Bruxelles | Allocations familiales : la réforme patineIl est déjà trop tard pour tout changer en 2019
La Wallonie et la Flandre appliqueront en 2019 de nouveaux barèmes d'allocations familiales. Pour Bruxelles, c'est trop tard. L'UCM demande des mesures transitoires pour éviter de graves problèmes.
La sixième réforme de l'État a confié la politique des allocations familiales aux entités fédérées. La Wallonie et la Flandre ont pris les décisions nécessaires pour lancer leurs propres systèmes au 1er janvier 2019. Les caisses chargées d'opérer les versements ont été agréées et l'organisme contrôleur désigné. Il y aura quatre caisses dans chaque Région, dont l'UCM côté wallon, au lieu des onze fédérales actuellement. Les deux Régions ont aussi décidé de chambouler les barèmes.
Actuellement, le montant de base est de 94 euros pour le premier enfant, 174 pour le deuxième et 259 pour le troisième et le(s) suivant(s), avec des suppléments d'âge au-delà de six, douze et dix-huit ans. À partir de 2019, il y aura un tarif unique de 155 euros en Wallonie (160 euros en Flandre), quel que soit le rang de l'enfant, avec un supplément au-delà de dix-huit ans, en cas d'invalidité et pour les familles nombreuses, monoparentales ou à bas revenus. Important : le nouveau système ne vaut que pour les nouveaux enfants. Tous ceux qui seront nés avant 2019 auront les anciens barèmes au plus tard jusqu'à leurs 24 ans. La réforme ne sera donc achevée qu'en 2043 !
Originalité bruxelloise
À Bruxelles, il n'y a pas d'accord politique sur le système à mettre en place. Il y a deux points de discorde. D'abord sur le montant de base, que certains veulent plus bas qu'en Wallonie, à 140 euros, pour renforcer les suppléments. Ensuite sur le mode d'entrée en vigueur : certains veulent basculer d'un coup dans le nouveau système, sans attendre 2043.
Empêtrés dans cette discussion, les responsables bruxellois n'ont ni désigné d'organismes contrôleurs ni agréé les caisses chargées de distribuer les quelque 750 millions d'euros des allocations familiales dans les dix-neuf communes.
L'UCM a tiré le signal d'alarme. Si Bruxelles persiste à ne prendre aucune décision avant fin mars 2018, elle restera dépendante du système fédéral en 2019, ce qui va lui coûter très cher. L'urgence est donc de désigner les acteurs qui vont gérer les allocations. La prudence commande de ne pas leur imposer de nouveaux barèmes avant 2020, surtout s'ils sont très différents des pratiques en Flandre et en Wallonie.
L'UCM n'est pas seule à s'inquiéter du retard pris. Le Conseil économique et social bruxellois ainsi que des politiques dans l'opposition craignent des perturbations en 2019.
Vu les montants en jeu, les millions de personnes concernées, les diversités de situation, les changements constants des compositions de ménage..., calculer et verser les bons montants aux bonnes familles, en temps et en heure, suppose une énorme mécanique huilée, professionnelle, rodée. Il n'y a aucune place pour l'improvisation. L'enjeu est essentiel car 77 % des familles bruxelloises intègrent les allocations dans leur budget pour boucler la fin du mois et faire face aux frais de scolarité.