Société | La pauvreté n'épargne pas les indépendantsUn public à risque, qu'il faut mieux protéger
La protection sociale des indépendants s'est améliorée, mais des progrès restent à accomplir. À l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre la pauvreté (17 octobre), l'UCM a dressé un état des lieux...
Selon la Fondation Roi Baudouin, 15 % des indépendants ont des revenus inférieurs au seuil de pauvreté, soit 1.115 euros par mois pour un isolé. C'est une proportion très importante. Le salaire minimum est de 1.532 euros par mois. Même en tenant compte des impôts, faibles sur un tel montant, on est au-dessus du seuil. Pour un fonctionnaire ou un salarié, il faut donc travailler à temps partiel pour courir le risque de ne pas atteindre 1.115 euros.
Le revenu net ne reflète pas totalement la réalité. Pour connaître le pouvoir d'achat d'une personne, il faut tenir compte de sa situation de ménage, de son épargne, d'éventuels revenus non professionnels... C'est pourquoi l'Union européenne a défini le critère de "privation matérielle", ou incapacité de faire face à certaines dépenses de base. Eurostat ne fait pas la différence entre les catégories sociales, mais l'Institut wallon des statistiques (Iweps) a fait l'exercice. Dans la Région, 6,8 % des indépendants seraient en état de privation matérielle.
Cela démontre que la population indépendante n'est pas immunisée contre la pauvreté, malgré les énormes avancées de ces dernières années : intégration des petits risques dans l'assurance obligatoire, égalisation des allocations familiales, pensions de retraite et d'invalidité alignées sur les minima des salariés, meilleure couverture de la maternité, de l'incapacité de travail...
Le calcul des cotisations sociales sur les revenus de l'année en cours (et non plus de trois ans auparavant) a supprimé un risque majeur. Le nombre de demandes de dispense de versement des cotisations, qui suppose un "état de besoin", a diminué de moitié : de 30.000 à 15.000 par an environ.
Le gouvernement a annoncé de nouvelles améliorations : réduction des cotisations réclamées aux starters, réduction d'un mois à deux semaines de la période d'attente avant de recevoir des indemnités d'incapacité de travail.
Il reste à faciliter l'adaptation à la baisse des versements de cotisations sociales en cas de diminution des revenus. Aujourd'hui, il faut passer sous le seuil de 13.300 euros ou celui de 26.600 euros pour pouvoir réduire ses versements. L'UCM demande au moins trois seuils supplémentaires. Par ailleurs, le droit passerelle, en cas d'arrêt de l'activité, doit être amélioré. Il faut quinze ans de carrière pour pouvoir prétendre au maximum possible de douze mois. Le système est trop rigide.