Colloque | Bois et pierres de Wallonie : des (res)sources économiques d'avenirPlein succès
Plus d'une centaine de personnes (entrepreneurs, bureaux d'études et experts) ont participé, en novembre à Namur (Wierde), à un colloque consacré aux métiers du bois et de la pierre.
Les services 4ECO de l'UCM, en collaboration avec l'asbl Pierres et Marbres de Wallonie ainsi que l'Office économique wallon du bois (OEWB), ont organisé une demi-journée d'étude axée sur la valorisation des ressources naturelles wallonnes du bois et de la pierre. L'objectif était d'informer et sensibiliser les métiers du bois et de la pierre, et de la construction en général, ainsi que les prescripteurs (qu'ils soient architectes, services urbanistiques publics, bureaux d'études ou encore auditeurs PEB) au bien-fondé des activités relatives aux ressources locales et naturelles de Wallonie dans un monde économique en pleine mutation.
L'éco-conception comme fil rouge
Plusieurs orateurs, entrepreneurs et experts se sont succédé pour démontrer la nécessité d'une meilleure prise en compte des aspects environnementaux à toutes les étapes du cycle de vie des produits issus du bois et de la pierre : de l'extraction des matières premières à la fin de vie des produits, en passant par les stades de la transformation, de logistique et de transport ou encore de la consommation finale. Outre les bénéfices d'une gestion environnementale aboutie, les intervenants n'ont pas caché non plus les difficultés rencontrées au quotidien et les obstacles encore à surmonter.
Entre l'état des lieux environnemental plus que préoccupant et la concurrence extrême dans une économie mondialisée, ou encore la pénurie et l'envolée des coûts de nombreuses matières premières, les orateurs ont détaillé, avec force arguments, la pertinence de modifier fondamentalement notre façon de faire du business. Les entreprises Stabilame, Mobic, Rotor, Groupe Bodarwé et Recybois, dans leur démonstration, se sont révélées des modèles très inspirants de convergence des intérêts économiques, sociaux et environnementaux, d'autant plus qu'elles recherchent sans cesse de nouvelles pistes de changement et d'amélioration dans le but de demeurer compétitives.
Les experts de l'Université de Liège, de la Haute-École Helmo, du Cluster éco-construction, d'Houinfobois ou encore de la Confédération construction ont pu également débattre, éléments factuels à l'appui, de la nécessité de repenser notre modèle économique en intégrant les notions de circuits courts, de maintien du savoir-faire régional, du concept d'économie circulaire et des attentes des consommateurs. Ces derniers, selon leur sensibilité, ont également eu le choix d'assister aux ateliers relatifs aux clauses durables dans les marchés publics, aux exemples de réalisations concrètes de bâtiments avec des matériaux pierres et bois ou finalement des labels locaux. Dans ce cadre, Pierres et Marbres de Wallonie ainsi que l'OEWB ont présenté "Pierre locale" et "Bois local", qui ont pour but de mettre en avant l'expérience, le talent et les produits de leurs adhérents.
Entre espoir et désespoir
C'est à Philippe Defeyt qu'est revenue la tâche de synthétiser cet après-midi. Il n'a pu que se féliciter des formidables progrès engrangés depuis quelques années, des importantes innovations technologiques et environnementales des entreprises ou encore des projets de recherche et développement en cours, dans les secteurs du bois et de la pierre. Il a cependant ajouté que l'urgence était à nos portes et qu'il convenait d'accélérer le mouvement d'une économie moins prédatrice mais au contraire définitivement soucieuse et respectueuse des écosystèmes. Il a ainsi pointé le rôle trop prégnant de la finance mondiale où la spéculation est reine, le mouvement à la hausse des émissions de gaz à effet de serre, le caractère trop frileux et peu visionnaire des pouvoirs politiques à tous les niveaux. L'ancienne éminence grise des Écolos a également plaidé pour le financement d'outils d'analyse et d'aide à la décision afin d'aider les acteurs économiques à faire les bons choix.
En tout état de cause, le vieux monde n'est plus. Il convient de développer de nouvelles convergences et de décloisonner à tout va afin de promouvoir les solutions décarbonées, les filières de valorisation et de recyclage ainsi que la généralisation des méthodes d'éco-conception afin de limiter la production de déchets, dans un cadre de transparence et d'échanges de l'information. C'est ainsi que les métiers du bois et de la pierre, chers à notre économie régionale, retrouveront la place qu'ils méritent.