Liège | MDBLe savoir-faire wallon industriel s'exporte
L'entreprise liégeoise MDB spécialisée dans la fabrication métallique fête ses 125 ans, en ouvrant un site de production en Europe de l'Est. Le savoir-faire est wallon et entend bien le rester !
Le bricoleur averti et l'entrepreneur en construction, plafonneur en prime, lorsqu'ils dessinent des arêtes de mur, ont toutes les chances d'utiliser les cornières métalliques MDB (métal déployé belge) sur leurs chantiers. Un produit phare parmi tant d'autres !
En effet, depuis 125 ans, MDB a développé un savoir-faire dans le domaine du métal déployé et des profilés destinés au parachèvement du bâtiment, tant au niveau de la production que du service client. L'entreprise liégeoise possède aujourd'hui un catalogue de 800 références.
L'histoire est belle. Elle débute en 1892 quand l'entreprise, dénommée à cette époque "Société liégeoise d'estampage", est active dans la production de chauffe-eaux, parallèlement à son activité de métal déployé. Le métal déployé, c'est la vitrine de la PME. Il s'agit d'un procédé industriel, basé sur un étirement des tôles, qui permet d'obtenir un produit en trois dimensions, particulièrement prisé dans les domaines de la construction et de l'architecture.
Dans les années qui suivent, c'est le déménagement. MDB quitte la rue Ernest Solvay à Sclessin et s'installe en bord de Meuse, dans des ateliers des années 40 de 6.000 m² quai Vercour, là où elle se trouve encore actuellement, à portée de voix des supporters du Standard.
Cette belle PME de 35 personnes tient le haut du pavé dans son domaine. Dirigée par quatre actionnaires (trois Wallons et un Flamand, mais surtout majoritairement trentenaires) dont c'est la principale activité depuis 2008, MDB se développe en toute discrétion mais en pleine efficacité.
"Dans les années 60, MDB s'est spécialisée dans la production de profilés métalliques, de cornières et d'arrêts pour le plafonnage. Nous sommes aujourd'hui leaders dans notre secteur, ces produits représentent 75 % du chiffre d'affaires", expliquent les actionnaires.
Diversification
L'entreprise est structurée en trois divisions : MDB Métal (solutions pour l'habillage métallique du bâtiment design et contemporain), MDB Profil (profilés et parachèvements du bâtiment) et MDB Béton (coffrages et applications béton).
"Au cours de son histoire, MDB a changé plusieurs fois d'actionnaires pour même, à un moment, fonctionner sous pavillon d'une entreprise étrangère. Aujourd'hui, nous sommes quatre à la barre et c'est notre métier. Pas d'actionnaire majoritaire ni d'appartenance à un groupe ou une famille. Notre vision est collégiale et notre management participatif. De par cette structure, le processus décisionnel n'est pas hyper rapide, il demande pas mal de discussions mais reflète toujours la collégialité", insiste Cédric Maertens, l'un des quatre administrateurs.
"Notre structure de management est hyper plate et nous faisons le maximum pour la préserver. Nous travaillons dans le secteur de la production, qui n'est pas le premier à être ouvert aux changements. Cela dit, notre but est de lever les clivages et de travailler en équipe, même si cela prend du temps. Lorsque je suis arrivé au sein de l'entreprise, via le centre d'entrepreneuriat des HEC dont je faisais partie depuis 2002, l'entreprise était très pyramidale et nous courions le risque de perdre le savoir-faire et la connaissance. La transmission de l'entreprise a été un succès, nous sommes repartis avec une nouvelle génération, en améliorant les performances, installant une nouvelle méthode de management et de processus d'innovation", résume ce chef d'entreprise d'à peine 38 ans.
Le quatuor a pourtant fait appel à un administrateur externe, déjà actif dans le tissu entrepreneurial liégeois et juriste de formation, pour bénéficier d'une vision périphérique.
"Nous avons eu la possibilité, les trois actionnaires et moi, de racheter l'entreprise en 2014, de nous répartir l'actif sans jamais le regretter. La moyenne d'âge de notre personnel a diminué, et si nos managers sont universitaires, nos employés sont au minimum bilingues, autonomes et polyvalents à tous les échelons. Nos ouvriers sont qualifiés au travers de nos formations internes. L'entreprise se porte bien et tout le monde entre dans une nouvelle dynamique. Nous sommes évidemment “contraints” à la rentabilité mais offrons un cadre de vie en contrepartie. Par exemple, en écoutant les doléances des ouvriers, nous avons opté pour un élévateur électrique. Il coûtait 30 % plus cher mais offre une qualité et un confort de travail accrus aux collaborateurs qui l'utilisent", détaille le manager.
Les quatre chevilles ouvrières de MDB ont également mis progressivement en place le "World class manufactoring" (WCM) : un système d'efficience industrielle dans lequel tout le monde est impliqué, et qui privilégie la communication entre opérateur de maintenance et ouvriers. Et cela porte ses fruits. "Au départ, ce fut difficile mais chacun peut mesurer le bienfait pour la suite", note Cédric Maertens.
Belle opportunité
Les 125 ans de l'entreprise liégeoise sont également marqués par la prochaine ouverture d'une ligne de production en Tchéquie. C'est avant tout une belle opportunité entrepreneuriale qui anime ce projet.
"En fait, la personne avec qui nous allons travailler là-bas est un vrai technicien, que nous connaissons bien, avec de hautes compétences dans le secteur du profilé en PVC, mais son entreprise est tombée en faillite, ce qui ne nous empêche pas de reconnaître son savoir-faire. Nous allons donc recréer une entreprise MDB à 100 % dont il sera le gérant industriel, tandis que nous serons aux commandes managériales et commerciales. Les bâtiments sont loués, les machines arrivent à la fin de l'année et nous espérons lancer la production début 2018. À terme, nous pourrions engager une vingtaine de personnes."
Avec une nouvelle unité de production en Europe de l'Est, un catalogue de 800 références, MDB ne se repose pourtant pas sur ses lauriers. "Chaque année, il nous faut innover et présenter un ou deux nouveaux produits. Nous devons constamment nous améliorer, élargir la gamme et être sur la balle en matière d'avancées techniques. C'est le cas, notamment, dans le domaine de l'isolation par l'extérieur", poursuit Cédric Maertens.
Le développement de la PME va de pair avec la recherche de nouveaux collaborateurs. Et dans le domaine, les choses ne sont pas toujours aisées. "Nous comptons quelques postes vacants et ouverts depuis près de deux ans. C'est relativement facile de trouver un manutentionnaire, mais c'est plus compliqué pour les opérateurs. En effet, il faut une affinité avec le métal, il faut être courageux et avoir un bon état d'esprit. Et c'est parfois difficile de trouver des jeunes qui ont un doigté technique et de la finesse. Le métal traîne encore une image de “mains sales” malgré une valorisation salariale indiscutable."