Commerce | Les présoldes, stop ou encore ?Des rabais 365 jours par an, non merci
Le ministre des Consommateurs CD&V Kris Peeters veut mettre fin à la période des présoldes. L'UCM et les commerçants concernés veulent modifier, pas supprimer. Ce serait aussi la fin des soldes...
C'est un sujet récurrent, un marronnier comme on dit dans les rédactions : deux fois par an, on se demande si les soldes et présoldes doivent rester en l'état, changer de date ou se transformer ? À l'approche des soldes d'hiver, le ministre de l'Économie et des Consommateurs Kris Peeters relance le débat en proposant de supprimer, bonnement et simplement, la période de présoldes. Celle-ci dure quatre semaines avant les soldes et les démarques sont interdites, sauf offres couplées ou réductions directes à la caisse. L'objectif est de garantir aux consommateurs que les réductions annoncées pendant les soldes se réfèrent bien à un prix réellement pratiqué et affiché, pendant quatre semaines au moins.
Selon le projet de loi du ministre, les ristournes pendant les soldes devront se référer à des prix appliqués pendant une période "suffisamment longue", sans autre précision.
Porte ouverte au chaos
Les présoldes, dans leur formule actuelle, ne conviennent pas à une large majorité des commerçants (83 %). Ils n'apprécient pas la possibilité des offres conjointes. Dans le secteur du textile, directement concerné, deux tiers des détaillants indépendants voudraient limiter les réductions aux périodes de soldes. Cet événement commercial est indispensable pour évacuer les stocks et reconstituer des liquidités. En dehors des mois de janvier et juillet, il est nécessaire de pouvoir vendre la plupart du temps à un prix "normal", calculé pour faire tourner son magasin.
La demande est donc de revoir les présoldes, en aucun cas de les supprimer. Ce serait ouvrir la voie à l'arsenal de réductions, offres, prix d'appel et autres prix d'ami que les grandes chaînes peuvent proposer toute l'année sur une partie de leur offre et ainsi mettre les commerçants indépendants dans une situation intenable.
Pour l'UCM, le projet de loi de Kris Peeters est une fuite en avant. Conserver les soldes, et donc une forme de présoldes, est un combat mené depuis de longues années, contre la dérégulation prônée par la Commission européenne et la volonté de l'Open VLD. En 2004, le Premier ministre Guy Verhofstadt avait fait inscrire la fin des soldes dans son programme gouvernemental. Cette intention a pu être contrée. L'enjeu est de donner au commerce de proximité les moyens de lutter à armes égales contre la grande distribution. Si la loi ne protège pas les "petits", les "grands" les mangeront et ce sera négatif pour l'emploi, la qualité de vie en ville, l'environnement et la diversité de choix. À terme, cela crée des risques de monopoles et d'ententes sur les prix.