TRAVAILLER et ne même pas gagner sa vie
La colère est née dans nos champs et nos fermes. Elle a germé dans le ventre d’hommes et de femmes, dont le métier est de nous nourrir, alors qu’eux ont parfois grand-peine à le faire, tant leurs revenus n’égalent pas leurs efforts.
Ce ras-le-bol a mené à la création d’une première taskforce "Agriculture" consacrée à la fixation des prix et la répartition des marges entre les acteurs de la chaîne, à l’issue de laquelle de grandes enseignes d’alimentation ont relevé le prix du kilo de viande. Des négociations menées, entre autres, par Marianne Streel, Présidente de la FWA (fédération wallonne de l’agriculture) au nom de ces chefs d’entreprise et de leur famille. À la sortie de la taskforce, les esprits étaient amers, cela ne suffira pas pour vivre dignement, disent déjà les éleveurs. Leur rémunération reste encore trop faible.
Cette augmentation du prix du kilo de viande… qui va la prendre en charge ? Où trouver une alternative ? Dans l’effort collectif. Dans le portefeuille de tout le monde. UCM est persuadée qu’il faudra un signal fort tant de la part de l’état, que du gouvernement et de l’ensemble de la chaîne alimentaire, grande distribution y compris. Que la solution sera globale, collective et pas parcellaire. N’est-ce pas, dès lors, le moment de se poser la question de la qualité de notre alimentation ? De remettre en question un mode de consommation du plus vite, du plus transformé et du moins cher. À y regarder de plus près, le combat des agriculteurs et des franchisés alimentaires est le même : entreprendre pour une juste rémunération. Travailler seul ou en famille, et souvent faire vivre des familles au travers des collaborateurs membres de l’aventure entrepreneuriale.
Voilà qui tord le cou aux idées reçues : non, les indépendants ne roulent pas sur l’or ! De nos jours, travailler – quand on est chef de PME – coûte cher. Faire croitre son entreprise aussi. Et engager… n’en parlons pas ! Notre dernier baromètre PME, du 4e trimestre 2023, est alimenté des mêmes préoccupations. Le coût du travail reste la première entrave au développement des PME pour plus de six entrepreneurs sur dix. Préoccupation majeure à laquelle nous ajoutons la création et la mise en place d’un plan global de lutte contre les pénuries de main-d’oeuvre, plus que jamais nécessaire. À ce plan, nous ajoutons la réduction de la taxation sur les revenus du travail, le renforcement de la formation et de l’alternance, la réforme de l’assurance-chômage, le développement de la mobilité individuelle et de politiques "family friendly", autant de mesures réclamées par UCM dans son mémorandum, pour lutter contre ces pénuries.
Qui peut faire bouger les lignes ? Qui peut redonner foi en notre engagement ? La classe politique. C’est la raison pour laquelle je m’adresse à elle, une fois de plus, à l’aube des prochaines élections. Nous avons besoin de soutien et de mesures d’accompagnement. Nous qui représentons plus de 98 % du tissu économique belge, nous avons droit à davantage de respect et de considération. Le chef d’entreprise est courtisé par la quasi-totalité des partis politiques, il suffit de lire les programmes électoraux. Par réelle conviction ou par opportunisme électoral, nos partis font les yeux doux aux entrepreneurs. La PME est devenue bankable. Mais qu’on ne s’y trompe pas, l’entrepreneur, même s’il vit à 200 à l’heure le nez dans le guidon, trouvera le temps de le relever et accordera sa confiance là où il se sentira entendu et compris. Avant que ne souffle le vent de l’amertume dans nos entreprises, nous espérons que son message sera entendu et que son enthousiasme sera valorisé… car des promesses, ça n’a jamais nourri un chef d’entreprise. Qu’il soit des villes ou des champs.
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