Circuits courts : 15 % de progression par an

Le circuit court est un mode de consommation avec deux caractéristiques principales : la dimension locale et un minimum d'intermédiaires entre le producteur et le consommateur. La crise sanitaire a renforcé sa croissance.

Les circuits courts étaient la règle avant l'arrivée des grandes surfaces dans les années 1960. Longtemps dévalorisés, ils connaissent depuis une dizaine d'années un nouvel essor. Les produits locaux ont (ré)émergé dans nos habitudes de consommation, particulièrement dans le domaine de l'alimentation, mais l'engouement des consommateurs pour cette pratique gagne bien d'autres domaines, comme la construction, la mode ou l'énergie.

Ce retour en force a plusieurs causes. La mise en place de circuits courts garantit un approvisionnement durable et permet une meilleure traçabilité des produits, notamment alimentaires. Les bénéfices environnementaux et sociaux sont importants. Les gaspillages d'énergie sont limités et l'activité locale, ainsi que l'emploi, sont mieux soutenus. Une conséquence vertueuse est le développement d'une économie circulaire et donc durable. Les activités s'articulent les unes aux autres pour former des cycles et limiter la production de déchets et l'utilisation de matières premières importées et non renouvelables.

Les circuits courts véhiculent un ensemble de valeurs qui rencontrent de plus en plus les attentes des clients : aujourd'hui, la croissance du local est aussi rapide que celle de l'e-commerce, c'est-à-dire d'environ 15 % par an.

Sécurité et solidarité

Le succès croissant de la proximité incite les entrepreneurs à développer des gammes de produits issus des circuits courts et pousse les commerçants à les distribuer. Les points de vente basés sur ce concept se multiplient, où la réduction des emballages devient aussi un atout. Les multinationales de la distribution sont laissées de côté et le prix ne doit plus inclure la rémunération de divers transporteurs, de conditionneurs industriels, de la publicité et du marketing, de nombreux ingrédients chimiques pour la conservation, le goût, la couleur… Les producteurs peuvent être rémunérés au juste prix et leur travail est reconnu. Les consommateurs ont une garantie de fraîcheur, de qualité et d'authenticité des produits.

La crise sanitaire que nous traversons a renforcé la tendance à consommer local. Confinés, de plus en plus de Belges se sont tournés vers la proximité : selon Biowallonie, entre mars et mai 2020, 75 % des agriculteurs ont vu leurs revenus augmenter et tous ceux qui pratiquent le circuit court et la vente directe ont noté une hausse significative.

La pandémie a stimulé la réflexion sur notre dépendance aux échanges mondiaux et a renforcé la tendance à chercher à s'approvisionner près de chez soi. Dans les premiers jours de la crise, à l'annonce du confinement, les Belges se sont rués sur les supermarchés, vidant parfois les rayons, notamment de produits secs. Par la suite, les circuits courts sont apparus comme une solution naturelle. Par mesure de sécurité sanitaire ou par solidarité, beaucoup de citoyens ont délaissé les supermarchés et se sont tournés vers les producteurs locaux de leur région pour faire leurs provisions.

Pour que le succès des circuits courts en cette période de pandémie ne soit pas qu'un feu de paille, la motivation des consommateurs va être déterminante. La consommation locale suppose un changement d'habitudes. En effet, certaines matières premières exotiques ne sont pas utilisées. En alimentation, se limiter aux produits de saison réduit également l'offre. Cela va à l'encontre des besoins créés par le marketing de la grande distribution, qui promet un choix infini 365 jours par an.

De plus, malgré la suppression de la plupart des intermédiaires, certains produits locaux coûtent plus cher que des concurrents élaborés de façon industrielle dans des pays où les règles sociales et environnementales sont laxistes. Or, la question du prix est bien entendu essentielle pour de nombreux consommateurs, qui n'ont donc pas accès à l'ensemble des circuits courts.

Accompagnement UCM spécifique

UCM compte plus de vingt ans d'expérience d'une part en accompagnement des starters, d'autre part en sensibilisation des entrepreneurs à l'économie durable. Depuis ses débuts, le "service vert" aide au respect des règles en matière d'environnement et aux économies d'énergie. Ses experts ont étendu leurs compétences aux nouveaux modes de production et de consommation (circuits courts, économie circulaire ou de la fonctionnalité).

Ces deux compétences historiques ont été rapprochées pour proposer aux indépendants et chefs de PME, starters ou pas, un accompagnement personnalisé "circuits courts".

L'objectif est de développer, en alimentation ou non, "une offre porteuse et rentable". Il s'agit de se différencier, mais dans le respect des conditions de vie d'une entreprise. Il faut répondre aux attentes des consommateurs et donc définir le public cible, connaître et respecter ses attentes et ses habitudes. Selon l'activité de l'entrepreneur, l'expert va analyser le marché en fonction d'études et d'analyses existantes et de retours d'expérience.

Le conseiller UCM peut envisager toutes les potentialités de la méthode circuit court sur les fournitures, la distribution et le fonctionnement. Il veille au respect des contraintes et législations diverses, en particulier dans le secteur alimentaire (normes Afsca).

Le service circuits courts aborde le projet dans son entièreté. Il inclut une analyse des éléments financiers, fiscaux, sociaux, juridiques et commerciaux du projet. Le tout débouche sur un business plan réaliste, qui évalue la rentabilité du projet et peut servir à décrocher un financement auprès des banques et/ou des acteurs publics.

Qui ne suffit pas ! Quand l'entreprise s'est différenciée, quand elle propose un "plus", il faut le faire savoir. Les conseillers UCM ont une connaissance des canaux de communication, aident à se poser les bonnes questions pour l'indispensable présence sur le web, en fonction des cibles et objectifs.

Grâce au soutien de la Région wallonne, l'accompagnement peut être subsidié à hauteur de 80 % via les chèques-entreprises. Il n'y a donc que 20 % du coût et la TVA à charge de l'entrepreneur.

En savoir plus

Pour davantage d'informations sur notre accompagnement "circuits courts", contactez un conseiller UCM…

078/15 01 58

[ starter@ucm.be }

Un travail d'éducation permanente

Depuis 1984, Paul Mathieu est à la barre des magasins liégeois Al'Binète. Véritable précurseur de l'alimentation bio et en circuit court, il porte un regard éclairé sur cette tendance de consommation.

Paul Mathieu a vendu ses produits sur les marchés pendant vingt ans avant d'ouvrir son premier magasin. Pour lui, si on consommait différemment dans l'hémisphère nord, ça se passerait beaucoup mieux dans le sud.

La démarche des époux Mathieu, depuis l'ouverture du premier magasin au cœur de Liège, est avant tout sociétale. "Nous nous différencions de la concurrence par l'orientation produits frais. Lorsque nous avons ouvert notre quatrième magasin à Sainte-Walburge, nous sommes passés de 8.000 à 1.000 références pour ne privilégier que les produits frais, le vrac et un rayon boucherie", résume le chef d'entreprise.

Et si le circuit court est de plus en plus reconnu, il va au-delà du phénomène de mode. "Notre métier n'est pas seulement d'être commerçants, c'est un projet de vie, doublé d'un boulot d'éducation permanente et de valeurs fondamentales. En gros, c'est l'enfance de l'art ! Nos clients ont un rôle sociétal bien plus important qu'ils ne le croient."

Riche de souvenirs d'enfance où il achetait du lait cru dans une ferme voisine, Paul Mathieu prône le circuit court. "On n'a rien inventé dans le zéro déchet, nos grands-parents le faisaient déjà ! Je conseille toujours à mes clients d'aller visiter l'élevage de poules dont je vends les œufs et les champs où poussent les légumes. Le circuit court, c'est clairement un retour à l'essentiel, c'est aussi oser dire non aux clients en bannissant des produits hors saison !"

Et de conclure : "Nous sommes clairs et transparents dans notre démarche, mais pas extrémistes. Il existe des structures qui font des choses intéressantes, il faut le reconnaître. Il y a cinquante ans, la grande distribution a fait mourir les petits épiciers de quartier. Nous devons absolument éviter d'être le prédateur qui, à son tour, ferait mourir un commerce."

Depuis le début de la crise sanitaire, Al'Binète a gagné de la clientèle, de moins en moins décomplexée d'entrer dans des magasins où jadis, les carottes avaient des trous et sentaient l'encens… de l'aveu même du chef d'entreprise.

Les clients achètent l'histoire du produit

Nars et Perrine ont fondé en 2016 Cycad, une entreprise de location de vélos en bambou fabriqués en Belgique. Acteurs de l'économie circulaire contemporaine, ils vendent un produit et son histoire.

Nars fabrique et loue des vélos en bambou depuis 2016. L'évolution des tendances en matière de mobilité conforte l'entreprise Cycad dans sa ligne de conduite.

Nars est philippin, ses mains en or conçoivent des cadres de vélo. En Belgique, il a fondé Cycad avec Perrine, sa compagne. Cycad fabrique et met des vélos et des draisiennes en bambou en location, selon une formule "tout-en-un" : entretien, réparation et accessoires. L'activité a été boostée par la crise sanitaire.

"Nos vélos sont assemblés et produits à 80 % avec des pièces bruxelloises et/ou belges. Nous ne faisons appel aux pays les plus limitrophes que lorsque nous manquons de solutions chez nous, comme pour nos batteries qui proviennent d'Allemagne. D'ailleurs, on cherche encore un fournisseur local de changement de vitesse et de moyeux", détaille Perrine.

"Nos fournisseurs connaissent l'histoire de leurs produits. Les bambous utilisés poussent dans les jardins bruxellois et alentours. Nous les récupérons soit grâce aux appels aux dons via les réseaux sociaux, soit auprès des entrepreneurs de jardins qui nous les confient après avoir travaillé chez des clients." Aujourd'hui, la flotte de Cycad compte cinquante vélos… et va crescendo. Un vélo, ça devient une denrée rare et les ruptures de stock sont monnaie courante. Ainsi, le fait de travailler avec des fournisseurs connus préserve Cycad, puisque l'entreprise développe des contacts directs lui donnant un accès privilégié pour l'approvisionnement en pièces. "Ensemble, nous assurons une qualité et un suivi d'amélioration du produit. Nous pouvons dire au fournisseur si la pièce ne fonctionne pas bien. Ensemble, on va réaliser des tests, améliorer. Travailler en circuit court, c'est bien connaître l'histoire du produit. Et nos clients y sont très sensibles. On sait raconter pourquoi on le fait."

Pour Perrine, l'économie circulaire a vraiment du sens. D'habitude, un vélo sur cinq part en hivernage. Cette année, quatre nouveaux vélos ont dû être construits pour répondre à la demande.

[ cycad.be }

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