Forestia n'est ni un parc d'animaux, ni une aire de jeux et accrobranches à ciel ouvert... mais tout ça à la fois et bien davantage. Un concept qui se veut unique et porteur de valeurs.
Isabelle Morgante
Forestia est ancré depuis quelques décennies au sein de 44 hectares de bois et forêts à La Reid, entre Spa et Theux, là où la nature a encore son mot à dire. La même superficie que le Vatican, et moins d'homélies au menu. Au détour des allées et recoins de ce vaste domaine, le visiteur a la possibilité de faire connaissance avec Bernie l'ours, Marley l'âne du Poitou ou les lamas Serge et Madeleine. Ici, pas de girafe, encore moins d'ours polaire. On est dans du local et on tient à y rester.
L'entretien et les prestations en faveur du bien-être animal se déclinent tous les jours de la semaine, au travers de cinq métiers dont les soigneurs d'animaux, le personnel horeca, l'équipe de direction... Forestia compte une trentaine de permanents, auxquels peut s'ajouter une bonne centaine d'étudiants par mois en saison, selon les conditions météo. Tout cela chapeauté par Philippe Lafontaine, entrepreneur self-made-man d'origine liégeoise.
"Entreprendre fait partie de mon ADN. Après avoir travaillé au sein de l'entreprise familiale, je l'ai rachetée, avant de la revendre et d'intégrer le comité de direction d'une société spécialisée en fournitures de bureau." Une imprimerie bruxelloise et quelques PME plus tard, Philippe Lafontaine a cherché, à l'aube des années 2000, une nouvelle orientation.
"Le gros avantage de mon expérience dans le secteur de la distribution, c'est d'avoir dû me former à une approche assez pointue de la logistique et de l'organisation." Strict ou exigeant, chacun entend sa propre définition de l'homme, qui lui se présente comme un patron de PME très à l'écoute, un brin paternaliste et surtout empathique, tout en veillant à mettre la bonne personne à la bonne place.
"Les jobistes auxquels nous faisons appel sont essentiellement du coin et de la proche région puisqu'il n'y a ni bus ni train à destination de Forestia. Les jeunes se débrouillent pour venir travailler, tous évoluant dans l'un des métiers. Chaque responsable de département est à la fois chargé de son secteur, mais aussi celui des autres. Il y a ainsi une cohésion, une interaction entre les départements. Nous avons mis en plus une hiérarchie plate, qui responsabilise tout le monde", explique cet entrepreneur épanoui.
Philippe Lafontaine, un patron de pme qui se veut à l'écoute.
Forestia propose sept parcours en accrobranches, très appréciés par Louis et sa sœur Léna.
Charly nourrit l'un des cerfs, une des activités préférées et encadrées des visiteurs.
Loisir responsable
Bien que pétri d'enthousiasme et amoureux de la nature depuis toujours, Philippe Lafontaine n'a pas eu la tâche facile lorsqu'il a repris ce qu'on appelait jadis "le parc à gibier de La Reid". "Un jour de 2001, après avoir déposé mon fils au cercle équestre proche du parc, j'ai eu envie de me promener avec mon autre fils pendant la leçon d'équitation. Antoine et moi sommes arrivés à l'entrée, c'était un samedi, il faisait beau et pourtant, il n'y avait quasi personne... J'ai ressenti le côté positif de l'endroit et retrouvé les sensations que j'avais quand je jouais enfant dans les fermes voisines de la maison de vacances familiale."
Considérant qu'il s'agissait là d'un coup de sabot/truffe/aile du destin, l'entrepreneur s'est mis en tête de racheter le domaine. Et d'en faire un modèle unique. "Nous ne voulions absolument pas développer de tourisme industriel. Lorsque nous avons pris possession des lieux le 15 mars 2002, en signant une concession domaniale, nous avons pris le temps de nous documenter dans les domaines du tourisme responsable et de loisirs. Forestia, en son état actuel, n'est né qu'en 2007. Nous avons engagé des gens très "couteaux suisses" pour mettre en place un concept unique, qui se dote de valeurs : respect et compréhension de l'environnement au travers, notamment, de l'observation d'animaux de nos climats en semi-liberté et, bénéficiant d'une traçabilité infaillible."
Manifestement, ça fonctionne car une belle clientèle wallonne et bruxelloise, à 95 % francophone, revient, régulièrement. "Plus de 7.000 abonnements ont été enregistrés en 2017. Des amateurs de nature, qui viennent pour apprendre des choses."
Forestia se distingue de la quinzaine de parcs animaliers et autres bassins aquatiques que compte le pays par la nature des activités, mais reste soumis aux règles du secteur. "Le cadre juridique n'est pas très souple. Nous sommes obligés, par exemple, de cotiser à la fédération des éleveurs porcins parce que nous possédons des sangliers. Et c'est pareil pour les ovins, caprins, etc. Cela représente de la paperasse et des complications."
Sabrina Versadet gère le dossier Forestia à l'UCM Verviers depuis 2006.
Sabrina Versadet travaille depuis 21 ans au Secrétariat social UCM province de Liège. Cette responsable d'équipe de gestionnaires à Verviers connaît particulièrement bien le dossier Forestia dont elle est titulaire depuis 2006. "Il se distingue non seulement par les deux commissions paritaires dont il relève (parcs d'attractions et horeca), mais aussi par les cinq métiers exercés au sein du domaine. Si le payroll compte une trentaine d'équivalents temps plein permanents, ce ne sont pas moins d'une centaine de jobistes qui travaillent, de mars à octobre, en fonction de la météo et, forcément, du succès de Forestia", détaille Sabrina. Et d'ajouter : "Notre relation avec le département des ressources humaines de l'entreprise est toujours très bonne et cordiale. À force de s'entendre, il nous arrive d'échanger l'un ou l'autre mot sur nos vies familiales, en nous vouvoyant toujours, après douze ans de contacts parfois quotidiens par téléphone ou mail." Le personnel administratif est rodé et connaît par cœur les échéances à respecter pour que staff permanent et étudiants soient rétribués en temps et en heure. Les dossiers sont donc traités en deux étapes, ce qui représente au total une tâche assez volumineuse. Les systèmes de gestion de paie électroniques allègent un peu ce chemin obligatoire, auquel s'ajoute l'utilisation des "flexi-jobs" ou des "travailleurs extra" dans l'horeca. "C'est Forestia qui encode les prestations par voie électronique et nous opérons un contrôle, notamment législatif, pour ajuster les rémunérations."
L’entreprise Brunet, à Mariembourg, travaille le bois depuis plusieurs générations. Au point de se positionner aujourd’hui comme une référence dans son secteur. Ce qui lui permet de tirer son épingle du jeu à l’heure où de nombreuses sociétés spécialisées dans la construction tirent la langue.
Retrival est une société coopérative à finalité sociale, active depuis plus de 20 ans dans les services liés à l’environnement, notamment le tri des déchets, la récupération et le réemploi. Elle est implantée à Couillet sur le vaste site dédié au tri, au recyclage et au réemploi du bassin carolo. Rencontre avec Damien Verraver, directeur de Retrival.