L'Association belge des jardineries, membre UCMUne ruée inédite en période de pandémie
Durant la crise Covid, nombre de ménages se sont mis ou remis au jardinage. Tout bonus pour les commerces de plantes et graminées. Mais l'année 2022 risque d'être moins faste.
Avec les confinements, les limitations des voyages et le télétravail, les Belges ont retrouvé du temps et des moyens pour embellir leur jardin et leur maison. Ils en ont profité pour planter des fleurs, scarifier le gazon, garnir le salon de plantes… Pour les jardineries et pépinières, 2020 et 2021 furent d'excellentes années. Leur chiffre d'affaires a augmenté de 20 % en moyenne. "Notre secteur est sorti gagnant de la crise corona", confirme Dirk Ballekens, le directeur de l'Association belge des jardineries (ABJ).
Cette fédération est née voici une dizaine d'années. À l'époque, les acteurs wallons ont cherché à se regrouper et se sont naturellement tournés vers la BTV, la Belgische tuincentra vereniging, bien établie en Flandre (celle-ci fête ses 25 printemps cette année). Les deux organisations ont donc créé des liens. En fait, elles disposent chacune de leur propre conseil d'administration mais partagent un secrétariat, basé à Audenarde. Ce secrétariat, c'est Dirk Ballekens qui en est la cheville ouvrière.
"Ensemble, la BTV et l'ABJ comptent 170 membres : 105 pour la première et 65 pour la seconde. Ce nombre comprend les trente établissements qui se sont rajoutés depuis la crise corona, dont dix en Wallonie. C'est une progression remarquable. Les entreprises de notre secteur se sont rendu compte de l'intérêt à s'affilier quand notre action a permis aux jardineries et pépinières de rester ouvertes durant les confinements. En Allemagne ou aux Pays-Bas, par exemple, ce ne fut pas le cas."
Les profils des membres sont variés. On trouve des réseaux comme Sévéa, Delbard, Oh'Green ou plusieurs magasins du groupe Horta. Des chaînes étrangères comme la néerlandaise Intratuin ou la française Jardiland. Des enseignes de taille moyenne comme Tournesols dans la région de Charleroi. Et de nombreux magasins uniques. À noter que, parfois, ces indépendants ont en commun une même centrale d'achat.
Plantes et autres produits
La concurrence est rude. Les grandes surfaces, les magasins de bricolage, les multinationales d'ameublement (Ikea), les sites d'e-commerce, tous sont devenus de gros vendeurs de plantes. Cependant, les jardineries ont, elles-mêmes, largement débordé de leur cœur de métier. Donc match nul, pourrait-on dire. Depuis belle lurette, elles commercialisent meubles, outils, articles de décoration, luminaires, articles pour animaux, accessoires pour Noël, piscines hors sol, boissons…
Cette diversification permet de rythmer l'activité. En janvier et en février, la nature est à l'arrêt et la clientèle clairsemée. La meilleure période démarre à la mi-mars et s'étire jusqu'à la mi-juin, avec un point culminant en mai, la saison des repiquages et plantations. Arrivent ensuite deux autres pics : à la Toussaint, pour les chrysanthèmes, et avant Noël, pour les sapins, guirlandes, crèches et illuminations.
Cette année, l'activité sera probablement moins frénétique. "2022 sera un test, un retour à la normalité, estime Dirk Ballekens. Avec l'inflation, les Belges risquent de perdre en pouvoir d'achat. De même, comme ils se sont bien équipés en 2020 et 2021, ils n'auront plus besoin d'autant de matériel. Enfin, de notre côté, pour certains produits, les problèmes d'approvisionnement dus à la reprise post-corona risquent de perdurer." Côté consommation, la principale tendance restera la durabilité. "Aujourd'hui, les clients veulent des produits sains, biologiques, locaux. Il y a un vrai retour au terroir. Surtout en Wallonie."
Outre la défense et la promotion du secteur, l'ABJ rend des services à ses membres. Cela passe par un magazine trimestriel, des newsletters, des formations (en particulier à la vente de produits phytopharmaceutiques), l'élection de la "Meilleure jardinerie" tous les trois ans (la prochaine aura lieu en 2023) ou, quand la pandémie sera calmée, des séminaires et des voyages d'étude.
Parmi les problématiques suivies par l'association figure l'aménagement du territoire. La raison ? Les jardineries et pépinières ont besoin de vastes surfaces pour stocker les plantes. Les plus petites font 1.000 m² ; les plus grandes vont au-delà des 10.000 m². Or, les prix au mètre carré sont très élevés dans les zonings, tandis qu'il est difficile de s'installer en dehors des zones commerciales. "La conséquence est que cela freine la création d'activité. Quasi seules les reprises de sites existants sont possibles. Ce qui n'est pas idéal."
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