Un e-commerce écologique : possible ?

Difficile d'évaluer l'impact environnemental du commerce en ligne tant il y a de paramètres en jeu : distance de livraison, mode de transport, emballage, infrastructures logistiques et comportements des consommateurs. Quelques conseils…

Delphine Verstraeten & Isabelle Polet

Optimiser la logistique

Il est primordial de travailler sur les chaînes d'approvisionnement et les processus logistiques afin de réduire les distances de livraison, de perfectionner le chargement des camions, de minimiser les déplacements inutiles et les retours à vide.
L'optimisation logistique passe également par l'amélioration de l'utilisation des ressources telles que les énergies, l'eau… Concrètement, cela signifie investir dans les énergies renouvelables mais aussi mettre en place des mesures d'efficacité énergétique en recourant à des technologies d'éclairage efficient dans les halls de stockage… ou encore en récupérant l'eau de pluie pour l'entretien des véhicules.
Enfin, la mise en place d'un système de gestion des déchets efficace dans les entrepôts et centres de distribution s'impose.

Repenser l'emballage

Qui n'a jamais reçu un tout petit objet dans un grand carton rempli de bulles d'air en plastique ? Il convient, primo, d'utiliser des matériaux recyclés et recyclables ou recyclés comme emballage. Secundo, de se munir de différentes tailles de boîtes pour faire correspondre au mieux les dimensions de l'emballage au contenu, afin de ne pas transporter de l'air et ainsi de réduire le volume du colis à traiter. Tertio, on peut trouver des alternatives au papier bulle : de la frisure de carton recyclé, du kraft ondulé, des boules de mousse biodégradable, des fibres de calage textile recyclées… Quarto, on veillera à apposer des étiquettes claires sur les emballages, indiquant les matériaux qui les composent et les instructions de recyclage appropriées. De quoi permettre aux consommateurs de savoir comment gérer correctement les emballages des produits reçus. Et pour aller plus loin, on peut repenser le concept même d'emballage, en pensant logistique inverse : collecte ou retour des emballages. La société française Hipli a, par exemple, inventé un emballage réutilisable jusqu'à 100 fois, soit par le particulier qui l'a réceptionné soit, moyennant renvoi à l'expéditeur, par le professionnel pour préparer de nouveaux colis.

 

Les consignes automatiques sont accessibles 24 h/24.

Livraisons

Le dernier kilomètre à parcourir pour livrer coûte très cher, tant au niveau financier (20 %
du coût total de la livraison) qu'au niveau écologique (25 % des émissions de gaz à effet de serre). Pour ne pas aggraver le bilan carbone de cette opération, le plus important est que le transporteur puisse livrer le colis dès son premier passage au domicile de l'acheteur. Organiser la tournée en tenant compte des disponibilités du client évitera les aller-retours inutiles entre l'entrepôt, le domicile ou encore un point d'enlèvement. Cela dit, des alternatives à la livraison à domicile permettent au livreur de mutualiser les trajets et d'ainsi livrer plusieurs colis d'un seul coup. On pense notamment aux points relais ou aux consignes automatiques accessibles à n'importe quel moment du jour ou de la nuit.
Pour aller plus loin, le transporteur Homerr a lancé un réseau durable et social via des points relais et des points de quartiers entre voisins en Belgique et aux Pays-Bas. Cette entreprise de livraison se sert des voyages déjà existants en exploitant le volume encore libre auprès des transporteurs. Afin d'économiser du CO2, les livraisons ne sont pas réalisées quotidiennement, mais prennent entre trois et cinq jours ouvrables.
Par ailleurs, si les courses sont assurées par l'entreprise même, il faut se pencher sur l'impact des véhicules. Le type de carburant est le premier élément à réfléchir, mais on peut également agir sur l'optimisation de la consommation de carburant grâce à la méthode de conduite des chauffeurs. Il existe des formations en écoconduite afin d'apprendre les bons gestes pour réduire la consommation. Enfin, en milieu urbain, on privilégiera la livraison par vélo cargo pour son empreinte carbone faible et sa facilité de circulation jusqu'au domicile de l'acheteur.

Diminuer les retours

Selon Statista (plateforme allemande de statistiques sur des données de marché internationales), 38 % des consommateurs belges ont renvoyé un produit acheté en ligne en 2018. Ce trajet retour, celui qui démarre de l'acheteur pour revenir jusqu'au vendeur, a lui aussi un impact environnemental et non des moindres.
Pour contrer ce phénomène, il convient de fournir un maximum d'informations sur le produit en amont de la commande : des descriptions détaillées, des images représentatives, des guides de taille précis, des caractéristiques techniques, pour aider les consommateurs à faire des choix plus éclairés. La transparence est en outre de mise sur l'état des stocks, sur les délais de livraison…
Enfin, l'on peut mettre en place des incitants à la réduction des retours impulsifs, comme la facturation des frais de renvoi.
Sensibiliser le consommateur
Une certaine "éducation" des consommateurs, quant au choix et aux pratiques des achats en ligne, joue également un rôle clé. On peut, par exemple, les encourager à prendre des décisions plus conscientes en choisissant des alternatives durables, les inviter à opter pour un délai de livraison plus long (générant moins d'impact) ou pour une livraison en point relais, les conscientiser afin d'éviter les achats et retours impulsifs ou excessifs.
Certaines entreprises mettent à disposition un "éco-score" en détail de chaque article présenté pour aider l'internaute à opérer un choix raisonné. D'autres vont pousser plus loin et s'appuyer sur un marketing anticonsumériste. C'est le cas de Patagonia (fabricant californien de vêtements de sport) avec sa célèbre campagne "Don't buy this jacket" ("N'achetez pas cette veste") informant le consommateur de toutes les possibilités qui s'offrent à lui avant d'acheter un vêtement neuf.

Réduire l'impact écologique de l'activité numérique

Choisir des hébergeurs et des fournisseurs de services utilisant des serveurs et data centers alimentés par des sources d'énergie renouvelable est judicieux. On peut également avoir un impact bénéfique direct sur la consommation de données et d'énergie en affichant des contenus allégés (optimisation des images en choisissant le bon format, en réduisant la taille…).
Précieux pour trouver des astuces afin d'optimiser un e-shop, l'outil de mesure ecoindex.fr donne une note de A à F sur la qualité du site et une approximation des émissions de CO2. UCM propose, de son côté, un guide "Green IT" qui renseigne des actions concrètes à mettre en place.

En savoir plus

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