Optimiser son package salarial

Les rémunérations alternatives représentent un des meilleurs moyens d'attirer et de fidéliser des collaborateurs tout en gardant sous contrôle ses charges salariales.

 Clément Dormal

En Belgique, les coûts salariaux représentent une part importante des dépenses des entreprises. Il faut en effet payer les cotisations patronales (± 35 %),
les cotisations personnelles du travailleur (13,07 %)
et le précompte professionnel. Résultat, le salarié est généralement déçu de ce qu'il reçoit effectivement sur son compte en banque par rapport à ce que son patron, lui, verse tous les mois. Cette différence considérable n'est cependant pas une fatalité et peut-être atténuée grâce aux (nombreuses) rémunérations alternatives qui existent chez nous. Trop souvent, l’augmentation de la rétribution brute reste la seule piste envisagée par le chef d’entreprise pour attirer et fidéliser du personnel. Une solution pourtant très onéreuse et peu avantageuse, alors que d'autres options permettent d’accroitre le pouvoir d’achat de ses travailleurs moyennant un coût minimal pour l'employeur. De quoi maîtriser un maximum ses charges salariales.
Autre argument non négligeable : ces autres moyens de paiement constituent un levier important pour garder ses collaborateurs motivés au quotidien. Des salariés motivés et engagés seront plus performants mais aussi plus fidèles à leur société. Optimiser son package salarial est donc une opération gagnant-gagnant de ce point de vue. Il s'agit de plus d'une excellente technique pour attirer de nouveaux talents.
Un atout essentiel quand on sait qu'environ un chef de PME sur trois (30,3 %) déclare avoir du mal à trouver les profils nécessaires pour développer son business. Une proportion qui ne cesse d'augmenter depuis plusieurs mois. Offrir un package salarial moderne et concurrentiel est donc une des solutions les plus efficaces pour séduire des talents prêts à s'engager dans la durée dans sa boite.

Des chèques pour consommer

Mais il est parfois difficile de s'y retrouver tant les possibilités sont multiples et variées. L'avantage le plus répandu en Belgique est le chèque-repas. Il est calculé en fonction du nombre de journées de travail effectives du collaborateur. Ce dernier peut toucher 1.760 euros net par an grâce à ce coup de pouce destiné à intervenir dans les frais de repas ou de nourriture. Les chèques-repas sont exonérés à 100 %
de cotisations patronales et personnelles de sécurité sociale. Ce sont les champions toutes catégories des avantages extra-légaux. Sous certaines conditions, ils sont également exonérés du calcul du précompte professionnel. Les employeurs peuvent finalement déduire deux euros par chèque-repas, peu importe leur valeur (maximum huit euros). Le système des éco-chèques est globalement assez similaire. Ce revenu supplémentaire doit être utilisé par le salarié pour acheter des produits écologiques (ampoules LED, produits de beauté naturels, produits bio, sacs de pellets, électroménagers A+, plantes, vacances…). Il est exonéré à 100 %
de charges sociales. Fiscalement et écologiquement intéressants, les éco-chèques sont valables deux ans et acceptés dans de nombreuses enseignes. Ils permettent par ailleurs de contribuer un peu plus au développement durable tout en montrant que son entreprise prend en compte les questions environnementales. Un autre aspect important pour attirer de jeunes collaborateurs, de plus en plus sensibilisés à ces questions. Dans la catégorie chèques, restent ceux destinés à la culture, au sport, ou les simples cadeaux.
Pouvant atteindre une valeur de cent euros, les deux premiers sont intégralement exonérés de charges sociales pour l'employeur et sont non imposables pour les salariés. Les chèques cadeaux doivent, eux, être octroyés sous certaines conditions bien précises pour bénéficier de l’exonération sociale et fiscale :
40 euros maximum dans le cadre des fêtes de fin d'année, jusqu'à 245 euros en cas de mariage ou de cohabitation légale, 120 euros pour la remise d'une distinction honorifique officielle ou civile hors du cadre de l'entreprise, de 120 à 1.000 euros pour le départ à la retraite… Les occasions sont au final assez nombreuses.

La voiture de société

Un autre bonus accordé à de nombreux salariés belges est la voiture de société. Cette mise à disposition peut être directe (le véhicule appartenant à l’entreprise) ou indirecte (le véhicule étant loué ou emprunté). Dès lors que le travailleur ou le dirigeant d’entreprise peut utiliser ce véhicule pour son usage privé (faire ses courses, se rendre à son club de sport, aller chercher ses enfants à l’école, partir en vacances…), il s'agit d'un avantage rémunératoire dans son chef. L’employeur doit dès lors verser à l’ONSS une cotisation de solidarité appelée cotisation CO2. À noter que les voitures de société des dirigeants d’entreprise ne sont pas visées par celle-ci.
Aucune cotisation sociale n’est cependant due par le collaborateur sur cet avantage. Il est par contre taxable dans le chef du travailleur ou du dirigeant d’entreprise. Cet avantage est en principe évalué forfaitairement, soumis à une retenue à titre de précompte professionnel et déclaré sur la fiche fiscale individuelle.
Depuis 2020, la mesure dans laquelle les frais de voiture sont fiscalement déductibles par l’employeur, personne physique ou société, se calcule, elle, sur la base du taux d’émission CO2, du type de carburant utilisé et des CV fiscaux (puissance du véhicule).
De 2023 à 2031, ce système de déductibilité fiscale est profondément réformé en vue de verdir sensiblement le parc des voitures de société en Belgique. La grande gagnante de ce changement est la voiture électrique.
La suppression de la déductibilité fiscale des voitures produisant du CO2 est en effet prévue dès 2026. Un régime transitoire est toutefois programmé pour celles acquises, louées ou prises en leasing avant 2026. Suivra ensuite une limitation progressive, de 2027 à 2031, de la déductibilité fiscale des voitures de société zéro carbone jusqu’à maximum 67,5 %.
Les employeurs qui le désirent peuvent opter pour d'autres avantages liés à la mobilité. Ils vont du vélo de société à un abonnement aux transports en commun en passant par le remboursement des frais de déplacement.

Et les autres

D'autres avantages gardent particulièrement la cote auprès des travailleurs et représentent un véritable atout pour les sociétés. C'est notamment le cas des avantages qui tournent autour de la santé ou du bien-être : assurance hospitalisation, campagne de vaccination, assurance groupe, infrastructures sportives, télétravail et horaires flottants… Il en va de même pour le remboursement de frais, comme la connexion internet à domicile ou ceux liés au télétravail, et la mise à disposition de matériel multimédia à titre professionnel comme privé.

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