Le nouveau gouvernement wallon a doté la Région d'un plan d'investissement de cinq milliards d'euros sur cinq ans (2019-2024). Au printemps dernier avait été lancé au fédéral le "pacte national pour les investissements stratégiques", d'un poids de trente milliards, dépenses étalées jusqu'en 2030.
Les autorités politiques retrouvent l'ambition d'améliorer les infrastructures et l'environnement matériel des citoyens et des entreprises. Je m'en réjouis car c'est son rôle. Notre économie souffre de l'inertie chronique des pouvoirs publics en la matière.
En effet, depuis plus de dix ans, les investissements publics en Belgique sont en dessous de la moyenne européenne. Les conséquences de cette pusillanimité sont de plus en plus visibles : réseau routier déglingué, transports en commun peu performants, habitat mal isolé, bâtiments publics vieillissants ou manquants (crèches, maisons de repos), couverture numérique imparfaite...
Les choix du gouvernement wallon répondent aux besoins les plus criants avec une triple priorité : favoriser la mobilité, améliorer les logements publics et privés, encourager les économies d'énergie, en particulier dans l'industrie.
Ces plans d'investissement, tant le fédéral que le wallon, sont présentés de façon à frapper les esprits des électeurs. Même si la conjoncture économique est favorable, il est impossible de sortir trente milliards d'euros d'un côté et cinq milliards de l'autre comme des lapins d'un chapeau. Le nécessaire assainissement de la dette des finances publiques nous impose encore de longues années de rigueur budgétaire, vu l'impossibilité d'alourdir une fiscalité excessive.
Même sans lapin et chapeau, les plans tiennent un peu de la prestidigitation. Ils reprennent des dépenses inévitables ou déjà prévues et leur financement est en partie aléatoire, reposant sur des partenariats avec le privé encore à construire ou sur des fonds européens à aller chercher.
Il ne faut pourtant pas en minimiser l'importance. Cinq milliards, cela représente presque 1.400 euros par Wallon, bébés inclus. Avec un tel budget, il est possible d'obtenir des effets tangibles.
Les marchés publics doivent être accessibles aux PME
La relance des investissements publics a aussi un effet collatéral positif, c'est de donner des milliers d'heures de travail à des fournisseurs et prestataires. Il y aura des marchés publics à décrocher. L'UCM veillera à ce qu'ils soient accessibles aux PME. C'est possible à condition d'encadrer les appels d'offres : améliorer leur lisibilité par des cahiers de charges types, réduire les délais d'analyse et d'octroi, insérer des clauses anti-dumping et favorables aux entrepreneurs locaux, prévoir des formations et un helpdesk, honorer les factures rapidement, etc.