La situation devient intenable ! Le personnel hospitalier est sur les genoux. Les jeunes ne supportent plus l'isolement. Des milliers d'indépendants sont dans l'incertitude et la détresse. Beaucoup se tournent vers UCM. Ils nous interpellent. Ils partagent leur désarroi, leur colère. Je voudrais dire ici à chacun et chacune d'entre eux à quel point je partage cette frustration. Car si nous avons pu obtenir beaucoup pour les soutenir, nous ne sommes pas toujours entendus.
J'ai apprécié l'appel du Premier ministre Alexander De Croo à former "une équipe de onze millions de personnes contre le Covid". La population doit adhérer aux mesures de restriction. Pour cela, avons-nous souligné, elles doivent être "compréhensibles, logiques et tenables." Ce n'est malheureusement pas toujours le cas.
Certains ministres au sein du gouvernement sous-estiment l'urgence économique. Nous assistons à une dérive : priver des hommes et des femmes de leur gagne-pain, les empêcher d'exercer leur métier, semble presque anodin. Ce ne l'est pas ! Chaque fermeture imposée devrait être justifiée, expliquée, limitée au strict nécessaire.
Les restrictions doivent être compréhensibles, logiques et tenables
Les chiffres des contaminations et hospitalisations sont restés stables malgré l'ouverture des commerces, les fêtes de fin d'année, les retours de vacances, la rentrée scolaire et l'hiver qui s'est installé. Nous avons donc plaidé pour la réouverture des métiers de contact, centres de fitness et agences de paris. Les professionnels de ces secteurs peuvent prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher la transmission du virus. Le gouvernement a refusé en produisant un rapport sur la contamination dans les salons de coiffure qui conclut que "l'absence de preuves n'est pas une preuve de l'absence de risques." Et là-dessus, il a autorisé la réouverture des auto-écoles ! Un peu court…
Nous avons également demandé en vain un calendrier de reprise des activités pour l'horeca, l'événementiel, la culture, le sport… Il faut donner des perspectives à ces secteurs, en lien avec une campagne de vaccination qui doit être la plus rapide et la plus massive possible.
Dès que le vaccin protégera les personnes à risque, il sera raisonnable de lâcher du lest en gardant les gestes barrière. Il ne faut pas attendre une couverture quasi totale de la population pour autoriser des activités conviviales ou festives. Tout le monde a hâte de retrouver une vie normale, mais pour beaucoup d'entrepreneurs, c'est une urgence. Les aides ne suffisent plus.
Roger Mené, président UCM pendant plus de trente ans, décédé le 5 janvier (lire ici), rappelait sans cesse que "les petits employeurs sont le plus gros employeur du pays." Alors oui, ils méritent toute l'attention des responsables, y compris dans un plan de relance trop axé à mon goût sur les grandes entreprises.
Roger Mené s'est battu toute sa vie pour, disait-il avec admiration, "ceux qui prennent leur vie en main, créent leur emploi et celui des autres." Ces hommes et ces femmes sont courageux, travailleurs, créatifs, positifs. Alors oui, j'ai confiance en eux pour passer l'épreuve du Covid. Grâce au vaccin, nous entamons le dernier tour de piste. Il sera dur, très dur. Mais la ligne d'arrivée est au bout.