La grève déclenchée le mardi 10 octobre par le syndicat socialiste des services publics (CGSP) ne marquera pas l'histoire. Sauf peut-être par son caractère manifestement déraisonnable et abusif.
Les motifs de la grève, donnés par la CGSP elle-même, sont "les économies budgétaires, le projet de service minimum à la SNCB et une éventuelle privatisation des chemins de fer". Le premier grief est vague, le troisième hypothétique. Quant au service garanti, la concertation doit encore avoir lieu. Il est donc clair que le syndicat socialiste utilise l'arme de la grève non pas en ultime recours après un désaccord avéré, mais pour marquer son opposition à un gouvernement dont la composition et les orientations ne lui conviennent pas.
Sur cette base, profiter de sa position pour saboter le bon fonctionnement de la société et de l'économie pendant vingt-quatre heures est pour le moins léger. Les autres syndicats avaient d'ailleurs bien compris le caractère totalement déplacé de cette grève du 10 octobre. Laissé seul, le syndicat socialiste avait la garantie absolue que sa mauvaise humeur serait sans effet sur les décisions des gouvernements démocratiques qui dirigent le pays. Il a pourtant maintenu son mot d'ordre.
Le problème pour nous, indépendants et chefs de PME, c'est que même superflue, une grève de ce type est nuisible. Des services sont interrompus, à commencer par la poste. Les effets sur la mobilité sont désastreux et entraînent des dommages économiques directs, parfois irréversibles, pour de très nombreuses entreprises. La CGSP pose une mine sous la reprise de l'économie et de l'emploi, en particulier en Wallonie et à Bruxelles, puisque c'est malheureusement dans nos Régions que la culture de la grève a le plus d'adeptes.
L'impact financier des perturbations de mardi peut être estimé à 50 millions d'euros. Cela représente un petit millier d'emplois plein temps. Au-delà de ce coût direct, l'agitation sociale nuit gravement à la confiance des entrepreneurs et les décourage d'investir. Quant à l'appel à la fermeture des écoles, il est particulièrement regrettable alors que la formation des jeunes est cruciale et passe par le respect de l'enseignement.
Alors, le 10 octobre, une grève pour rien ? Oui et non. Elle n'avait aucune chance d'atteindre son objectif mais elle a embêté les entrepreneurs et les citoyens et ainsi, une fois de plus, divisé la société.
Est-ce cela que cherche le syndicat ?