À la découverte des artisans

Attention !!! La Journée de l’Artisan 2020 ne pourra avoir lieu.
Elle se déclinera tout au long du mois de décembre dans un nouveau concept. C'est un moment privilégié où les projecteurs seront dirigés sur le talent et le savoir-faire des professionnels de l'artisanat certifié.

Isabelle Morgante

Le scénario est identique fil des années. Durant tout un dimanche, les artisans lèvent un coin du voile sur l'envers de leur décor. Ainsi, le visiteur a exceptionnellement accès à la boutique ou à l'atelier, au quotidien d'une activité qui constitue un art à part entière.

Cette journée est l'occasion d'aller à la rencontre des artisans pour, par exemple, nouer des liens commerciaux et trouver de nouveaux partenaires, de nouvelles collaborations.

Mise sur pied depuis 2006 par le SPF Économie (administration), soutenue par le ministre des Indépendants et des PME, la Journée de l'artisan est aussi la possibilité d'attirer de nouveaux clients potentiels.

Les artisans inscrits ont tous fait l'objet d'une reconnaissance légale par la Commission artisans du SPF Économie (lire par ailleurs). Pour se faire connaître auprès du public, ils ont bénéficié d'un kit de promotion : dépliants, affiches, bannières, signalisation, etc. Leur activité est présentée en détail sur le site de la Journée de l'artisan et sur sa carte interactive.

Davantage d'informations auprès des organisateurs au 0800/120 33 et sur le web.

[ journeedelartisan.be }

Comment se faire certifier ?

Le chemin de la certification n'est parsemé ni d'embûches ni de virages tortueux mais plutôt de bon sens, de rigueur et d'une expertise incontournable.

C'est la Commission artisans du SPF Économie qui accorde la reconnaissance, consacrant ainsi le caractère authentique de l'activité, l'aspect manuel du travail et le savoir-faire artisanal.

Grâce au logo qui lui est délivré, l'artisan bénéficie d'une plus grande visibilité. Depuis 2016, ce ne sont pas moins de 1.100 artisans qui ont obtenu le saint graal. Ils figurent tous dans un répertoire mis à jour continuellement.

Pour introduire la demande de certification, il suffit de se rendre sur le site lesartisans.be et d'y remplir le formulaire de renseignements. La Commission sera sensible à un dossier précis et riche d'informations sur l'activité, expliquant les techniques privilégiées, le tout agrémenté de supports visuels.

À noter que la reconnaissance n'est possible que si le professionnel est inscrit à la Banque-carrefour des entreprises (BCE) comme personne physique ou morale pour l'exercice d'une ou plusieurs activités ayant but lucratif, qu'il compte moins de vingt travailleurs et que son activité consiste en la production, la transformation, la réparation ou la restauration d'objets ou encore la prestation de services. Pour l'octroi de la reconnaissance, la Commission artisans tient compte des aspects essentiellement manuels et du caractère authentique de l'activité, du savoir-faire axé sur la qualité, la tradition, la création ou l'innovation.

La Commission prend sa décision au plus tard deux mois après la réception du formulaire dûment complété. Ce délai est prolongé de trente jours en cas d'enquête sur place.

La reconnaissance de la qualité d'artisan a une durée de six ans. Elle prend cours dès le premier jour qui suit la date de la décision favorable.

[ lesartisans.be }

Un statut encore à définir

Loin du modèle français nettement plus protecteur, le statut de l'artisan belge doit être encore défini, renforcé, protégé et enrichi.

Pour UCM, nombreuses sont les mesures à mettre en œuvre en faveur de l'artisan, cet indépendant qui "assure à la fois la production et la vente/distribution de son produit ou service."

  • Il conviendrait de créer un véritable encadrement artisanal belge composé d'un éventail de soutiens financiers, de création d'activités, d'aides à la formation à l'embauche, etc.
  • Étendre la reconnaissance à ceux qui exercent à titre complémentaire pourrait constituer un tremplin vers une activité principale.
  • Un taux de TVA à 6 % devrait être généralisé pour les artisans.
    Accepter les éco-chèques pour le règlement des achats de produits artisanaux et/ou issus des circuits courts est une autre piste à suivre.
  • Il faut mettre en place un véritable enseignement de qualité, orienté vers les TPE et PME. À ce propos, l'IFAPME propose dès cette rentrée une formation "artisan chef d'entreprise" pour les plus de 18 ans. Ouverte dans les seize centres wallons, cette filière est taillée sur mesure pour former dans le secteur de l'artisanat dit rare ou en péril. Présenté en binôme (artisan formateur et apprenant), le cursus de deux ans est assorti d'une prime de soutien de 260 euros par mois pour l'artisan formateur, s'il est certifié SPF Économie.
  • Il serait porteur de réaffecter et aménager des friches industrielles en lieux d'accueil et espaces de location pour les artisans.
  • Enfin, UCM demande aux villes et communes d'accorder aux artisans des réductions voire la gratuité pour des emplacements lors d'événements saisonniers tels que les marchés de Noël, ou sur des foires et salons lorsque ces derniers ne sont pas organisés par les pouvoirs publics.

Préserver un savoir-faire

"Les Lutins", c'est Ariane et Denis Kairet. Ils produisent 1.000 litres de glace par semaine et sont viscéralement attachés à leur terroir et aux bonnes choses qu'il donne.

Ariane et Denis Kairet sont artisans glaciers à Falaën (province de Namur). Plus qu'un métier, c'est une passion que le couple entend préserver via le label d'artisanat certifié.

Ils ont mis l'artisanat et l'amour des choses bien faites au cœur de leur quotidien. "Les Lutins" – c'est le nom de leur établissement – est installé depuis vingt ans sur la place de Falaën (Onhaye). L'an passé, le tea-room a été considérablement agrandi. Il reçoit la visite d'écoles, d'entreprises en teambuilding et autres amateurs de balades gourmandes. À la turbine et au fouet, comme d'autres sont au four et au moulin, les époux Kairet sont labellisés "artisanat certifié" depuis presque cinq ans. "Ce label protège notre métier. Ni plus ni moins. Nous transformons des produits nobles de A à Z. Nous créons ; ailleurs, on assemble. C'est parce que nous confectionnons de la glace avec du lait de ferme de la région et des fruits des exploitations voisines que nous considérons ne pas faire le même métier que d'autres. Nous avons gagné notre label et nous le revendiquons."

Lauréat du travail, meilleur artisan glacier de Belgique, Denis Kairet est né dans une ferme. C'est en ses murs qu'il a commencé la production de crème glacée il y a 25 ans.

"Dans un litre de glace, il y a un demi-litre de lait de ferme d'ici et jamais d'ailleurs. Le lait a une saveur qui change au fil des saisons, le beurre aussi. Ces nuances, on ne les retrouve jamais dans les glaces industrielles", résume l'artisan. Si le top 3 reste vanille, chocolat et pistache, les époux Kairet ont aussi enrichi leur gamme de glaces salées comme celle au gorgonzola ou celle aux chicons, utilisées par des restaurateurs en quête de nouveautés, ouvrant ainsi de nouvelles portes vers d'autres courbes du terroir wallon. "Nous n'utilisons que des produits haut de gamme, comme le chocolat de Sigoji à Ciney ou la pistache de Bronté. Notre entreprise, ce sont des personnes. Un artisan est un être humain avant tout, ce label reflète notre personnalité. Jamais il ne pourra être bradé."

L'excellence en Vitrine

Un concours annuel peut booster la carrière de celui ou celle qui fait des merveilles de ses mains : la Vitrine de l'artisan. La sélection 2020 est connue. Jury et public attribueront les prix.

Ils sont jeunes ou ont déjà quelques belles années d'activité derrière eux, sont issus de toutes les régions de Belgique et ont de la suite dans les idées. Eux, ce sont les lauréats de la Vitrine de l'artisan 2020, désignés par un jury dont UCM fait partie. Ce concours, qui en est à sa 15e édition, vise l'excellence, la mise en évidence du savoir-faire, la sensibilisation du grand public et la vocation à faire naître auprès des jeunes.

Pour la lauréate 2017 Euphrasie Mbamba (en deuxième place sur la photo), créatrice des chocolats Sigoji, le concours a été un véritable tremplin entrepreneurial.

Pratiquement, c'est durant ce mois d'octobre que le jury va à la rencontre des lauréats dans leur atelier ou boutique. Jusqu'à début novembre, le public est invité à voter en ligne, et c'est le mardi 17 à Bruxelles que les prix seront remis.

Reste donc à départager : Eva Jacobs & Francesco Genduso, créateurs de cosmétiques et savonniers à Bruxelles (be-indigene.be) ; Alexis Fronistas, transformateur de véhicules à Thuin (lacaravanepasse.eu) ; Alicia Rossi & Ismael Baddouh, restaurateurs/traiteurs de Saint-Ghislain (lenoirbonnet.be) ; Caroline Kerbusch, cheffe cuisinière d'une conserverie à Fosses-la-Ville (passionlocale.be) ; Christel Carlier, créatrice de cosmétiques à La Bruyère (washwashcousin.be) ; Lotte Martens, designer textile/sérigraphe à Louvain (lottemartens.com) ; Filip Redant, créateur et restaurateur de sols et objets de luxe en bois à Malines (atelierpassepartout.be) ; Tom Hermans, fabricant et réparateur de vélos à Louvain (fietsenhermans.be) ; Kitty Spaenjers, orfèvre de Hasselt (pauwelsspaenjers.eu) ; Job Verpoorte, fabricant de planches de surf à Bruges (jabalisurfboards.com).

Pour les découvrir et participer au vote, il suffit de visiter le site du concours.

[ lavitrinedelartisan.com }

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