiques,
nous ne sommes pas à l'os
Il faut donc rappeler une réalité dont les indépendants et les chefs d'entreprise sont bien conscients : dépenser plus qu'on ne le peut amène tôt ou tard de graves ennuis. L'absence de décisions depuis plus d'un an promet une période de restrictions au fédéral. La situation n'est guère plus brillante en Wallonie et à Bruxelles, avec l'extinction progressive à partir de 2024 de la solidarité interrégionale estimée à 6,4 milliards d'euros.
Bref, les caisses sont vides… et les attentes de la population pressantes. Même allégées, les charges sur les entreprises et les travailleurs restent écrasantes. Les jeunes exigent une meilleure protection de la planète et ils ne sont pas les seuls. Enfin, chacun reconnaît que les pensions sont trop basses et que le vieillissement de la population va coûter aux soins de santé. Je passe sur l'état de la Justice, les problèmes de mobilité, les infrastructures qui se déglinguent…
Le trou budgétaire est trop large pour être contourné. Il ne faut pas non plus s'y enterrer. Un gouvernement digne de ce nom, avec un programme et une vision, peut poser des choix. Juste deux chiffres : les dépenses publiques belges représentent 52 % du PIB. Les Pays-Bas arrivent à 42 %. Des marges existent. Affirmer qu'on est à l'os dans tous les secteurs est un mensonge. Les Néerlandais, que l'on sache, ne sont pas à la moëlle !
Je ne prétends pas que réduire les dépenses est facile. Il faut du courage et du temps. Mais c'est assurément une voie à suivre. L'erreur à ne pas commettre serait de ne plus investir dans les entreprises, leur croissance et leur adaptation à une économie durable. Les PME, par leur proximité et leur puissance d'innovation, sont plus que jamais le moteur de notre société. Il faut y mettre l'huile et le mazout… pardon ! l'énergie verte nécessaire à leur développement.