La Pilerie

Accueil d'adultes déficients mentaux

Un accompagnement spécifique

22/08/22

En Hainaut, le groupe La Pilerie accueille des adultes déficients mentaux dans des résidences de vingt à trente places. L'institution est passée d'une maison en 1996 à huit aujourd'hui.

Jean-Christophe de Wasseige

En ce vendredi d'été, c'est l'effervescence dans les jardins de "La Pilerie", une maison située à Momignies, au fin fond de la botte du Hainaut. Cette résidence pour personnes handicapées mentales tient sa journée portes ouvertes. C'est l'occasion pour les locataires, leurs familles et leurs encadrants de se retrouver dans un cadre festif. À l'intérieur d'un chapiteau installé dans la cour, les spectacles se succèdent. Après deux ans de Covid difficilement vécus, le rendez-vous fait du bien.

"La Pilerie" relève d'une SRL éponyme qui gère plusieurs établissements du même type dans le Hainaut. "L'histoire remonte à 1996, raconte la directrice générale, Florence Jarecki. À l'époque, mes parents ont eu l'idée d'ouvrir une première maison d'accueil à Givry, puis une seconde au cœur de Mons. Mon père, ingénieur architecte, s'est occupé des bâtiments. Ma mère, infirmière, a supervisé le volet médical."

Licenciée en gestion du non-marchand (Fucam), Florence Jarecki reprend l'affaire en 2005. Elle poursuit le développement et ouvre la maison de Momignies. "Une bâtisse dans laquelle, autrefois, on pilait le verre." D'où le nom. Au fil des années, d'autres résidences sont inaugurées. Aujourd'hui, la société en gère huit, hébergeant 172 personnes et employant 150 équivalents temps plein.

Particularité : tous ces résidents sont… français. Cela fait longtemps, en effet, que la Belgique est devenue une terre d'accueil pour les personnes handicapées d'outre-Quiévrain. Chez nos voisins, les centres spécialisés sont rares et les listes d'attente interminables. Les prises en charge se font soit par les familles elles-mêmes, soit carrément par les hôpitaux psychiatriques.

Face à cette carence, nombre de familles françaises ont donc opté donc pour un "exil belge". L'expression est couramment utilisée. Selon des chiffres récents, il y aurait 8.500 Français déficients mentaux dans les institutions de Wallonie. "Les familles paient une partie de la pension et les autorités françaises – les Départements – interviennent dans les frais d'hébergement, précise Alain Noël, le directeur administratif et financier. Nos établissements sont inspectés chaque année par les administrations de santé wallonne Aviq (Agence pour une vie de qualité, NDLR) et française ARS (Agence régionale de santé, NDLR)." La Pilerie dispose d'une autorisation de prise en charge (APC) délivrée par l'Aviq.

Ces dernières années, la France a décidé de réagir. Des moyens ont été dégagés pour créer des places dans l'Hexagone. Un moratoire a aussi été annoncé sur les remboursements pour tous les nouveaux hébergés en Belgique (ceux déjà acceptés ne sont pas concernés). Avec quelles conséquences pour le groupe hennuyer ? S'ils ont des interrogations, ses responsables comptent sur des liens de longue date avec les familles, hôpitaux et Départements français pour continuer à se distinguer. Ainsi que sur leur expérience en matière de services adaptés.

L'approche éducative

À ce propos, l'institution pratique depuis toujours l'approche éducative. "Face à la problématique du handicap mental, nous croyons aux bienfaits des lieux de vie, explique la directrice. Si leur cadre de vie est adapté, nous pensons que ces patients peuvent se maintenir à un niveau stable voire, dans le meilleur des cas, évoluer. Tout est fait pour les stimuler et les amener vers plus d'autonomie. D'où, par exemple, nos animations régulières : bricolage, atelier cuisine, piscine, jardinage, visites de musées…"

De même, chacune des huit maisons a été pensée pour un public précis : "Azimut" (Givry) prend en charge les personnes aux pathologies les plus lourdes ; "La Pilerie" (Momignies) celles qui ont besoin de calme ; "Cigalou" (Rouveroy) les plus âgées ; "Hermione" (Harchies) les personnes à mobilité réduite ; "Au cœur de la ville" et "Égide" (Mons) celles qui sont en phase de socialisation ; "Chrysalide" (Mons) celles qui sont proches de l'indépendance. Enfin, le studio "Chez Nous" est un SLS, un service de logement supervisé. Là, les locataires mènent leur propre vie et un éducateur passe régulièrement.

Pour l'avenir, La Pilerie a encore des projets, malgré les inconnues de la politique de santé française. Un second SLS est en chantier. De nouvelles chambres vont également être aménagées au sein de l'établissement "Hermione". Enfin, les spécialisations des différents lieux de vie vont être renforcées. "L'optique restera la même : procurer aux résidents l'accompagnement qui est le plus en phase avec leur situation."

Carte d'identité de l'entreprise

La Pilerie SRL

rue du Charbonnage 27
7120 Estinnes-au-Val

065/ 22 07 60

Une gestion RH digitalisée

Dans certains métiers, les charges administratives sont spécifiques et justifient de passer au numérique. C'est le cas à La Pilerie. "Comme dans toutes les institutions de soins, l'encadrement des résidents doit toujours être assuré, précise Nathalie Defrance, la responsable du service du personnel. Quand nos collègues du médical, paramédical ou social partent en congé ou s'absentent, il faut les remplacer. Pour cela, nous disposons d'une réserve de collaborateurs extérieurs et de stagiaires. Mais cela signifie que nous avons énormément d'entrées et sorties à déclarer à l'ONSS (Dimona). Et qu'en interne, il s'agit d'établir et tenir à jour des plannings."

Une seconde spécificité concerne les salaires. "Comme le personnel preste aussi la nuit et le week-end, il a droit à des sursalaires. Or, ces suppléments varient : semaine, samedi en jour, samedi de nuit, dimanche…" Pour établir tout cela, La Pilerie utilise des pointeuses digitales qui relèvent les présences et temps de travail. Ces données alimentent ensuite un logiciel de gestion. En l'occurrence, Kelio édité par la société Bodet. Celui-ci gère les contrats, établit les salaires et sursalaires, produit les calendriers. Enfin, ces fichiers sont envoyés sur appipay, la plateforme de ressources humaines d'UCM, pour confirmation officielle. "Au final, les tâches d'administration sont, par ces biais, grandement facilitées."

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