Les PME liégeoises Métaux Emboutis et Étienne Bonne Fortune viennent d'unir leurs destinées, sous l'impulsion de l'entrepreneur Grégory Pelzer. MEBF amorce un virage historique et technologique.
Isabelle Morgante
Chacune de leur côté, les entreprises Métaux Emboutis (Herstal) et Étienne Bonne Fortune (Grâce-Hollogne), toutes deux actrices du passé sidérurgique du bassin liégeois, développent une expertise reconnue et appréciée. Alors que l'une et l'autre arrivaient à la fin d'un cycle, un entrepreneur vient d'unir leurs destinées pour leur assurer avenir, développement et innovation technologique.
Grégory Pelzer est ingénieur civil de formation, spécialisé dans l'électromécanique et l'électricité. Polyvalent, il a enchaîné les postes de recherche à l'ULiège et d'ingénierie dans plusieurs entreprises liégeoises. Développement de lignes de production et des produits connexes, pérennisation des outils existants : le fil conducteur de son parcours professionnel se traduit par une volonté constante d'amélioration de l'entreprise pour laquelle il met à profit ses compétences.
"À mon cursus d'ingénieur, j'ai ajouté une formation qui m'ouvrait l'accès à un poste de supply chain manager. Je suis un touche-à-tout qui aime les challenges. Travailler dans un cabinet de consultance m'a permis de lancer plusieurs chantiers novateurs. Avec mes deux frères Fabrice et Pascal, nous avons constitué une belle équipe, pour relever les défis et surtout les concrétiser. Nous étions véritablement satisfaits lorsque les choses fonctionnaient et que les collaborateurs adhéraient à ces changements. Parfois, il fallait du temps pour parvenir à cette phase d'acceptation car le système mis en place offre un confort qu'il est parfois compliqué d'abandonner", résume-t-il.
La place de la famille
Au fil des années, Grégory Pelzer acquiert des compétences qui lui donnent l'envie d'entreprendre. Au bout de cinq années de consultance, il estime avoir fait le tour de la question, d'autant que sa famille s'est agrandie. "Mon épouse et moi étions parents de deux petits garçons que je ne voyais pas grandir car je ne comptais pas mes heures. Si les résultats me boostaient, mes déplacements à l'étranger m'éloignaient des miens. J'en suis donc revenu à un dernier poste salarié, dans une entreprise emblématique, liée à l'armement. Les notions de rigueur, de confidentialité et l'esprit de corps me plaisaient." Cette expérience se termine en 2016, elle confirme qu'il est temps de voler de ses propres ailes.
"C'est à ce moment que j'effectue mon audit personnel en posant mes envies, mes compétences et mes matières préférentielles sur papier." L'opportunité de racheter une entreprise n'aboutit pas, mais réveille l'envie de Grégory et ses deux frères de se lancer dans une aventure commune. Ainsi, une première plateforme de soutien au commerce local voit le jour puis s'éteint doucement, permettant à la fratrie d'apprendre de ses erreurs.
"En 2016, nous avons appris qu'une société renommée qui fournissait de grands donneurs d'ordre était à vendre, c'était l'opportunité à ne pas laisser passer." La PME Étienne Bonne Fortune compte une trentaine de salariés, pour les trois quarts ouvriers. Une culture d'entreprise solidement ancrée au bout de cinquante années d'existence n'est guère facile à modifier. "Chez EBF, il y avait cette frontière entre les bureaux et les ateliers, que nous avons veillé à réduire, tout en développant de nouveaux marchés et produits. Mis sur table, les résultats financiers de l'entreprise nous ont obligés au non-renouvellement des intérimaires et à la suppression de quelques postes, mais nous avons réussi à sauver les meubles, pour finalement atteindre le niveau d'une PME rentable et humaine", se souvient l'entrepreneur.
Au fil des années, les collaborateurs acquièrent de nouvelles compétences, notamment lorsque EBF prend en charge, aux prémices du confinement et des gestes barrière, la fabrication de son premier caisson de désinfection de chariots de supermarché (UV Flash).
Fusion pour le meilleur
Les mois passent et un constat s'impose : Étienne Bonne Fortune a besoin de place pour se développer. Un nouveau chapitre doit se dessiner sérieusement. L'opportunité viendra de Métaux Emboutis, une entreprise industrielle spécialisée dans la tôlerie, le découpage et une dizaine d'autres techniques maîtrisées.
Installée à Herstal, l'entreprise Métaux Emboutis est gérée par la quatrième génération de la famille fondatrice Rosemboom et compte une quinzaine de collaborateurs. Mais surtout, elle dispose d'un atelier de plus de 6.000 m², soit le quadruple d'EBF. "La fusion des deux PME familiales nous a permis d'étoffer nos compétences, d'ouvrir de nouveaux marchés et de toucher à de nouvelles technologies", s'enthousiasme Grégory Pelzer. Et pour preuve : de grands noms liés à l'industrie du bassin pourraient bientôt venir s'ajouter dans le carnet de commande.
Le déménagement des lourdes et imposantes machines d'EBF, organisé sur une période de six mois, est à présent terminé. Le bâtiment de Grâce-Hollogne a été vendu et l'entièreté des salariés des deux entreprises travaillent aujourd'hui sous le même toit, à Herstal. Désormais, il faut parler de MEBF.
"Le potentiel est énorme, nous sommes en train de mettre en place un nouveau management et d'optimiser les processus, tandis que les collaborateurs prennent leurs marques. Il faut modifier les habitudes de travail et de circulation dans des bâtiments bien plus grands qu'avant mais je pense que, de manière générale, les équipes sont contentes."
L'évolution passera immanquablement par l'innovation et la complémentarité des compétences. La digitalisation de l'entreprise est en marche, l'alliance avec des partenaires externes est ouverte, notamment pour partager des ressources et augmenter l'offre de services. En résumé, une stratégie qui donne de nouvelles perspectives et un nouvel élan à l'international, entre autres. "Nous sommes confiants en l'avenir. Nous cumulons 150 ans de compétences, ce n'est pas rien à fusionner", termine l'entrepreneur liégeois.
Grégory Pelzer est désormais responsable de la destinée de MEBF.
L'avenir de MEBF est synonyme d'innovation, digitalisation et complémentarité.
Marcel Rosemboom (à droite) porte le même prénom que son papa, fondateur de Métaux Emboutis. Il est encore présent chaque jour sur le site de l'entreprise herstalienne.
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