Un premier artisan
en reconditionnement

La société Lugway à Ciney a acquis le titre d'artisan en reconditionnement. Une première wallonne dans ce secteur.

Christian Reenaers.

Christian Reenaers.

C'est une première en Wallonie. Le magasin Lugway, à Ciney, a reçu le statut d'artisan de la part du SPF Économie. L'enseigne est spécialisée dans la vente de produits télécoms. Mais c'est son atelier de reconditionnement, situé à l'étage du magasin, qui lui a permis de décrocher cette jolie distinction. Pour Christian Reenaers, le fondateur de l'entreprise, cette récompense est surtout un moyen de mettre en valeur le travail de qualité effectué quotidiennement dans son atelier. "Cette reconnaissance est excessivement importante car le reconditionnement n'a pas encore de lignes directrices ni de garde-fous. On avait beau être convaincus qu'on faisait le maximum, on avait aussi envie d'être reconnus", explique l'entrepreneur. "Je voulais prouver au consommateur qu'on allait le plus loin possible dans notre démarche de reconditionnement. Cela lui montre que le produit qu'on lui promet n'est pas un chat dans un sac."

Le terme d'artisan ne semble pas naturel quand on pense à un atelier/magasin de reconditionnement de télécoms. Au contraire du boulanger ou de l'ébéniste. Ce qui n'empêche pas Lugway de remplir tous les critères établis par le SPF pour obtenir ce label.

Ils sont au nombre de trois :

  1. être inscrit à la Banque-Carrefour des Entreprises comme personne physique ou morale pour l’exercice d’au moins une activité ayant un but lucratif ;
  2. employer moins de vingt travailleurs ;
  3. exercer au moins une activité lucrative qui consiste en la production, la transformation, la réparation ou la restauration de biens, ou la prestation de services.

"Au départ, je me disais honnêtement que je ne pourrais pas demander ce statut. Puis, en me renseignant, je me suis rendu compte qu'on rentrait parfaitement dans les critères. C'est juste que personne n'avait encore émis cette hypothèse", lance Christian Reenaers qui souhaiterait maintenant aller plus loin. "C'était la première manière de labelliser nos marchandises. Cela a aussi peut-être permis de réveiller cette institution pour qu'elle s'intéresse à notre domaine car, pour l'instant, je me trouve dans la catégorie 'autre'. Je désire vraiment qu'on commence à cadrer notre métier afin que le produit reconditionné soit reconnu par des statuts bien établis. C'est une arme à double-tranchant, mais on rencontre tout et n'importe quoi dans le secteur. Ce qui est très déplorable pour le bien reconditionné parce que cela lui donne une mauvaise image".

Un maximum de transparence

Chaque pièce de l'appareil est vérifiée.

Chaque pièce de l'appareil est vérifiée.

Cette distinction d'artisan, Lugway la doit à l'ensemble de son process. Qualité, attention au local, service après-vente, transparence… Tous ces points sont poussés à leur paroxysme au service du client. Notamment le dernier. Chaque personne qui franchit les portes du magasin peut ainsi demander à visiter l'atelier. Cette transparence se retrouve en outre au niveau du produit en lui-même. Un QR code placé sur chaque emballage permet de découvrir toutes ses informations. On y trouve bien entendu son numéro de série et son origine, mais pas seulement. Les pièces remplacées et les résultats des différents tests réalisés sur l'appareil reconditionné sont clairement indiqués. Pour la batterie, le client a donc accès à son efficacité – la pièce est changée si le seuil de 85 % n’est pas atteint – mais aussi, et c'est beaucoup plus rare, au nombre de cycles de la machine. C'est-à-dire le nombre de charges complètes qu'elle a subies durant sa première vie. Un paramètre essentiel sachant que, pour un iPhone, une batterie normale est conçue pour conserver jusqu’à 80 % de sa capacité d’origine au bout de 500 cycles.

Les pièces réutilisées proviennent, elles, d'autres appareils irrécupérables ou de fournisseurs qui proposent des pièces de substitution. Vu qu'il n'en existe pas en Belgique, ce sont des intermédiaires français, allemands et néerlandais qui sont privilégiés. "On va favoriser des pièces reconditionnées, car cela implique qu'elles ont déjà fait le trajet depuis l'Asie. On diminue donc encore leur empreinte. Mais si on ne trouve pas de pièces reconditionnées, on les achète auprès de ces fournisseurs", détaille Christian Reenaers.

Le dirigeant tient également à rassurer ceux qui craignent pour la durée de vie de leur appareil en optant pour du reconditionné. "Vous pouvez acquérir un nouveau smartphone aujourd'hui et le garder pendant dix ans en l'utilisant comme un bon père de famille. Après, l'obsolescence des logiciels entre évidemment en compte. Un appareil reconditionné pourra lui aussi avoir une durée de vie très importante car il aura été remis en état pour ressembler à 99 % à un neuf vu que toutes les pièces d'usure sont testées".

Au petit jeu du reconditionnement, certaines marques font davantage d'efforts que d'autres. Ce sont les appareils d'Apple qui donnent le plus de fil à retordre aux travailleurs du secteur. L'exemple le plus médiatisé est la longue bataille que ce sont livrés l'Europe et la marque à la pomme au sujet du chargeur Lightning, finalement remplacé sur les derniers modèles par le classique USB-C. Mais ce n'est que la face cachée de l'iceberg. "On s'efforce à contourner cette mauvaise volonté d'Apple en développant de nouvelles méthodes de travail, en recherchant du matériel et des logiciels afin de pallier ce choix. On a fini par trouver des applications capables de restaurer des informations comme Apple pourrait le faire car cela reste de l'informatique. Cela permet de passer outre cette problématique que l'on retrouve très peu chez d'autres marques", pointe Christian Reenaers.

https://lugway.be/
https://www.belgiumrefurbished.be/

Un succès grandissant

Les produits reconditionnés sont mis en évidence.

Les produits reconditionnés sont mis en évidence.

L'intérêt pour le reconditionné est de plus en plus important au sein de la population belge. À côté de l'aspect économique, c'est la démarche écologique qui séduit une majorité d'acheteurs. Ces derniers ont pris conscience de ce que représente la fabrication d'un appareil électronique. "Cette catégorie de clients est prête à dépenser plusieurs centaines d'euros dans un smartphone. Elle souhaite se faire plaisir avec une technologie haut de gamme sans se mettre de barrières. C'est vraiment l'aspect écologique qui compte". Preuve de son sérieux, le magasin commence également à accueillir des gens qui se déplacent de toute la Wallonie pour y acquérir des produits. Une situation renforcée par le lancement d'un site web début octobre et la possibilité de récupérer son appareil via un système "click & collect". "On a eu une fois une personne qui vit maintenant à la côte, mais qui a effectué le chemin pour venir chez nous. Ce n'est pas une majorité, mais cela nous conforte dans notre démarche de proximité du consommateur", se réjouit Christian Reenaers. À l'heure actuelle, 30 % des produits vendus chez Lugway sont reconditionnés pour 70 % de neufs. L’ambition est d'arriver à un équilibre 50/50. "C'est mon rêve absolu, le Saint-Graal, parce qu'il faut écouler de nouveaux appareils pour faire du reconditionné. Si on parvient à ce 50/50, on aura réellement atteint notre objectif". Au niveau du type d'appareils reconditionnés vendus, la proportion est similaire au marché du neuf. Les smartphones restent ainsi une priorité du consommateur, devant l'ordinateur qui retrouve du poil de la bête et les tablettes qui sont vues comme un bien qui s'inscrit dans la durée dans les ménages car moins souvent utilisées.

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