La concertation sociale est malade. C'est ce constat qui a conduit les partenaires sociaux francophones, mais aussi des magistrats, des académiques et des politiques, à réfléchir à son avenir (lire l'article).
Je suis personnellement convaincu, comme représentant des indépendants et PME francophones à cette concertation, qu'elle reste indispensable, malgré tous ses défauts. On pourrait lui appliquer la phrase de Winston Churchill à propos de la démocratie : c'est le pire des systèmes à l'exception de tous les autres.
Le monde du travail vit des évolutions profondes : les cloisons entre les statuts s'effritent et de nouvelles formes d'activités, accessoires ou collaboratives, ne rentrent plus dans les cases existantes. La frontière entre vie privée et vie professionnelle devient poreuse. Garantir le financement de la sécurité sociale et une protection équitable à chacun, dans un contexte de vieillissement, est une gageure. Nous sommes aussi confrontés à la nécessité de passer à une économie durable dans un monde hyper compétitif.
Au regard de ces défis, certains débats menés au "Groupe des dix" peuvent sembler dérisoires. Il est difficile de comprendre que l'harmonisation des statuts entre ouvriers et employés soit en discussion depuis des années ! Mais il faut bien se rendre compte que chaque décision, chaque chiffre modifié après la virgule peut avoir un impact considérable sur la vie de certaines PME.
C'est bien pour cela que la concertation sociale reste nécessaire. Les représentants des employeurs et des salariés, qui connaissent le terrain, doivent guider et éclairer les décisions politiques. Chaque Région, en héritant de matières liées à l'économie et à l'emploi, a d'ailleurs mis en place des organes de concertation. De plus, l'accord interprofessionnel bisannuel sert de cadre aux accords sectoriels et d'entreprises, garantit une certaine homogénéité du monde du travail et une relative paix sociale. Enfin, l'implication des employeurs et des syndicats dans la prise de décision assure une continuité et une stabilité. Dans d'autres pays, chaque changement de majorité ou de ministre entraîne des bouleversements dommageables pour les entreprises.
Les partenaires sociaux ne sont pas les décideurs politiques. Il est normal qu'ils jouent dans un cadre défini. Bien sûr, ils pourraient être une force de proposition. Dans l'état actuel des choses, on ne peut guère qu'en rêver. Il faut constater que les syndicats, mal dans leur peau, ont une attitude globalement conservatrice. Les grèves politiques de ces derniers mois n'ont pas créé un climat de confiance du côté des employeurs.
Il ne faut pas pour autant jeter l'éponge. Les PME de Wallonie et de Bruxelles ont besoin de pouvoir travailler et se développer dans un climat stable et aussi serein que possible. La concertation sociale y contribue grandement.