Au moment de boucler ce magazine, un déconfinement progressif était en vue. Pour les entreprises, ce ne sera hélas pas le bout du tunnel !
Il était vital de prendre des mesures d'urgence pour les indépendants et les PME lors de la mise à l'arrêt de la plupart des activités. Il est tout aussi vital de prendre des mesures pour permettre un redémarrage aussi rapide et complet que possible.
Voici une photographie des demandes portées par UCM pour limiter les dégâts :
gel des faillites pour permettre aux entreprises de trouver du financement privé ou public ;
extension de l'indemnité régionale, en particulier wallonne, à un maximum de codes Nace, pour couvrir au mieux les fermetures forcées ;
suspension des taxes communales sur l'activité économique pendant au moins deux mois ;
règlement généralisé de la TVA au paiement, et pas à la facturation ;
possibilité de ne payer que 50 % des loyers commerciaux pendant trois mois. Le solde est pris en charge par les sociétés publiques de financement et remboursable dans les deux ans.
Plus spécifiquement pour certains secteurs :
report des soldes d'été de juillet au mois d'août, suivant le souhait de 61 % des commerçants ;
TVA réduite à 6 % dans l'horeca, au moins jusqu'à la fin de l'année ;
prolongation de trois mois de la durée de validité des titres-services.
Il faut enfin surveiller de près le respect par l'ensemble des banques et des assurances des engagements pris pour faciliter les reports d'échéances et l'obtention de crédit court terme. Les premiers retours du terrain indiquaient un écart entre les promesses et la réalité.
Quarante
Les fédérations représentant les auto-écoles, les ostéopathes, les géomètres-experts, les organisateurs d'événements et les distributeurs d'alcool et spiritueux ont rejoint UCM. Cela porte à quarante le nombre d'organisations professionnelles affiliées.
Toutes se sont mobilisées pour aider leurs membres et beaucoup ont sollicité UCM pour appuyer leurs messages. Impossible de les citer toutes mais mentionnons l'Upav (agences de voyages), dont le secteur est totalement sinistré et menacé de banqueroute en cas d'obligation de rembourser les réservations. La CBD (déménageurs) s'est démenée pour savoir ce qui était autorisé et tenter d'obtenir des aides. L'UPTR (transporteurs) a multiplié les informations, y compris pour l'international.
La crise montre l'utilité de fédérations professionnelles fortes et actives, et le lien avec l'organisation interprofessionnelle UCM ne fait pas de miracle, mais ouvre des portes et renforce le discours.
Faute d'expérience, les mesures de confinement ont été improvisées. Les coiffeurs en ont fait les frais. Dans un premier temps, ils pouvaient ouvrir en semaine mais pas le week-end.
Bizarre ! La distance sociale est difficile à respecter mais soit, les salons sont ouverts. Les patrons s'inquiètent. Pour eux. Pour leur personnel. Le Centre de crise précise alors qu'il ne faut recevoir qu'un seul client à la fois. Le risque subsiste, avec des rentrées financières réduites. Certains coiffeurs décident de fermer, mais sans être certains de pouvoir bénéficier du droit passerelle ni d'une aide régionale encore en discussion.
La situation s'embrouille encore quand l'autorisation d'ouvrir, avec un seul client dans le salon, est réétendue au week-end ! Patrick Dumont, vice-président de la Fédération des coiffeurs, s'énerve : "Il faudrait travailler avec des ciseaux d'un mètre cinquante pour pouvoir respecter la distance sociale."
Appuyé par UCFM, il est entendu : les coiffeurs doivent fermer et pourront bénéficier de l'indemnité régionale en plus du droit passerelle. Ouf !
Les comptables sur le pont
Conseillers privilégiés des indépendants et chefs de PME, les comptables sont très sollicités. Le confinement les oblige à travailler dans des conditions difficiles.
Vincent Delvaux (IEC).
"Nous ne pouvons pas recevoir nos clients, témoigne Vincent Delvaux, vice-président de l'Institut des experts-comptables et des conseils fiscaux (IEC), et associé au sein de deux cabinets. C'est un handicap : notre métier comporte une dimension sociale et humaine importante. Le téléphone, ce n'est pas pareil…"
Pas question pourtant d'abandonner le navire : "Nous avons contacté nos clients pour les informer mais aussi leur rappeler que nous pouvons les aider. Personne ne veut fermer, ni réduire son activité mais beaucoup y ont été contraints. Pour tous ceux-là, c'est un coup de massue ! Ils attendent avec impatience la reprise."
Une reprise que ce spécialiste considère malheureusement compromise pour une entreprise sur cinq. "Nous essayerons au maximum de maintenir l'activité. Les difficultés sont immenses mais nous ne pouvons pas nous laisser abattre. Quand la reprise sera là, de nombreuses entreprises auront besoin de fonds. Juin est la période des bilans d'assemblées générales, mais ce sera moins des bilans qu'il faudra faire que des plans financiers et des plans de trésorerie pour convaincre les banques et les autres partenaires financiers d'accorder les délais et les moyens nécessaires à la survie de l'activité."
Bernard Keppenne, chief economist chez CBC, la banque partenaire d'UCM, analyse l'impact de la crise dans la zone euro et envisage la suite. L'exercice est périlleux puisque la situation est inédite. Certains éléments permettent cependant d'imaginer l'évolution du cycle économique.
Une certitude : l'activité se détériore fortement au premier semestre 2020. Tous les indices sont historiquement bas. "Posons l'hypothèse, dit Bernard Keppenne, qu'il faudra trois mois pour contrôler l'épidémie et relancer le moteur économique. Les mesures gouvernementales prises, de grande envergure, permettront une reprise très forte, mais avec des différences selon les pays. Ceux qui disposent d'une marge budgétaire plus importante, de stabilisateurs automatiques plus nombreux (comme un système de sécurité sociale solide) et de politiques de crise plus actives connaîtront une reprise plus prononcée."
Le rôle de la Banque centrale européenne (BCE) sera crucial. Elle a annoncé son intention de maintenir les taux d'intérêt directeurs au niveau négatif actuel et d'acheter des obligations d'État sans limite de durée. Ainsi, elle contrôlera les taux d'intérêt et leur écart entre pays membres et facilitera le financement des gouvernements, mais aussi des entreprises. Un apport massif de liquidités sera possible pour financer les déficits. "Les décideurs politiques ont clairement tiré les leçons de la Grande Récession d'il y a dix ans", conclut Bernard Keppenne.
Deux scénarios
Sur cette base, l'économiste en chef de CBC a élaboré deux scénarios. Dans le premier, très optimiste, le confinement prendrait fin au bout de quatre semaines et l'économie rebondirait de 100 % au troisième trimestre. Dans un tel cas de figure, la diminution du PIB (richesse produite) de la zone euro ne serait que de 6 % en 2020, avec une reprise de 6,5 % en 2021.
Dans la deuxième hypothèse, plus réaliste, les mesures de confinement se prolongent, au moins en partie. L'économie de la zone euro afficherait alors un recul de 11,3 % du PIB en 2020, suivi par un rebond spectaculaire de 11 % en 2021.
Dans tous les cas, l'ampleur de la récession sera inédite, mais les mesures mises en place par les banques centrales et l'engagement fort des gouvernements entraîneront un rebond significatif de l'économie sur la seconde partie de l'année et augureront d'une forte croissance en 2021.
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