Caroline Cleppert, secrétaire générale UCM.
Depuis son dernier rapport publié le 9 septembre, Mario Draghi lance un avertissement clair à l’Europe : notre continent est en décrochage économique. Pour nos PME, cette réalité est plus pressante que jamais. Les tensions géopolitiques, l’insuffisance de l’investissement et la réglementation excessive freinent leur compétitivité. Si nous voulons éviter un déclin irréversible, nous devons impérativement relancer la productivité de nos petites et moyennes entreprises.
Les PME représentent 99 % des entreprises européennes et emploient deux tiers des travailleurs dans le secteur privé. Pourtant, elles se battent contre des obstacles disproportionnés. Comme le souligne Mario Draghi, depuis le début du 21e siècle, l'Europe s'inquiète du ralentissement de sa croissance et, malgré les efforts, la trajectoire reste inchangée. Le constat est frappant : la complexité administrative et réglementaire pèse lourdement sur nos entreprises, entravant leur développement. Plus de 55 % des PME considèrent la surcharge administrative comme leur plus grand défi. Les mesures proposées par Draghi pour simplifier ces processus sont une étape nécessaire. La réduction des obligations de reporting de 50 % permettrait de libérer du temps et des ressources pour investir dans des activités à plus forte valeur ajoutée. Un poste de vice-président pour la simplification au sein de la Commission européenne pourrait également contribuer à réduire ces freins, en facilitant une harmonisation des règles au sein du marché unique.
Pour maintenir la compétitivité de nos PME face à des concurrents internationaux, notamment en Chine, l’innovation doit être placée au coeur de la stratégie européenne. Draghi le rappelle : d’ici 2030, la Chine pourrait produire deux fois plus de panneaux photovoltaïques que la demande mondiale. Nos PME doivent donc bénéficier d’un meilleur accès aux nouvelles technologies, notamment à l'intelligence artificielle, pour automatiser les tâches administratives et améliorer leur efficacité. Actuellement, seulement 7 % des PME européennes ont adopté l’IA dans leurs opérations, contre 30 % des grandes entreprises. En encourageant l’adoption des technologies numériques et en facilitant leur accès au financement, nous pourrions relancer la productivité de nos PME et assurer leur compétitivité à long terme.
La transition écologique et numérique est un défi immense, mais elle doit également être perçue comme une opportunité de croissance pour nos PME. Aux États-Unis et en Chine, cette transition est au coeur des politiques économiques, considérée comme un moteur de développement et d’innovation. En Europe, nous sommes trop souvent freinés par une approche défensive face à ces changements. Pourtant, la transition verte peut offrir à nos PME un avantage compétitif si elles sont soutenues de manière adéquate. Il est crucial d’investir dans des technologies propres et de faciliter l’accès aux financements verts pour permettre à nos entreprises de se positionner en leaders sur ces marchés émergents. Si nos concurrents mondiaux ont intégré cette transition comme une source de croissance, il est impératif que l’Europe en fasse de même.
L’Europe se trouve à un tournant. Comme l’a dit Winston Churchill : "Il ne faut jamais gaspiller une bonne crise". Nos dirigeants doivent saisir cette opportunité pour réinventer le modèle économique européen. Investir massivement dans l’innovation et alléger la charge réglementaire permettra à nos PME de se développer, de créer de la valeur et de relancer la productivité. Mario Draghi nous met en garde : la procrastination ne peut mener qu’à des choix difficiles. Il est plus que temps d’agir pour protéger nos PME et renforcer la compétitivité de l’Europe. La transition écologique doit être vue comme une opportunité à saisir, pas comme une menace. C’est une question de survie économique et de prospérité future.