Caroline Cleppert, secrétaire générale UCM.
La publication du Belgium Digital Overview (2024) offre un éclairage précieux sur la digitalisation des entreprises belges. Si notre pays figure parmi les leaders européens en matière d’infrastructures numériques, il accuse un retard inquiétant dans l’adoption des technologies avancées, notamment par les PME. À peine 12,5 % des PME belges utilisent l’intelligence artificielle, une proportion qui reste faible malgré une progression récente. Plus préoccupant encore, près de 60 % des petites entreprises affichent un niveau d’intensité numérique faible ou très faible, un chiffre bien en dessous de la moyenne européenne.
Ces chiffres sont un signal d’alarme pour nos PME, en particulier en Wallonie et à Bruxelles, où la transition numérique reste souvent perçue comme un défi insurmontable. Les raisons invoquées sont multiples : coûts élevés, manque de compétences en interne, ou encore méconnaissance des solutions disponibles. Pourtant, dans un monde où les avancées technologiques s’accélèrent à une vitesse inédite, il est urgent d’agir. Internet a mis plusieurs décennies à révolutionner nos modes de travail, mais l’intelligence artificielle et les outils numériques avancés redessinent déjà les règles du jeu.
Loin d’être une contrainte, la digitalisation représente une opportunité majeure pour les PME. Les entreprises qui investissent dans des outils numériques constatent rapidement une amélioration de leur productivité et une diversification de leurs marchés. Par exemple, l’automatisation des processus, la facturation électronique ou encore l’analyse des données permet de gagner un temps précieux, tout en renforçant sa compétitivité face à une concurrence de plus en plus internationale. Pour les entrepreneurs wallons et bruxellois, il s’agit de transformer cette transition en levier de croissance. UCM s’engage aux côtés des indépendants et des PME pour faciliter cette évolution. Que ce soit par des formations, des aides technologiques ou des solutions pratiques, nous sommes convaincus que chaque entreprise, quel que soit son secteur, peut tirer parti de la révolution numérique.
Le rapport met également en lumière l’essor rapide de l’intelligence artificielle, une technologie qui redéfinit les modèles économiques et sociétaux. Ce développement soulève cependant des questions cruciales. Quels seront les impacts sur l’emploi ? Comment garantir que les petites entreprises, souvent en retard sur ces sujets, ne soient pas laissées sur le bord du chemin ? Pour inspirer une réflexion plus large, on peut se tourner vers les pays nordiques qui ont bien souvent une approche novatrice. Par exemple, les syndicats suédois n’ont pas peur des nouvelles technologies comme l’IA, mais ils craignent les anciennes technologies, celles qui rendent les entreprises obsolètes. Ce constat doit résonner particulièrement en Belgique. La digitalisation n’est pas une option : elle est une nécessité pour garantir la pérennité de nos entreprises face aux transformations du marché.
La publication du Belgium Digital Overview doit servir de déclencheur. Il est impératif que les pouvoirs publics, les fédérations patronales et les entrepreneurs travaillent main dans la main pour accélérer la transition numérique. Cela implique de multiplier les initiatives concrètes, comme les chèques technologiques renforcés, des programmes de formation gratuits ou subventionnés en compétences numériques, des incitants fiscaux spécifiques, un programme de mentorat numérique ou encore des partenariats entre entreprises et acteurs institutionnels. Ce n’est qu’en mobilisant tous les acteurs que nous pourrons faire de la digitalisation une réussite collective et garantir la compétitivité des PME belges à long terme.