Prodipresse, organisation professionnelle membre UCMDes libraires toujours plus diversifiés
Il y a longtemps que journaux, tabac et produits de loterie ne rapportent plus autant qu'autrefois. Les buralistes ont donc dû ajouter d'autres produits à leur offre. Cette évolution se poursuit.
Qui ne connaît pas son libraire presse ? Sa devanture est au coin de la rue. À l'aube, il est un des premiers à l'ouvrage, pour réceptionner et mettre en place les journaux. Entre autres. Le plus souvent, on ne le côtoie qu'une minute au quotidien. Sa journée à lui tire facilement vers les douze heures de travail. Six jours sur sept. C'est le côté sacerdoce du métier.
Si bon nombre sont des passionnés, d'autres n'en peuvent plus et arrêtent. On comptait 1.077 libraires presse à Bruxelles et en Wallonie en janvier 2016 ; seulement 808 en décembre 2020. "Néanmoins, la situation s'améliore ; le nombre de points de vente se stabilise désormais", affirme Xavier Deville, le président de Prodipresse, la fédération francophone de la profession, lui-même libraire presse à Liège. Ces chiffres valent pour les indépendants, pas pour les magasins qui appartiennent à des chaînes.
Cette stabilisation s'explique notamment par le retour en grâce des commerces de proximité. Le dynamisme des gérants y est aussi pour quelque chose. "Une nouvelle génération est arrivée. Elle a été obligée de s'adapter aux multiples évolutions de notre époque. Ne compter que sur les ventes de la trilogie traditionnelle – journaux, tabac et loterie –, c'est bien fini. Il faut pousser plus loin la diversification."
En effet, les ventes de la presse reculent depuis des lustres. "Chaque année, la moyenne est de - 8 % en volume. L'exercice 2020 a toutefois fait exception, engrangeant une petite croissance de 1 %. Les citoyens avaient besoin de trouver de l'information fiable sur la crise du coronavirus. En restant ouverts durant les confinements et en étant considérés comme essentiels, les libraires presse ont contribué à la diffusion de cette information… et aussi au fonctionnement démocratique."
L'étroitesse des marges
En ce qui concerne le tabac, d'autres commerces font concurrence, comme les magasins de nuit, les stations-service ou la grande distribution. "En Belgique, on compte 13.500 points où acheter du tabac, contre 24.500 en France. Cherchez l'erreur…" La population française est presque six fois plus nombreuse que la belge ! Quant aux jeux, la Loterie nationale a commencé à ouvrir ses propres "Lottery Shops" dans nos centres-villes en 2019.
Et puis, ces produits traditionnels ont des prix imposés. Pour les libraires presse, cela signifie des marges à la fois fixes et… serrées. Ainsi, sur un chiffre d'affaires de 1.000 euros en journaux, un libraire presse ne touche que 200 à 250 euros. Sur 1.000 euros en tabac, c'est 60 euros. En jeux de loterie, encore 60 euros. Mais en papeterie, c'est 450 euros. L'intérêt de proposer d'autres produits en complément est donc évident.
Les libraires presse se sont ainsi mués en boutiques multifonctions. On trouve déjà chez eux boissons, snacks, livres, photocopies, points de collecte Bpost… Commencent à apparaître d'autres biens, plus exclusifs : jouets, maroquinerie, alcools fins, articles cadeaux, parfums, bougies… "Cela part souvent d'une envie du libraire presse lui-même, explique Xavier Deville. Dans le même temps, cela doit s'accompagner d'une réflexion. Il faut interroger les clients, évaluer la demande, observer ce qu'offrent les autres commerces aux alentours…"
La même réflexion est nécessaire pour aménager les rayons au mieux et rendre le magasin attrayant. Ensemble, ces deux mesures servent à augmenter le passage et susciter les achats d'impulsion. Crucial. "En ce domaine, il n'y a pas de recette toute faite. Les libraires presse d'aujourd'hui sont de vrais entrepreneurs : ils cherchent des idées, étudient leur marché, se forment, font des investissements, se remettent en question."
En tant que fédération, Prodipresse promeut et accompagne toutes ces démarches. Via sa revue Prodipresse Mag, sa page Facebook (où les membres s'échangent des conseils), ses études ou encore ses visites régulières sur le terrain. Côté revendications, trois parmi d'autres sont avancées. Un : qu'une définition plus précise du métier soit arrêtée sur le plan légal. Deux : que le nombre de points de vente de tabac soit réduit, afin que les buralistes retrouvent une spécialisation en ce domaine. Trois : que des contrôles plus sévères soient menés dans certains petits magasins de nuit qui, sous couvert de vendre l'un ou l'autre journal, bénéficient d'horaires d'ouverture élargis.
[ prodipresse.be }
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