La thématique de la diversité en entreprise intéresse de plus en plus d'employeurs, conscients que chaque profil peut apporter une plus-value à l'activité.
Clément Dormal
À Bruxelles, l'office régional de l'emploi Actiris appelle tant le secteur public que les entreprises du secteur privé à développer une politique de diversité en leur sein. Il s'agit d'assurer "l'égalité des chances sur le marché du travail en veillant à l'intégration des publics plus fragilisés et au respect de la législation anti-discrimination." Les groupes cibles sont, entre autres, les personnes de nationalité et/ou d'origine étrangère, celles en situation de handicap, les jeunes (moins de 26 ans), les individus expérimentés (plus de 45 ans), les personnes d'un sexe déterminé qui sont sous-représentées par rapport à l'autre sexe, et finalement celles sans diplôme de l'enseignement secondaire.
Adopter ces bonnes pratiques, c'est aussi rendre son entreprise plus compétitive face à la concurrence. À l'heure où la pénurie de talents freine grandement la progression de certaines PME, opter pour une politique de diversité permet de découvrir de nouveaux profils créatifs, imaginatifs et performants.
La mise en place d'un tel projet ne se fait cependant pas en un claquement de doigts. C'est pour cela qu'Actiris accompagne gratuitement les employeurs bruxellois qui souhaitent s'engager sur cette voie. Plus particulièrement dans le recrutement et la gestion des travailleurs ainsi que dans leur communication interne et externe.
La création de ce cadre s'opère en trois étapes. La première est une déclaration d'intention. En la signant, l'employeur devient membre de la politique de diversité et de la lutte contre les discriminations de la Région bruxelloise et de ses partenaires sociaux. Cela signifie qu'il fait officiellement partie d'un réseau d'organisations axé sur la diversité et au sein duquel l'échange d'expériences et de connaissances est central. La deuxième étape consiste en l'élaboration du plan de diversité en tant que tel, en collaboration avec l'agence régionale pour l'emploi. Si l'évaluation finale est positive, l'entreprise peut introduire une requête pour obtenir le label diversité décerné par la ministre bruxelloise de l'Emploi. Il s'agit de la troisième et dernière étape. Ce label, valable deux ans, peut être renouvelé si l'entreprise ou l'association rédige un schéma de consolidation en diversité.
En Wallonie
Le message prônant la diversité est identique au Forem, où il est demandé aux conseillers de sensibiliser les employeurs à la thématique. Tous ont d'ailleurs dû suivre une formation interne sur "l'égalité des chances et la diversité" afin de guider au mieux leurs clients. Il n'existe cependant pas de certification officielle en Wallonie même si "l'objectif final reste le même : lutter contre toute forme de discrimination", assure l'office wallon. L'accompagnement personnalisé des employeurs leur donne notamment accès à un outil entièrement automatisé qui lit le contenu de chaque offre entrante au Forem et produit des alertes en cas de détection de mots ou locutions susceptibles de s'apparenter à des cas de discrimination. Les recruteurs sont alors orientés vers la correction des termes identifiés. Au rayon des nouveautés, toute personne prenant connaissance des offres d'emploi via le site internet Forem aura la possibilité de signaler celles présentant potentiellement une anomalie. Dans ce cas, elles seront prises en charge par une équipe qui relaiera une demande de rectification auprès de l'employeur.
Du côté d'Unia, le service public indépendant de lutte contre la discrimination et de promotion de l'égalité des chances, on constate que de plus en plus d'entreprises sont intéressées par la diversité, à l'heure où leur responsabilité sociétale est davantage scrutée. "Les sociétés se rendent compte qu'elles ont un rôle à jouer sur cette thématique-là, se réjouit Didier Boone, chef du service prévention chez Unia. Les patrons réalisent qu'il est important que leurs salariés se sentent bien, qu'il n'y a pas de place pour la discrimination. D'un point de vue économique, ouvrir son spectre de recherche permet de trouver plus facilement les personnes avec les compétences souhaitées. Dans sa communication externe, le fait de pouvoir parler de ce travail d'inclusion permet aussi d'améliorer l'image de marque, que l'on soit vendeur de chaussures, une école supérieure, ou que l'on bosse dans le domaine IT (technologies de l'information, NDLR). Il y a globalement une prise de conscience plus large. Surtout quand on compare à il y a dix ou vingt ans."
Pour aider les entrepreneurs, Unia a mis en place en 2014 eDiv, un outil en ligne gratuit offrant la possibilité d'instaurer, de développer et de contrôler un environnement de travail inclusif et diversifié. La plateforme eDiv se décline en plusieurs volets. Les indépendants y trouveront par exemple des modules rappelant étape par étape la législation actuelle ou abordant les aménagements raisonnables sur le lieu de travail pour les individus en situation de handicap. Suivre ces modules prend approximativement une heure.
Un autre dispositif est le "guide vers plus d'inclusion", qui accompagne les sociétés du début à la fin de l'installation d'une politique de diversité. Extrêmement complet, il a aussi été pensé pour que cette nouvelle politique dépasse les personnes et les postes afin de s'inscrire dans le temps à l'échelle de la société.
Les employeurs à la recherche d'illustrations concrètes sont invités à se rendre sous l'onglet "exemples inspirants". Il contient 160 situations (relatives au sexisme, au handicap, à la religion, à la rémunération…) qui sont remontées du terrain jusqu'à Unia au fil des années. Une base juridique liée à chaque contexte est rappelée et des conseils factuels sont donnés aux managers afin qu'ils puissent gérer au mieux chaque cas.
Le dernier volet du site eDiv rassemble des documents utiles produits par le centre et ses partenaires. Régulièrement mise à jour, ce portail est complémentaire aux formations proposées à Unia. En 2022, le centre interfédéral en a dispensé pour un total de 1.735 heures.
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