Commerce | Enfin du concret contre le vol à l'étalageLa transaction financière, répressive et dissuasive
Le gouvernement fédéral a donné son feu vert à la transaction financière, sur le type des amendes routières, en cas de vol dans les magasins. Le système fonctionne très bien aux Pays-Bas.
Le vol à l'étalage est un fléau. Le dommage est estimé à 500 millions d'euros par an. Dans certains secteurs (librairie, textile...), les bénéfices peuvent être amputés de 30 %, voire davantage. Les commerçants déposent 5.400 plaintes par an, et cela ne représente que la partie émergée de l'iceberg. Les voleurs bénéficient en effet d'une sorte d'immunité. Les parquets, débordés, ne poursuivent pas les auteurs ou alors au bout de la dixième, quinzième ou vingtième infraction.
En quelque sorte, le vol à l'étalage est dans les faits toléré. Pour les commerçants, c'est extrêmement frustrant. Ils ont droit ou devraient avoir droit, comme n'importe quel citoyen, à la protection de leur personne et de leurs biens. De plus, ils constatent que des infractions mineures, comme un parking irrégulier, sont sanctionnées.
C'est précisément en s'inspirant des amendes routières que les Pays-Bas ont mis en œuvre, il y déjà des années, un système de transactions financières en cas de vol à l'étalage. Pris en flagrant délit, le voleur peut échapper à toute poursuite judiciaire s'il rend la marchandise et accepte de payer 180 euros. Il remplit pour cela, avec le commerçant, un document type, un formulaire agréé par un organisme de recouvrement. Celui-ci communique à la police et à la justice les transactions enregistrées, pour cerner les récidivistes. C'est lui qui réclame le paiement. Il garde 20 % et ristourne 80 % au commerçant victime, comme indemnisation.
Aux Pays-Bas, en 2016, trois quarts des transactions acceptées par les voleurs ont été effectivement payées, pour un montant total de près de 2,5 millions d'euros. Cela correspond à quelque 13.500 vols.
Le ministre des Indépendants et des PME, Denis Ducarme (MR), a le feu vert des ministres de la Justice (Koen Geens, CD&V) et de l'Intérieur (Jan Jambon, N-VA) pour mettre en place l'organisme de recouvrement. Il veut concrétiser le dispositif dans la première moitié de 2018.