Au fil des semaines et après plusieurs mois de crise énergétique, nous arrivons en fin d'année. Normalement, quand tout va bien, c'est le moment où la fête prend le dessus, où les réunions de famille s'éternisent autour d'un bon repas, où les collaborateurs se réunissent pour trinquer ensemble, et où on entrevoit l'an neuf avec une lueur d'espoir, en se disant qu'on a tout de même de la chance de vivre dans un pays de cocagne.
Ça, c'était avant 2020. Car cette fois, la dinde farcie risque d'être remplacée par un poulet maigrichon et la fête se résumera à une bouteille de cidre plat et tiède. La faute à qui ? Finalement, peu importe… Mais les indépendants et les chefs d'entreprise subissent la crise de plein fouet. Chaque jour, nous constatons que leur moral et leur situation s'affaiblissent. Nous pensions avoir déjà touché le fond avec la crise sanitaire, nous sommes encore descendus de plusieurs crans avec la crise énergétique. Bercés d'illusions ces derniers mois, les indépendants sont au pied du mur.
À ma connaissance, la situation n'a jamais été aussi grave pour les entrepreneurs.
Il est donc urgent de tirer les leçons de cette situation inédite car, comme je l'ai déclaré fin novembre à La Libre Belgique, "les indépendants sont en train de crever."
Vont-ils recevoir plus d'aides ? Non, mais il est essentiel qu'ils continuent, malgré tout, à travailler car c'est de cette manière que nous nous donnerons toutes les chances de faire face aux factures d'énergie et de maintenir l'activité à flot.
Le premier ministre estime anormal qu'une entreprise saine tombe à cause de ses factures d'énergie. Nous sommes bien d'accord mais à chaque fois que nous demandons de l'aide, les réponses se font toujours attendre… À l'heure actuelle, c'est vraiment compliqué !
Et s'il est désormais acquis que les fournisseurs d'énergie ne feront aucun geste pour nous, il reste de notre devoir de continuer à payer nos factures et de respecter les plans d'apurement obtenus.
UCM demande un moratoire des coupures ainsi que l'adaptation du code de conduite des particuliers vers les indépendants et les PME.
Dans le meilleur des cas, survivre aux factures énergétiques ne sera pas donné à tous les entrepreneurs.
D'ailleurs, c'est à eux, et à eux uniquement, que devrait revenir la décision de verser la prime "pouvoir d'achat". Une prime à discrétion de l'employeur, sur laquelle l'État n'a aucune prise, et qui s'ajoute au cortège des lourdes charges financières à l'horizon de janvier 2023, dont les coûts salariaux en général et l'indexation automatique des salaires, moins compensée qu'annoncé, en particulier.
Cet édito est le dernier de 2022. Je l'aurais souhaité festif et rempli d'espoirs. Il n'en est rien. Le "mur" de janvier approche, nous vivons les derniers jours avant le gros de la tempête.
Unis et plus que jamais déterminés face à cette catastrophe, nous ferons en sorte de passer le cap de 2023 le plus dignement possible. Les indépendants et les chefs d'entreprise ont droit au respect !