Corica traverse les modes, les siècles et les orages depuis 1850 à Bruxelles. L'après-coronavirus se dessine pour Harold Anciaux, 31 ans, torréfacteur aux commandes de l'entreprise depuis une décennie.
Isabelle Morgante
L'an 1850 s'écoule paisiblement dans le jeune pays Belgique, au rythme d'élections législatives et malgré un coup de grisou meurtrier au cœur du Pays noir. À Bruxelles, la populaire rue Haute compte désormais un commerce de plus, une brûlerie, qui embaumera le quartier des Marolles des effluves de cafés torréfiés. Ce sont les premiers pas de l'entreprise, qui sera reprise au fil du temps par différentes familles et baptisée d'abord Samoka puis Corica en 1984.
1991 marque le déménagement de la rue Haute vers la rue du Marché aux Poulets, où le commerce déploie encore aujourd'hui ses notes parfumées du bout du monde. L'endroit est couru par un public hétéroclite, expatrié, amateur de cafés et de thés, qui s'offre ainsi un voyage au long cours pour quelques pièces de monnaie.
"L'aventure Corica a commencé pour nous en 2011. J'ai toujours été réfractaire à l'école, raison pour laquelle j'ai commencé à travailler très tôt, d'autant que mes parents ne voulaient pas entretenir mon oisiveté. J'ai enchaîné des petits boulots, peu qualifiés, sans lesquels j'aurais pu tourner très mal", résume Harold Anciaux, l'actuel gérant.
"À mon retour d'un voyage de cinq mois au Canada, ma mère et moi avons eu plusieurs entrevues pour parler de mon avenir. L'une de ces conversations a eu lieu chez Corica, et c'est là qu'elle m'a proposé de reprendre l'activité commerciale avec elle. C'était en 2010, j'avais 21 ans et une connaissance du café qui se résumait à peu de chose près à celui dans lequel je trempais ma tartine quand j'avais 7 ans."
La gestion d'une entreprise et la comptabilité ne sont alors que de vagues notions pour le jeune homme, mais cela ne le décourage pas, lui qui développe une idée avant de terminer la précédente. Pour réussir, il s'entoure de personnes-ressources et prend les conseils aux meilleures adresses.
"Je n'ai pas hésité à me faire aider et accompagner par des amis dont c'est la formation. Et je n'ai jamais pris de décisions lourdes sans en parler avec des personnes compétentes, même si j'ai pris quelques belles claques, peut-être par vantardise. Depuis, je suis définitivement retombé sur terre."
Ces aléas n'ont jamais empêché l'enseigne Corica de se développer. Au contraire puisqu'un second magasin a ouvert ses portes en 2016, rue Caroly, à l'ombre du quartier européen (établissement temporairement fermé durant la période de confinement). Aujourd'hui, ce sont Harold et son épouse Marie-Émerence qui tiennent le gouvernail de Corica, la maman d'Harold goûtant à la sérénité de la retraite active.
Moins mais mieux
Entreprise florissante, chère au cœur du gargantuesque consommateur de café qu'est le Belge, Corica a traversé l'ouragan Covid-19. "Nous étions dix dans l'entreprise avant la crise sanitaire mondiale et n'avons malheureusement pas pu renouveler deux contrats à durée déterminée. L'atelier de production de Charleroi (racheté en 2019) a également été mis à l'arrêt. Nous avons perdu 35 % de notre chiffre d'affaires mais avons fait le gros dos, en puisant dans quelques réserves de trésorerie. Je pense que nous sommes chanceux vis-à-vis de certains partenaires. Nous avons pu maintenir ouvert le magasin de la rue du Marché aux Poulets et avons travaillé sur l'e-shop, qui fonctionne très bien. En nous recentrant sur notre entreprise, nous pouvons voir comment l'économie va se redessiner et très certainement changer. La crise nous a bien secoués ! Je suis persuadé que l'échange d'argent liquide va diminuer et que nous sommes à l'aube d'une révolution comme l'industrielle ou la digitale. Le processus est le même, sauf qu'ici, les gens veulent du temps."
Du temps et du plaisir, qui passent notamment par la sélection de produits de qualité. Consommer moins mais mieux. Ainsi, pour garantir l'excellence de leurs produits torréfiés à Bruxelles, Harold et Marie-Émerence ont préféré restreindre la gamme développée sous leur enseigne. Vingt-cinq cafés et une dizaine de thés composent l'éventail. "Nous les proposons sur notre site internet, finalisé en décembre dernier. Avant, celui-ci représentait quelques ventes anecdotiques mais avec le confinement, les ventes en ligne se sont envolées. Nous avons développé le marketing digital et investi en créant des actions sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, c'est une quinzaine de commandes quotidiennes, et nous ne comptons pas nous arrêter en si bon chemin."
Reconnue à travers le monde pour la qualité de ses produits, Corica signe souvent de belles exportations avec des clients d'Amérique ou de la péninsule Arabique ; la palme revenant à cet habitant de Dubaï qui fit une commande de 11.000 euros en cafés et machines !
"Je pense que les gens vont intégrer l'idée que si l'on veut un bas prix, on n'a pas le service car lui aussi a une valeur. Par exemple, nous vendons du café en pack de 5 kilos à prix très attractif mais c'est de la marchandise en grains, payable au comptant. Il n'y a pas de fioritures. Si l'on veut des quantités moindres, il faut venir au magasin où l'on prodigue des conseils et on assure un service personnalisé. De cette manière, nous maîtrisons les coûts sans altérer la qualité."
Cadre carte d'identité de l'entreprise
New Corica SPRL
rue du Marché aux Poulets 49 1000 Bruxelles
Emploisles deux gérants et 4 équivalents temps plein (ETP)
Harold et Marie-Emérence ont diversifié les activités de Corica en modernisant et développant l'activité du comptoir, où ils proposent aujourd'hui des accessoires et des machines à café.
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