Incroyable ! Au moment où le pays tout entier souffre, où l'économie vacille, où le déficit public est abyssal, les syndicats organisent l'agitation sociale. Au mépris de toute solidarité avec les indépendants empêchés de travailler, avec les chefs de PME qui ne savent plus comment finir le mois, avec les salariés qui ont perdu leur emploi ou qui ont peur de le perdre, ils ajoutent du chaos au chaos.
En effet, après des arrêts de travail le 12 février, les syndicats annoncent un rassemblement le 25, des assemblées électroniques interrompant le boulot dans la semaine du 22 et, pour faire bonne mesure, un préavis de grève pour le 8 mars. Qu'est-ce qui provoque cette colère ? Le fait que les employeurs respectent la loi. Et que dit cette loi ? Que les augmentations de salaire ne pourront pas dépasser 3,2 % en 2021 et 2022.
Les syndicats décomptent 2,8 % liés à la liaison des rémunérations à l'indice des prix (particularité belge). Ils peuvent ainsi tenter d'attiser le mécontentement. "Quoi ? 0,4 % seulement ! Alors que certaines entreprises se portent bien !"
Bien peu d'indépendants verront leurs revenus augmenter de 3,2 %
Cette démagogie est indigne. "Quoi ? 3,2 % d'augmentation ! Alors que l'immense majorité des entreprises est en difficulté !" Ça, c'est la réalité. Combien d'indépendants pourront compter sur une hausse de revenus de 3,2 % dans les deux ans qui viennent ? Bien peu… Et pour les PME, la priorité n'est-elle pas de préserver les emplois plutôt que de gonfler les salaires ?
S'il s'agit de récompenser les salariés qui ont trinqué ces derniers mois et dont les employeurs "ont les moyens", je signale aux syndicats que c'est fait. Plus de 82 millions d'euros ont été octroyés en chèques consommation en 2020 et une formule de ce type n'est pas exclue cette année. Nous aurions pu en parler en négociant l'accord interprofessionnel. Nous aurions pu parler de la mobilité et du télétravail. Nous aurions pu parler des fins de carrière et de la formation continuée. Nous aurions pu aussi décider de la meilleure affectation possible du milliard d'euros de l'enveloppe bien-être, pour lutter contre la précarité. Nous aurions pu réfléchir pour voir comment, au mieux, relancer l'économie et assurer le financement des pensions, des soins de santé, etc.
Non. Les syndicats ont fait le choix de l'égoïsme et de la provocation. Ils brisent la paix sociale et le modèle belge de concertation. Ils laissent la main à un gouvernement qui, pourtant, comptait sur les partenaires sociaux pour améliorer et moderniser le monde du travail. Ils démissionnent de leur rôle et de leur mission pour défendre jusqu'à l'absurde les intérêts financiers des salariés de quelques secteurs forts.
J'espère en tout cas que les PME ne seront que peu perturbées par ces arrêts de travail. Des PME au sein desquelles ces syndicats-là n'ont pas leur place et n'auront jamais leur place.