Interview
« On garantit que 95 % des citoyens vont trouver un point cash dans les cinq kilomètres »

C’est une époque désormais révolue. Au même titre que les cabines téléphoniques, qui ont toutes disparues du jour au lendemain, les distributeurs de cash se font de plus en plus rares en Belgique. Contrairement aux téléphones publics tombés en complète désuétude, l’argent liquide garde pourtant une certaine importance dans notre société. Batopin, via son nouveau réseau, entend faciliter l’accès au cash que l’on habite au fin fond des Ardennes ou en plein centre de Bruxelles. Un travail de longue haleine pour son CEO, Jeroen Ghysel, qui doit également composer avec certains préjugés de la population.

Où en est Batopin dans la mise en œuvre de son réseau en Belgique ?

Le déploiement progresse très bien. On ouvre un point de retrait de cash par jour ouvrable, voire un peu plus pour le dernier trimestre de 2024. Nous sommes présents à plus de 500 endroits en Belgique. Nous proposons trois concepts : le distributeur de billets mural classique, les « shops », c’est-à-dire les distributeurs à l’intérieur, mais aussi les kiosques. Ce sont des constructions un peu séparées qu’on peut par exemple retrouver sur un parking.

Rencontrez-vous des difficultés spécifiques dans cette mise en œuvre ?

Notre plus grand défi est de trouver le bon immeuble avec le bon emplacement. Nous avons aussi plusieurs points d'attention qui sont très importants pour nous. C'est entre autres l'accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. Et ce n’est pas toujours évident de trouver des immeubles qui correspondent à tous nos critères. On est d’ailleurs toujours à la recherche d’immeubles et chaque citoyen peut en proposer via notre site, cash.be. Chaque suggestion est la bienvenue.

Beaucoup de consommateurs et de commerçants déplorent la situation actuelle et préféraient quand le cash était accessible dans les banques. Êtes-vous conscient qu'il y a des attentes énormes à ce niveau-là ?

Nous sommes bien conscients des attentes. On ne peut pas nier qu’il y a de plus en plus de moyens de paiements mobiles, mais nous sommes convaincus que l'argent liquide n'est pas voué à disparaître. Il est donc nécessaire de trouver une solution d'accessibilité à l'argent liquide sur le long terme. Je veux insister sur le fait qu’on est en train de déployer un réseau complètement nouveau dans lequel on investit pour être présent sur le long terme. Mais on se rend aussi compte qu’un réseau de ce type représente un changement pour le consommateur et le commerçant qui n’est peut-être pas évident. Raison pour laquelle on investit aussi énormément dans l’accompagnement de ce changement. Notamment via les médias sociaux de manière très locale pour annoncer notre arrivée.

Il y a également beaucoup d’inquiétudes à propos de la sécurité…

Au niveau sécurité, j'aimerais parler de perception. Chaque commerçant, chaque utilisateur avait l'habitude de se rendre dans une agence bancaire. Un endroit qu’on associe souvent naturellement à un lieu sûr. Mais je peux vous dire qu’on bâtit un réseau qui répond à tous les critères de sécurité qui sont les plus sévères d’Europe.

Il est recommandé de garantir l'accès à un distributeur dans chaque noyau commercial et de s'assurer qu'ils sont accessibles à moins de dix minutes à pied d'une agglomération. Comment est-ce que vous comptez répondre à ces différentes exigences? 

Dans l’accord conclu avec les autorités, il y avait des critères de disponibilité et d’accessibilité auxquels on répond pleinement. Le nombre de points cash qu’on souhaite installer a évolué de 750 à 970. Grâce à notre réseau, on garantit que 95 % des citoyens vont trouver un point cash dans les cinq kilomètres, et dans la majorité des cas à une distance moindre. J’ajoute qu’on va s’installer dans certaines zones où il n’y avait plus de distributeurs de billets depuis cinq ans, particulièrement en Wallonie. Vu que c’est un nouveau réseau, on peut déterminer les lieux d’installation de nos points cash en fonction des réels besoins en cash. Ce qui n’était pas le cas des agences bancaires pour lesquels d’autres éléments entraient en compte.

L'accord actuel permet la fermeture des distributeurs générant moins de 20.000 retraits par an. Est-ce une clause qui est toujours pertinente ou faudrait-il la réévaluer ?

Soyons clairs là-dessus. Cette clause théorique stipule que, dans le cas où le point cash viendrait à fermer par manque de retraits, il devrait être replacé ailleurs. Ça ne change donc rien au niveau du nombre de distributeurs. Ceci étant dit, une fois qu'on a décidé de nous installer quelque part, c'est avec une vision de long terme. Ce sont des investissements considérables et on n'a pas en tête aujourd'hui des fermetures de sites.

 

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