Laver son linge en dégustant un plat ou une boisson
Multifonctionnel et responsable
25/10/19
Laver son linge en dégustant un plat ou une boisson : c'est ce que BarManne propose ! Ses cofondateurs, Paschal Lecloux et Ludovic Roelandt, ont réussi à intégrer une dynamique écologique, saine et responsable dans une activité hybride.
La lessive et la cuisine, deux activités a priori sans rapport, sont réunies à Liège en un seul établissement et gérées par deux personnalités complémentaires. Ludovic Roelandt s'occupe de la gestion, maintient l'équilibre de l'entreprise. "Je suis là pour tempérer mon partenaire aussi, sourit-il. Je suis plus raisonnable et cartésien." Paschal Lecloux travaille quant à lui principalement en cuisine et sur la communication. Il raconte : "On s'est challengés pendant treize années, chacun soumettant à l'autre des projets d'entreprise. BarManne est le seul qui ait vu le jour ! Pour la petite histoire, j'avais hérité d'une grande surface commerciale que personne ne voulait louer. Ludovic, sur le ton de la blague, a alors suggéré d'en faire un lavoir. Et je me suis vaguement souvenu des “Chroniques de San Francisco”, dont l'auteur expliquait que les lavoirs constituaient notamment des lieux de rencontre. En partant de là, pourquoi pas rendre cette activité agréable en l'alliant à de la restauration ?"
S'il est connu en Flandre, en France, aux Pays-Bas ou encore aux États-Unis, le concept est toutefois unique en Cité ardente et en Wallonie : "Pendant une nuit, on a imaginé qu'on était des génies parce qu'on avait eu cette idée. Et puis, en surfant sur Google, on s'est rendu compte que ça existait déjà dans beaucoup d'endroits, sauf chez nous", plaisante Paschal. Liège, ville étudiante, s'est révélée pour les gérants un lieu stratégique. L'hybridation de l'établissement amène un panel de clients intéressés soit par la partie horeca, soit par les machines à lessiver, soit par l'ensemble : "Souvent, la personne qui vient laver son linge vient aussi boire un verre. Ça c'est régulier", ajoute l'exploitant.
Les petits plats dans les bocaux
L'entreprise est animée par des valeurs chères au couple, en termes de responsabilité et d'écologie : "À la base, je suis plutôt axé technologie. L'arrivée de notre enfant a été le déclencheur de beaucoup de choses. On se demande quel avenir on va lui laisser et ça pousse à essayer de faire le maximum, pour que ça bouge, écologiquement notamment", confie le jeune papa. L'enseigne se démarque, par exemple, au moyen d'un repas complet et équilibré servi dans un bocal en verre cautionné. "L'idée est venue du fait que je ne sais pas cuire un œuf. Si c'est moi qui cuisine, vous ne reviendrez jamais", ironise Ludovic.
L'avantage des bocaux est en effet qu'ils peuvent être préparés à l'avance et réchauffés sur place. Leur contenu est composé d'aliments frais achetés une fois par semaine au marché matinal. Le conditionnement en bocal garantit une excellente qualité gustative car le verre conserve très bien le produit et l'ensemble de ses nutriments.
De plus, quand il s'agit de réchauffer les aliments, le verre est idéal pour éviter les échanges non désirés avec le contenant. Ce n'est pas du tout le cas d'un récipient fait de matières plastiques : "Le pire pour l'étudiant, c'est le pot de bolognese en plastique qui est réchauffé directement au four à micro-ondes. Une catastrophe au niveau de l'échange entre plastique et nourriture ! Le verre est donc une bonne alternative et les gens qui emportent nos bocaux les ramènent sans aucun souci via un système de caution."
Plus sain mais aussi réutilisable, le bocal permet de diminuer de manière drastique la production de déchets : "On n'achète pas des marchandises avec des emballages invraisemblables. Nos courses, ce sont entre autres des caisses de légumes non emballés, il n'y a pas de livraison."
Bar…
Qu'ils soient classiques ou originaux, les produits proposés sont mûrement réfléchis et choisis avec attention. Ils peuvent même faire l'objet d'un travail de recherche en interne : "J'ai dû imaginer une alternative au Cécémel. Comme on ne travaille pas avec l'industrie de l'agroalimentaire, on ne pouvait pas en servir, alors que j'adore ça ! J'ai cherché et enfin trouvé comment le réaliser moi-même. Il n'est pas encore à la carte car ma découverte est toute récente. Je l'ai fait goûter à mon fils de cinq ans et demi en lui expliquant que c'était un chocolat maison. Il a jugé que c'était pareil que du Cécémel. Une victoire ! On a également des chocolats chauds mis au point avec Jean-Christophe Hubert, chocolatier liégeois" (NDLR : créateur de la marque Millésime). Et la carte invite à la découverte des façons de faire d'autres contrées, comme en témoigne le café blanc du Moyen Orient. Il est composé de lait chaud, de miel et de fleur d'oranger.
BarManne offre la possibilité de se restaurer à tout budget. Le menu petit déjeuner est disponible en trois versions, qui vont du classique café-croissant (3 euros) au plus copieux sucré-salé (7 euros), en passant par une formule intermédiaire (5 euros). Et une nouvelle variante est déjà en cours d'élaboration. En effet, après l'alternative au Cécémel, le jeune papa s'attaque à la confection d'un granola maison (mélange de graines, d'oléagineux) pour suggérer aux clients un petit déjeuner ultrasain : "Sans le côté sucré, sans le jus d'orange, qui n'est pas forcément bon le matin pour la santé. Je n'ai jamais autant cuisiné de granola, j'arriverai bientôt au résultat escompté !"
En ce qui concerne les boissons, le même principe d'offre de base et d'offre plus élevée a été adopté : "Il y a par exemple les thés glacés classiques et, au-delà, un thé de dégustation pour les connaisseurs. On tient à ce système qui permet au client de choisir une gamme au-dessus. En chocolat, on a le haut de gamme caramel beurre salé !" Les bières, elles, sont exclusivement liégeoises, hors industrie agroalimentaire : "Le plus difficile avec les bières de Liège, ce n'est pas de les trouver mais de faire le tri, il y en a beaucoup. On a donné de notre personne ! Pour le choix des vins aussi d'ailleurs… on serait presque à plaindre", plaisante Ludovic.
… Manne
La partie lavoir de l'établissement possède six machines à laver professionnelles sélectionnées pour leur empreinte écologique réduite. Elles affichent de basses consommations, en énergie comme en matières premières. Les savons, certifiés écolabel, sont injectés automatiquement par des pompes qui libèrent la juste quantité nécessaire à une lessive. Tout risque de surdosage est ainsi exclu.
"On explique à notre clientèle que les produits utilisés pour les machines sont belges, étudiés dermatologiquement et labellisés écologiques. Certains clients se montrent enthousiastes, d'autres se fichent de cet aspect des choses. Ce qui les perturbe de prime abord, c'est qu'ils ne peuvent pas mettre dans la machine leur propre savon. Mais une fois le dispositif testé, ils s'y habituent. Ce sont des produits qui sont neutres en termes d'odeur. Cela laisse aux utilisateurs la possibilité d'aller chercher des huiles essentielles chez l'herboriste un peu plus loin pour obtenir les senteurs qu'ils aiment sur leur linge", détaille Paschal.
Des projets à foison
Les gérants ont d'autres endroits à valoriser dans le bâtiment de la Place du XX Août : "On a une salle polyvalente qui pourra être réservée pour des cours de yoga, des gens de l'université (NDLR : BarManne est situé en face de l'ULiège), des ateliers, un repair-café, des vide-dressings et plein d'autres choses. En outre, on a une cave que je voudrais destiner au vermicompostage des épluchures et à la culture des chicons sur du marc de café ", précise Paschal. Les deux compagnons ont des idées plein la tête pour développer leur activité… à tous les étages. "Quelques mètres carrés sur les toits peuvent être exploités comme jardinerie. J'ai rencontré les représentants de Novacitis, coopérative active dans l'agriculture urbaine, pour collaborer avec eux", renchérit Ludovic.
Paschal Lecloux et Ludovic Roelandt : le duo liégeois aux commandes de BarManne.
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