Coronavirus - Confinés, mais toujours bêtes et méchants
Une crise comme celle-ci révèle beaucoup de bons côtés de l'être humain, mais aussi quelques mauvais. L'égoïsme et la stupidité ne cessent pas…
Les images des jeunes en "guindaille", célébrant dans la promiscuité la dernière soirée avant le confinement, ont tourné en boucle. Les Belges passant la frontière pour profiter des restaurants encore ouverts aux Pays-Bas aussi. Ce n'était pas malin, mais encore légal. L'organisation d'une rave-party à Tenneville deux jours plus tard, avec 300 participants, relevait de l'inconscience, comme le maintien du Grand Feu de Bande. Il y a eu pire avec le café clandestin découvert à Dour près de deux semaines après le début du confinement.
Les cyber-escrocs ont franchi un pas dans l'abjection en multipliant les tentatives de phishing (extorsion de données) et en proposant de l'eau savonneuse ou des masques de pacotille à des prix exorbitants. Des produits miracle sont apparus, comme le thé "Chenzhou municipal hospital of TMC", qui malgré son nom ronflant et son prix élevé est, au mieux, du thé.
Fake news
Les mythomanes ont saisi l'occasion de se défouler. La palme revient à Pascal Borel, un importateur suisse d'ananas autodidacte qui, en quinze minutes et dans un jargon semi-scientifique, dote le virus de super pouvoirs. "Il peut survivre jusqu'à cinq jours sur certaines surfaces. Quand vous sortez, déshabillez-vous en rentrant, prenez une douche et mettez vos habits à la lessive." N'importe quoi mais sa vidéo a tourné et fait peur. Il mériterait un boycott des ananas.
Plus méchante, la fausse infirmière de Saint-Luc qui a "révélé" des décès cachés et une situation chaotique à l'hôpital. Lequel a porté plainte.
Plus drôle, le spécialiste marocain en analyses microscopiques (sic) a eu son moment de gloire en affirmant que des relations sexuelles quotidiennes éloignent le virus. Hélas, rien ne l'indique. Il ne sert à rien non plus de boire tous les quarts d'heure, de se rincer la gorge avec une solution saline ou d'eau de javel, de boire de la soupe à l'ail ou de l'urine d'enfant.
Le virus ne se transmet pas par les animaux. Le cas survenu en Belgique et peut-être unique au monde d'un chat infecté par son propriétaire a semé le doute, mais les scientifiques sérieux ne croient pas à une transmission à l'homme via un animal.
Il n'empêche que le pangolin serait bien la petite bête qui a permis la mutation à l'origine du Covid-19. Non, ce n'est pas une création des Américains pour décimer les Chinois (fantasme des premiers jours) ni des Chinois pour décimer les Américains (fantasme ultérieur). Le virus n'a pas non plus été créé en 2003 dans un laboratoire français. La "preuve" avancée, un dépôt de brevet, est en réalité l'identification d'une souche du Sras, menaçant à l'époque.
En vrac, pour explorer les limites de l'imagination humaine, le virus ne vise pas davantage les hommes que les femmes, ne se transmet pas par les moustiques, n'épargne pas les Africains, n'est pas dû à des pratiques cannibales… Et non, il n'y a pas davantage de chlore dans l'eau de distribution : le fait de se laver les mains plus souvent peut entraîner une irritation de la peau.
Enfin, même si un confinement mondial à cette échelle est une première, les épidémies font malheureusement partie de la vie de l'Humanité. La grippe saisonnière cause chaque année entre 290.000 et 650.000 décès dans le monde. Régulièrement, des souches nouvelles (espagnole en 1918-1919, asiatique en 1957-1958, de Hong Kong en 1968-1969, aviaire en 2009-2010) provoquent des dizaines de milliers, centaines de milliers voire millions de morts supplémentaires. Ce qui est neuf, c'est une réaction relativement coordonnée face à un type de virus d'une dangerosité élevée. Et non, il n'y a pas de conspiration des firmes pharmaceutiques pour vendre médicaments et vaccins, ni des "États néo-libéraux pour durcir leur politique de contrôle du peuple".
"Il n'y a aucun risque de pénurie". Cette phrase a été dite, répétée, serinée sur tous les tons, dans tous les médias, par toutes les autorités possibles et imaginables. Et pourtant, beaucoup de Belges ont joué aux hamsters par précaution, au cas où le monde entier leur mentirait.
La course aux provisions a compliqué la vie des commerçants et fournisseurs et, ponctuellement, provoqué des ruptures de stocks qui ont alimenté la psychose. Il a parfois manqué de pâtes, de riz ou de lait, bien que le coronavirus n'infecte pas les vaches. Le phénomène le plus étrange a été la ruée sur le papier de toilette. Ce sera un beau sujet d'étude pour les psychologues et sociologues de comprendre pourquoi autant de Belges réagissent au stress d'une épidémie en stockant des rouleaux pour leur WC.
Plus gênante a été la razzia sur le Dafalgan dans les pharmacies et en ligne. Le paracétamol a été cité comme molécule utile en cas d'infection au Covid-19. L'information a provoqué une vague d'achats et de commandes, qu'il a fallu contrôler et limiter pour éviter une pénurie passagère, qui aurait privé les vrais malades du médicament.
Chicaneries sur le droit passerelle
Dans une longue note sur les mesures d'urgence prises par le gouvernement, Philippe Defeyt, ancien coprésident d'Écolo et président du CPAS de Namur devenu président de l'IDD (Institut pour le développement durable), évoque les indemnités de "chômage" accordées aux indépendants. Il relève trois particularités qui sont à ses yeux des anomalies.
Tout d'abord, il pourrait arriver que certains starters, qui gagnent encore peu, reçoivent plus d'argent via le droit passerelle qu'en exerçant leur activité professionnelle. "Ce serait inacceptable pour un salarié", dit-il. Certes, mais quel est le vrai problème ? Qu'une personne qui ne peut pas travailler touche 1.292 euros ou qu'une personne qui travaille, souvent bien, plus de trente-huit heures par semaine, gagne moins de 1.292 euros ? Poser la question, c'est y répondre.
Second problème : l'indemnité des indépendants reste constante dans le temps alors que les allocations de chômage diminuent dans le temps. La critique est non fondée. La dégressivité des allocations de chômage ne commence qu'après trois mois et les premiers montants peuvent atteindre 1.790 euros, quand le droit passerelle est de 1.292 euros (pour les isolés).
En revanche, UCM peut souscrire à la troisième anomalie relevée : la période de droit passerelle suspend la constitution d'un droit à la pension. Ce n'est pas le cas pour le chômage des salariés.
Au-delà de ces critiques, Philippe Defeyt se réjouit de la création du droit passerelle qui rapproche encore les statuts des salariés et des indépendants. Il plaide pour une vaste réforme de la sécurité sociale qui simplifie et harmonise les droits. D'accord, mais ce n'est certainement pas en pleine crise, et au moment où l'argent va cruellement manquer, qu'il faut se lancer dans une telle réflexion.
Test-Achats intégriste
Le gouvernement a autorisé organisateurs de voyages et d'événements à ne pas rembourser les commandes. Ils peuvent donner des bons de valeur à utiliser dans l'année ou reporter la validité des billets à une date ultérieure. Le remboursement se fera s'il apparaît que la personne ne peut pas profiter de son voyage ou de son spectacle.
Le but du report est d'éviter d'assécher la trésorerie d'un secteur à l'arrêt, lui permettre de redémarrer en demandant aux consommateurs un effort minime. Il s'agit de ne pas récupérer tout de suite un argent déjà avancé. Effort excessif néanmoins selon Test-Achats, qui trouve la mesure "trop intrusive par rapport aux droits des consommateurs". Ce n'est pas parce que le Titanic coule qu'il ne faut pas rendre la monnaie au bar !
Malgré la hausse des taux d’intérêt, nombreuses sont les entreprises à lancer les démarches pour financer leurs activités. La tendance est claire, même à la hausse, malgré certains écueils toujours soulignés par les entrepreneurs. Tour d’horizon du secteur et de ses principaux acteurs.
Environ 500 personnes se sont réunies le 20 mars dernier à La Sucrerie de Wavre à l'occasion de la traditionnelle réception annuelle organisée par UCM. Année d'élections oblige, les représentants des partis politiques wallons ont été invités à défendre leur programme devant un parterre d'entrepreneurs attentifs.